Forum - Eyes Wide Shut - L'aveuglement de la conscience
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Sujet : L'aveuglement de la conscience


De Patrice Dargenton, le 14 juin 2003 à 18:18
Note du film : 4/6

Le dernier film de Kubrick est fidèle à son oeuvre, il est mystérieux et intrigant, surprenant et captivant. Ce film traite de la psychologie du couple et des liens de causalité multiples entre la jalousie et l'infidélité, qu'elle soit réelle ou rêvée. Pour éviter l'écueil du moralisme, Kubrick dissimule génialement la clef logique de son film dans le symbolisme comme il l'a déjà fait dans plusieurs de ses films précédents.Patrice Dargenton (Mon site)


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De vincentp, le 5 septembre 2006 à 20:39
Note du film : 6/6

Un film esthétiquement magnifique comme toujours chez Kubrick (quel travail sur la couleur, la musique !), très sophistiqué sur le fond (ce n'est pas une surprise !)… Le récit est parfaitement construit, captivant de bout en bout (une référence en la matière !). Un assemblage étonnant et réussi de plusieurs thèmes : la sexualité (un grand nombre d'idées y sont développées sur le sujet, assez simples à saisir), la schizophrénie (comme dans Shining, Full metal jacket), la part bestiale de l'homme… et surtout la frontière entre les rêves et de la réalité, qui est le sujet central.

Des mondes parallèles, bien réels (?), cohabitent dans la cité. Celui de la classe dirigeante, à l'abri des contingences matérielles et qui se réfugie dans les fantasmes sexuels, celui des gens ordinaires, comme vous et moi (la serveuse, le chauffeur de taxi, l'employé de l'hôtel, le pianiste) qui vaque à des activités besogneuses pour subsister, et celui de la bourgeoisie locale, incarnée par Tom Cruise, qui opère par hasard une jonction dangereuse entre ces mondes cloisonnés, en voulant transformer ses rêves en réalité.

On peut penser que Kubrick en fait par moment un peu trop, accumulant les situations outrancières (les deux modèles dans les bras de l'acteur, le bellâtre argentin dans ceux de sa femme…), les propos crus et outranciers (cf la dernière phrase). Sans doute procède-t-il de la sorte volontairement pour nous secouer et nous amener à nous interroger sur le sujet suivant : ce que nous voyons à l'écran est-il la représentation d'un monde réel ou bien simplement le fantasme d'un artiste, filmant ses contemporains, tel qu'il se les imagine ?

Comme toujours chez ce metteur en scène, les analyses foisonneront. Certains diront que c'est un film synthèse de ses oeuvres antérieures, mais aussi une ultime ouverture vers d'autres sujets. Impétueux, si en verve en ce moment, et en débat face à Jean de Nihan et Pierre Louys, et qui a classé ce film parmi ses opus préférés, a préparé un petit discours sur le sujet. Je lui cède donc bien volontiers la parole et vais me rassoire dans le public, en vous remerciant de votre attention.


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De paul_mtl, le 5 septembre 2006 à 22:31
Note du film : 1/6

C'est le dernier de Kubrick et tout le monde en parlait voila pourquoi j'ai visonné rapidement ce film.

Déja au départ, le choix des 2 acteurs principaux, Nicole Kid-woman et Tom Drageur (en francais) ne me plaisait pas.

Ensuite j'étais pas vraiment interessé par le theme sexuel et surtout par son propos.

Les americains dans leur ensemble ont un rapport étrange avec le sexe, obsedés et en même temps puritain.

Ce mélange détonnant crée des problemes psychologique comme vous pouvez vous en douter.

Leurs petits problemes sexuels de couple m'a donné la nausée pendant que des gens se recevaient des bombes sur la tête ou crevent de faim.

Je trouverai moins indecent pour une comedie que des personnages soient aussi égocentriques.

Le public se détent et se dit c'est vrai ca m'arrive d'être aussi ridicule en ne pensant qu'a ma petite personne.

Voila brievement les raisons pour lesquelles je n'ai pas aimé ce film.


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De Impétueux, le 5 septembre 2006 à 22:33
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Le bellâtre (pas si bellâtre que ça, d'ailleurs !) est VRAIMENT séduisant, et c'est pourquoi il est si difficile à Alice de lui résister !

Mais, mon cher Vincentp, il n'est pas du tout argentin, il est hongrois (Sandor Szavos).

Comme pour tous les Kubrick, j'ai scrupule à venir déposer ma contribution, que je voudrais intelligente ; en plus, Eyes Wide shut est à la fois le dernier opus du Maître et mon préféré.

