Je ne sais pas ce que vaut ce Risi, auteur inégal. Je crois qu'il n'a pas trop bonne presse.
Mais il faut l'éditer, tout comme Rapt à l'italienne, Vedo nudo,
Opération San Gennaro
ou La femme du prêtre.
Il est certain que la comédie est un genre inégal par définition, et la comédie à l'italienne, genre auquel appartiennent la plupart des films de Risi à partir du Veuf,
n'échappe pas à la règle. Caro papa
contient quelques bons moments – notamment grâce à Gassman,
toujours parfait dans ses personnages d'industriels douteux, à ma compatriote Andrée Lachapelle, excellente en monstresse ainsi qu'au comparse Julien Guiomar –
mais c'est dans l'ensemble un film décevant, qui a peur d'aller jusqu'au bout de son propos, la preuve que le grand genre périclite (on est en 1979). Une comédie satirique sur le terrorisme et le fossé des générations entre ceux de septembre 1943 et ceux de mai 1968 aurait pu et dû donner un puissant tir aux pipes, quelque chose de puissant. Or il n'en est rien. Mais comme les éditeurs ont sorti ce cinéma italien populaire sur DVD avec une mentalité de souk-et-foutoir (le contraire de ce qu'ils ont fait pour les films japonais), comme s'ils ne connaissaient plus du tout ce cinéma, il y a hélas de fortes chances, en effet, pour qu'on ait le faiblard Caro papa
avant le formidable La Marche sur Rome,
qui se fait toujours attendre…
Eh bien ce Risi inédit en DVD n'est peut-être pas son film le plus facile d'accès mais il mérite amplement -de mon point de vue- d'être réédité.
C'est un constat terrible qui y est dressé. Celui de l'échec personnel d'un homme d'affaires puissant (Vittorio Gassman) dont la vie intime est un désastre: son épouse dépressive multiplie les tentatives de suicide, sa fille toxicomane part finalement rejoindre une communauté zen et surtout il découvre que son fils, dont il semblait proche, est membre des brigades rouges. C'est donc plus généralement une peinture de l'Italie des années de plomb.
A bien des égards cher papa poursuit la réflexion amorcée dans Il giovedi
sur le fossé qui sépare un père de son fils. Dans les deux films le paternel en apprend plus sur sa progéniture en lisant son journal intime.
Sauf que l'Italie radieuse des années 60 de Il giovedi
a cédé la place à un pays en proie aux attentats terroristes. D'où un pessimisme poussé à son extrême. Jusqu'à l'irréparable.
Par ailleurs la mise en scène, alliée à une photo du grand Tonino Delli Colli, est très soignée.
Cher papa doit être vu pour les amateurs de Risi,
de Gassman
et pour ceux qui sont attirés par ce qu'il y a de plus sombre dans leur collaboration, laquelle allait s'interrompre après ce film. Jusqu'au retour de flamme inattendu dix ans plus tard: Valse d'amour.
Page générée en 0.038 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter