Le meilleur film de Frédéric Schoendoerffer selon moi. Oubliées les longueurs du pourtant brillant Scènes de crimes, terminées les outrances de Truands, adieu l'échec de Switch. Dans 96 Heures, le cinéaste va droit à l'essentiel, filme de façon sèche et sans bavure et livre au final le meilleur polar français qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps.
Ce quasi huis clos voit Victor Kancel, truand impitoyable, soumettre le commissaire Carré, qui l'a arrêté 3 ans auparavant à un interrogatoire de 96 heures (la durée maximale d'une garde à vue) pour lui soutirer le nom de l'indic qui l' a balancé. Les règles habituelles de la garde à vue sont donc inversées, puisqu'ici c'est le méchant qui mène la danse. A partir de ce canevas simple, Schoendoerffer livre un film littéralement étouffant. Atmosphère lourde, regards chargés de sens, tension omniprésente : le suspens va crescendo, de fausses pistes en rebondissements.
Schoendoerffer sait d'instinct où placer sa caméra pour créer un sentiment de malaise prégnant, agençant plans larges, plans d'ensemble et plans serrés avec une étonnante maestria, pour un résultat d'une efficacité redoutable. Ce polar quasiment sans action (à l'exception de trois fusillades magistralement mises en scène, d'une violence estomaquante, par la grâce d'un montage au cordeau) est un écrin de luxe pour ses deux têtes d'affiches. Je n'avais pas vu Gérard Lanvin, dans le rôle du commissaire Carré, aussi convainquant depuis longtemps (finies les poses viriles un peu ridicules des Lyonnais de l'ami Olivier Marchal) : exploitant les moindres failles dans la stratégie de Kancel pour le briser à coup de petites phrases bien senties(et même parfois drôles), créant la discorde chez les sbires de ce dernier, retournant la situation à son avantage, il est admirable de conviction et d'intense sobriété. Et que dire de la prestation de Niels Arestrup ? En vieux tigre impitoyable aux accès de violence à la fois brusques et prémédités, la haine chevillée aux tripes, il est tout bonnement admirable.
On pardonnera alors à Schoendoerffer quelques facilités scénaristiques (les acolytes de Kancel sont évidemment des étrangers à l'accent slave à couper au couteau, le dénouement est en décalage avec la tonalité générale du film) et des personnages secondaires féminins sous-exploités (et en même temps portés avec brio par Sylvie Testud, Laura Smet et Anne Consigny) et on le remerciera de nous redonner foi dans le polar à la française, loin du côté parfois poseur d'Olivier Marchal et des productions formatées pour le petit écran.
L’aimable Lanvin vient de démolir le scénario de Simon Michael dans la presse, expliquant qu’il avait tout réécrit avec le réalisateur… Voilà qui ne laisse pas d’être inquiétant !
96 heures m'a bluffé. Si d'entrée de jeu on se doute que la confrontation Lanvin/Niels Arestrup laisse entrevoir un huit clos bien tendu ou le nœud à démêler entre le flic et le gangster va nous mener vers un suspens et vers un brouillard difficile à éclaircir.
96 heures ce n'est pas juste cela. C'est de la violence, une atmosphère lourde, pesante. Le réalisateur a suivi la veine de son film Truands que j'avais moyennement apprécié pour une histoire, une de ces histoires en béton sur un scénario solide comme de la roche.
On y voit un Lanvin humilié, malmené et puis le véritable visage de la vraie pègre. La pègre pute, la pègre sans amis…
Niels Arestrup y prodigue une performance troublante : inquiétant, sûr de lui, terrifiant d'inhumanité. Il incarne parfaitement la vieille raclure que sa carrière dans le banditisme a rendu charismatique. Mais de quelle façon !
Dommage que le film ait pu être aussi mal accueilli par le public.
Les dernières minutes tournent malheureusement au policier de TF1 mais le sang froid le malaise y est…
On ne peut pas dire que ce scénario soit d'une originalité confondante, mais on s'y laisse prendre : grâce à des complicités et d'importants moyens, les complices de Victor Kancel ( Niels Arestrup), incarcéré depuis trois ans après un gros casse, parviennent à extraire leur patron du centre pénitentiaire de Liancourt (Oise). Comment ? En produisant de faux documents aux personnels pénitentiaires en présence de Gabriel Carré (Gérard Lanvin), patron de la Brigade de Répression du Banditisme, enlevé à son domicile. Car l'objectif de l'opération est non seulement de libérer le malfrat, mais aussi d'obtenir de Carré le nom de l'indicateur qui a donné Kancel à la police.
Commence alors une garde à vue de 96 heures, délai qu'octroie à Kancel à Carré pour parler. Jusque là, tout va bien : il y a un duel, un défi entre les deux hommes, qui se connaissent bien et, d'une certaine façon, ne se détestent pas. Il y a de la tension, des manœuvres, des rapports de force très bien menés. D'autant que si Kancel compte, parmi ses trois complices un fidèle, Abdel (Slimane Dazi), il en a deux autres, deux sauvages Slaves (ben voyons…) Sacha (Jochen Hägele) et Joseph (Pierre Kiwitt) qui n'ont d'autre souci que de récupérer leur part de magot qu'ils croient dissimulé par Kancel. À noter que les cinq hommes se sont enfermés dans un chef-d'œuvre de l'architecture moderne, la Villa Paul Poiret à Mézy-sur-Seine construite par Robert Mallet-Stevens en 1925.Donc un flic tout seul face à des bandits sanguinaires qui l'ont emprisonné dans une cave et menacent à tout instant de le tuer. Et le feront au bout de quatre jours. Jusqu'à ce que…
Mais c'est là que ça se gâte, la première heure passée. Où il faut bien employer les rôles féminins et faire avancer l'action. Et là c'est plus que décevant : les dix dernières minutes sont particulièrement pénibles et même ridicules. Combien de fois ai-je écrit ici et là que rien n'est plus difficile à réussir qu'une bonne fin ?
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