Laissez moi encore quelque temps !


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De PM Jarriq, le 6 septembre 2006 à 06:54
Note du film : 2/6

Moi je n'ai pas aimé non plus Eyes wide shut, parce que c'est un film désuet, voyeur, aux fantasmes de "pervers pépère" d'un autre âge. Et parce que cela m'agace que Kubrick ait achevé son parcours là-dessus…


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De cormega, le 6 septembre 2006 à 08:17
Note du film : 3/6

Pour l'instant, j'accorche modérement à Eyes Wide Shut; je pense que le fait que Kubrick soit mort avant sa sortie a crée une sorte de mythe autour de ce film, peut-être exagéré.


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De Citizen Dave, le 6 septembre 2006 à 11:04
Note du film : 6/6

Eyes wide shut est un excellent Kubrick encore une fois. Mon préféré, c'est Barry Lyndon, juste devant 2001 que je ne me lasse pas personnellement de regarder plusieurs fois. J'ai déjà eu des amis qui méprisaient la fresque de 2001 comme de la poudre de perlimpinpin (comment que ça s'écrit perlimpinpin déjà?) et je leur ai fait un topos sur l'idée du film. Du coup, ils ont déjà mieux apprécié et puis ils ont bien accroché sur Full Metal Jacket. En revanche, pas sur Eyes wide shut. Je sais pas, moi j'aime bien. Il n'y a que Shining qui me semble limité (à cause évidemment de l'idée maladroite de reprendre du Stephen king), ainsi forcément que Le Baiser du tueur, puis une bonne partie de Lolita. Maintenant, je ne comprends pas l'idée évoquée plus haut que Kubrick en fasse trop dans le scénario, puisqu'il transpose un écrit de Schnitzler, la Novuelle rêvée, qu'on peut trouver dans les éditions Classiques de poche en Livre de poche. Je cosntate une couluer plus sombre, plus pessimite dans l'oeuvre de Kubrick en donnant raison à Kubrick. L'oeuvre de Schnitzler s'adonne à une introspection trop enjouée, mais c'est tout de même un bon écrit.


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De droudrou, le 6 septembre 2006 à 22:00
Note du film : 6/6

Moi, la question que je me pose est de savoir si réellement Kubrick a voulu laisser un message… Dans la mesure de son décès, évidemment, nous restons sur sa fin et sur notre faim. Quand on regarde Lolita, ou L'ultime razzia ou même Full Metal Jackett ou même encore Barry Lyndon, Orange Mécanique, on peut se poser la question d'un message quelconque de Kubrick. C'est une illustration, chaque fois, superbe d'une oeuvre littéraire revue et corrigée à la sauce Kubrick. N'en déplaise. Ce sont des plans très étudiés. Ce sont des illustrations sonores. Ce sont des acteurs habilement mis en scène. Ce sont des scènes qui laissent une marque indélébile dans l'esprit quand on les a vues. De là, faut-il parler de message ? Le seul film de Kubrick où on est en droit de s'interroger tant l'illustration est brillante et amène à se poser et se reposer mille question, c'est "2001, l'odyssée de l'espace". Si on prend "Spartacus" "Les sentiers de la gloire", il y a l'oeuvre d'Howard Fast brillamment retravaillée par Dalton Trumbo. Humphrey Cobb : son pamphlet contre la guerre de 1914-1918 est terrible dans la mesure où il révélait une réalité qui a été longtemps tue, voir censurée par les autorités françaises. L'ajout de Kubrick : les dernières images du film. Full Metal Jackett est une certaine illustration de la guerre du Viet-Nam. Mais c'est loin d'être un chef d'oeuvre. C'est une ré-illustration du "Merdier" de Ted Post. Ce qui fait que l'on se souvient de Full Metal Jackett, c'est cette grande gueule de sergent avec ses vacheries qui amèneront le suicide de baleine. C'est cette attaque du bunker où l'on peut presque compter les impacts des balles.

Moi, ce que j'aime dans Eyes Wide Shut, c'est cette utilisation des masques au cours de cette soirée spéciale. C'est cet écho aux masques de Orange Mécanique. C'est ce retour à l'Histoire, ces fastes de Venise comme ces aspects Brugheliens qui caractérisent les masques et les formes très avantageuses des collants de nos "héros". En fait, Kubrick, c'est l'utilisation d'une immense culture de l'objet et de la forme.


