Envoûtante errance offerte par Jim Jarmusch entre un Détroit fantomatique et la mystérieuse Tanger. Le thème du vampirisme n'est pas ici l'occasion d'effets spéciaux sanglants mais d'une réflexion sur le temps, l'attachement à l'autre tout en respectant son indépendance, et aussi ce qui donne un sens à nos vies, en profondeur loin des vaines agitations qui nous cachent l'essentiel.

Attention, film lent et contemplatif tout en atmosphère mélancolique mais non sans humour et espièglerie. Création de deux décors et environnements musicaux opposés et complémentaires. Recherches acoustiques de Tom Hiddleston, incorrigible romantique, amour sensuel de Tilda Swinton pour les livres et leurs idées, détachement de Marlowe (John Hurt) à l'égard de la célébrité qu'il a laissée à Shakespeare… Mia Wasikowska incarne l'opposé d'une insouciance en quête de plaisirs à consommer sans réflexion ni respect.

A déguster dans la pénombre à la lueur de quelques photophores comme une liqueur ancienne et rare.

C'est un très bon film, réussi sur un plan formel. Mais sur le fond, on peut être un peu plus réservé. Jarmusch semble n'avoir rien de nouveau à proposer depuis plusieurs années. La virtuosité de sa mise en scène ne masque pas cet aspect. Une certaine vacuité du propos, que certains pourront assimiler à une répresentation contemplative du monde. Jarmusch est typiquement un cinéaste des années 1980-1990 comme Kusturica, Wong Kar-Waï ou Almodovar.