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Forum : Les Œufs de l'autruche

Sujet : Les planches et la toile ..


De Tamatoa, le 18 mai 2014 à 17:22
Note du film : 4/6

Hippolyte Barjus pour Pierre Fresnay, c'est un peu comme le docteur Knock pour Louis Jouvet ou encore Bobosse pour François Périer. Pendant toute leur riche carrière , ces trois monstres sacrés du théâtre avaient en réserve une pièce fêtiche qu'ils reprenaient entre deux films ou deux tournées sur les planches. Et si un acteur connaissait sur le bout des doigts Les œufs de l'autruche d'André Roussin, c'était bien Pierre Fresnay qui créa le rôle en 1948. Beaucoup d'autres comédiens se sont aventurés avec plus ou moins de bonheur dans cette farce débridée. Je me souviens avoir vu François Périer justement, il y a fort longtemps et sous d'autres latitudes, transpirer à grosses gouttes pour nous offrir cette pièce qu'il conduisait comme une Porsche !

Fallait-il adapter cette oeuvre théâtrale pour les salles obscures ? Certes oui ! D'abord parce que ça peut inciter les gens à s'approcher un peu du théâtre, et c'est une excellente chose, et puis, pour ceux qui n'auraient pas eu la chance ni l'opportunité d'y aller, permettre d'apprécier l'extraordinaire abattage d'un Pierre Fresnay au sommet de son art. Entendons nous bien : C'est du théâtre filmé et rien d'autre, si je puis dire. Denys de La Patellière laisse tourner ses caméras et lance Hippolyte dans l'arène. Et c'est un festival ! L'homme aux clés d'or, qui vient de triompher sur les écrans, devient le cocu magnifique et lance sa chevauchée fantastique du début à la fin. Quelle mise en scène ? Il est chez lui Fresnay et il ferait bon voir qu'on lui indique quoi que ce soit. N'est-ce pas à lui à qui André Roussin a confié la toute première mise en scène de sa pièce ? Et puis le gentilhomme du cinéma, comme le surnommait Charles Ford, connait la partition comme personne. D'ailleurs la délicieuse Simone Renant (quelle belle, quelle magnifique actrice !) acquiesce sans broncher, et la pétillante belle-mère Marguerite Pierry qui venait de si joliment nous conter Paris ne moufte pas. Omniprésent, Fresnay arpente l'espace, doute, rugit, philosophe, glapit, raisonne, éructe, et finit par admettre. Peut-être force t-il un poil sur l'accent. Par instant, on croit entendre Baptiste Talon des vieux de la vieille, cocu lui aussi. Mais il "possède" le rôle et semble également posséder par ce rôle de bourgeois imbu de sa personne et qui se refuse à voir tout ce qui ne fait pas son petit bonheur. Plus dure sera la chute bien que les faits étant ce qu'ils sont, tout n'est pas à jeter dans ces découvertes qui le fracassent. A bourgeois, bourgeois et demi.. Toutes les pièces de théâtre portées à l'écran ne peuvent pas se vanter de l'avoir été aussi brillamment. Mais je crois que même si Denys de La Patellière avait voulu délibérément gâcher le truc, il se serait heurté au talent de l'un de nos plus grands acteurs. Là ou il est écrit Pierre Fresnay, la mauvaise herbe ne pousse pas ..

Ce film, c'est du bon, de l'excellent théâtre ! Pour ceux à qui la poussière des planches et le grand rideau rouge manque cruellement…


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