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De Impétueux, le 7 septembre 2006 à 14:05
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Si je ne me sens pas encore assez en verve et en disposition d'esprit favorable pour indiquer pourquoi je tiens, pour ma part, Eyes Wide Shut pour le sommet de l'oeuvre si admirable en tous points de Stanley Kubrick, j'ai tout de même très envie d'applaudir des deux mains aux trois quarts du dernier point de vue de Droudrou.

Penser qu'il existe la volonté de laisser un "message", chez Kubrick, c'est effectivement le rapetisser singulièrement, en faire un cinéaste engagé, davantage qu'un moraliste (pour ceux qui ne sont pas très au courant, je précise qu'un "moraliste" n'a rien à voir avec un partisan du Code Hayes, un taliban ou un instituteur de la IIIème République ; Chamfort, Vauvenargues, Anatole France sont des moralistes ; dans une certaine mesure, Proust aussi, et Giono, sûrement).

D'ailleurs, à mes yeux (que je vais me faire arracher, sur cette assertion, peut-être), le propos le plus faible de Kubrick (je n'ai pas écrit "le film le moins réussi" !), c'est celui des Sentiers de la gloire, qui est précisément un pamphlet assez simpliste (et, sur un autre film de guerre, Full metal jacket, précisément, le propos est autrement fort, rune de paix et inscription "Born to kill" coexistant sur le casque de Joker (Matthew Modine).

Mais sinon, quel message tirer de L'Ultime razzia ? Que "Bien mal acquis ne profite jamais" et que "Occupez-vous de mes amis, mes ennemis, je m'en charge !" ?

Et de Spartacus ? Que décidément, l'esclavage est une pratique répugnante et que si tous les Gladiateurs du monde voulaient se donner la main, etc. etc. ??

Et de Lolita ? Que, y'a pas à tortiller, les jouvencelles, péronelles, gourgandines sont des êtres diaboliques dont il faut se méfier comme du lait sur le feu et que tous les hommes ont dans leur coeur un cochon qui sommeille ?

De Dr. Folamour que le monde entier danse sur un volcan, que les militaires ne sont pas des gens fréquentables et que les politiciens sont des branquignols invétérés ? Et qu'à force de pisser contre le sirocco, on finira par avoir les babouches mouillées ? (en termes plus évangéliques : "Ils ont mangé les raisins verts et ils en ont eu les dents agacées !")

Pour 2001 : l'Odyssée de l'espace (plus métaphysique)  : "Qu'est l'Homme pour vouloir s'aventurer dans le vertige de la Connaissance ?" ou (plus pascalien) "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie !"

Pour Orange mécanique : Voilà ce qui arrive lorsque la démission des parents se conjugue avec les mauvais spectacles procurés par les mass médias (c'est d'ailleurs le point de vue de Paul mtl)

Pour Barry Lyndon : "Ne laissez jamais un garçon qui n'est pas de votre milieu s'inscruster dans l'honorabilité de votre famille : vous en pleurerez toutes les larmes de vos yeux !"

Pour Shining : "Au lieu de vouloir jouer à faire l'écrivain (ou l'artiste, ou le coureur cycliste), tu aurais mieux fait d'accepter cette place de sous-chef du rayon habillement des Nouvelles Galeries de Romorantin !" ou bien – plus subtilement "un homme seul est en mauvaise compagnie !"

Pour Full metal jacket : "Voilà ce à quoi conduit l'ingestion incontrôlée de hamburgers et de sodas sucrés ! A des "Grosse Baleine" incapable de se bouger le cul sur un petit parcours du combattant de rien du tout !"

Et enfin, naturellement, sur Eyes Wide Shut : " Vous avez vu toutes ces publicités pour les sous-vêtements "Aubade" dans les rues ? Et ces gamines qui montrent leur nombril ? Il n'y a rien d'étonnant, ma pauvre dame que les hommes soient de plus en plus dégoûtants !"

Du calme, donc ! Kubrick n'a pas voulu dire ça !


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De droudrou, le 3 octobre 2006 à 11:07
Note du film : 6/6

Raison de plus : c'était pour réanimer la créativité d'Impétueux ! Je le trouve bien calme ! Je n'ai jamais contesté le côté très sympathique de ce forum ! Bien au contraire puisque sa richesse vient de gens qui se passionnent pour le cinéma mais nous font bénéficier en plus d'une culture riche. Et même si leur connaissance du cinéma apparaît relative, pour le moins elle nous ramène à d'autres niveaux de réflexion qui nous manquent parfois.


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