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Sujet : Grâce s'offre à Dogville, ville factice&factuelle


De hainhain, le 31 mai 2003 à 01:22

Encore un film de Lars von Trier où tu t'emmerdes pas de quasi tout le film… et ce malgré l'ambiance étouffante du film. Quant au sujet du film, n'est-il pas trop explicite ?


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De samou, le 31 mai 2003 à 01:24

Justement, c'est ça qui est beau ! Que tout le monde puisse comprendre à quel point la nature humaine n'est pas rose…


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De leza, le 26 juin 2003 à 21:10

Perso je l'ai vu au festival de cannes lors de sa presentation… Nous etions 3-4 amis et comment exprimer notre sentiment partagé pour ce film: NUL !!!

Les decors ainsi passent pendant 5-10min ca va, apres ca devient tres tres vite fatiguant a regarder. Il ne se passe rien avant le 4 ou 5eme chapitre et ce n'est qu'a la fin vers le chapitre 7 ou 8 que l'on commence a apprecier le film et encore, cela ne dure que 20min…

La fin est tellement previsible…

Je me permet de rajouter que meme nicole Kidman est partie durant plus de 1h ou 1h30 durant le film… J'ai vu 3 films et c'est la seule star a etre partie en plein milieu… Elle devais elle aussi s'embeter ;)


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De Patrice Dargenton, le 22 août 2004 à 14:55
Note du film : 6/6

Le séjour de Grâce à Dogville, une cité aussi factice qu'inachevée, est édifiant : cette cité fantôme aux murs transparents, où nul crime ne peut être ignoré, est une véritable machine virtuelle existentielle dont la seule raison d'être est l'illustration pratique d'un propos : Dogville est une ville pathétique qui concentre le pathos des tourments de l'âme humaine, l'exemple vivant qui illustre par les faits le propos selon lequel on peut faire naître l'altruisme chez ceux qui pourtant ne semblent avoir besoin de rien. Faut-il pour cela opter pour la stratégie de l'adversité (l'épreuve, la rigueur de la justice), selon le principe que l'entraide permet de surmonter les difficultés, comme le préconise le père de Grâce ? ou bien plutôt suivre la stratégie de l'empathie (l'amour, le don de soi, le pardon), selon le principe de l'émulation, l'exemple qui éclaire le chemin, comme le préfère Grâce ? Quelle stratégie est la plus arrogante, la plus efficace ? Empathie ou pas, le résultat ne sera-t-il pas de toute façon le même ?

Dogville transcende le débat de la lutte des classes, de l'exploitation de l'homme par l'homme (ou pire : de la femme) et de la misère en général : il nous fait nous interroger sur la raison d'être même de la vie arbitraire (ou en tout cas la raison d'être du film) et de la souffrance inhérente à cette vie : l'illustration !

L'amalgame entre justicier et gangster est une trouvaille qui brouille les cartes d'un message qui serait sinon par trop évident, brillant ! car au-delà du pessimisme propre au langage de la provocation, que l'on pardonne facilement aux génies, il reste que, si l'on peut certes vivre sans peur et sans espoir de liberté, tout le monde a un peu d'amour à donner et à recevoir, et nul ne peut être totalement insensible à une preuve d'amour désintéressé. L'amour serait-il plus fort que la justice ?


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De Gaulhenrix, le 21 septembre 2007 à 13:21
Note du film : 6/6

Il est bien difficile d'ajouter à l'excellente analyse de Patrice Dargenton. Sinon en entrant dans le détail du film…

Avec Dogville – et ses magnifiques acteurs -, Lars von Trier propose, en effet, à son habitude un film hors normes – ou plutôt selon ses propres normes. (…)


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De Impétueux, le 1er avril 2015 à 14:18
Note du film : 6/6

Pendant presque toute la première heure du film – qui en compte tout de même trois – j'ai irrésistiblement songé au plus grand roman d’avant-guerre de Jean Giono, Que ma joie demeure où un inconnu, Bobi, arrive sans apparente raison dans une communauté villageoise d'un plateau perdu loin du monde et y apporte le goût et le sens de l'inutile, c'est-à-dire de la beauté, par toute la force d'une parole nouvelle.

Il y a, entre Que ma joie demeure et Dogville d'immenses espaces de différence, mais aussi l'analogie de la survenue d'un personnage qui va bouleverser l'ordre statique du monde – la lèpre de l'ennui, écrira Giono. Les habitants, ici et là confinés dans leur égoïsme et leur solitude intérieure, vont découvrir dans l'un et l'autre récit, plus fugacement ici, plus durablement là, l'éclat d'une autre façon de voir le monde.

La comparaison s'arrête ici, à la première heure et même un peu en deçà. Les paysans gioniens du plateau Gremone continueront sûrement, au moins un long temps après le départ de Bobi, à cultiver la joie ; les habitants de Dogville commencent à basculer à nouveau vers l'ordre ancien et le feront de plus en plus radicalement peu après le banquet du 4 juillet, fête nationale, sorte de l'acmé de l'utopie harmonieuse apportée dans les deux œuvres par l'arrivée de l'autre. Et pourtant, chez Jean Giono comme chez Lars von Trier, c'est de l'égoïsme de la passion charnelle que surgit le poison. Dès que Bobi a cédé au désir d'une des femmes du plateau, dès que Grace (Nicole Kidman) a dû succomber au chantage de Chuck (Stellan Skarsgård), l'équilibre explose.

Le récit de Von Trier devient de plus acide, de plus en plus sombre, de plus en plus tragique. Seul son aspect volontairement outrageusement théâtral, en le confinant dans le domaine de la parabole, ou davantage encore de la fable, permet qu'on le supporte et que le massacre des dernières images, des enfants assassinés devant leur mère suppliante apparaisse comme une conséquence sinon juste, du moins évidente de ce qui s'est passé jusqu'alors.

Grace réduite à l'état de bête de somme et d'objet sexuel de la communauté, devient le symbole/victime de la noirceur humaine : égoïsme, lâcheté, veulerie, jalousie, cruauté, cupidité, vengeance. Riche palette de l'ordinaire et commune indifférence.

Je conçois tout à fait qu'on puisse avoir une certaine aversion pour le personnage outrageant de Lars von Trier qui, s'il s'est éloigné des rigides principes du Dogme95 qu'il avait édictés, peut mettre sacrément mal à l'aise. J'ai eu du mal avec Antichrist, j'ai beaucoup aimé L'hôpital et ses fantômes et demeure émerveillé devant Mélancholia ; je ne suis pas certain d'avoir envie de regarder Nymphomaniac. N'empêche que, qu'on le veuille ou non, il laisse une sacrée trace fumante et une odeur forte dans le cinéma consensuel acidulé d'aujourd'hui.

Ah ! J'allais oublier ! Il faut absolument regarder jusqu'au bout le générique de fin, sorte de compilation de photographies toutes plus glaçantes et désolées sur la misère humaine. C'est important.


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De droudrou, le 2 avril 2015 à 06:33
Note du film : 6/6

Film que l'on m'avait prêté et que j'avais beaucoup aimé – il faut que j'achète pour joindre à ma collection… Quand je disais qu'Impétueux et Vincentp sont des budgetivores par leurs interventions…


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