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Forum : Chez Maupassant : le père Amable

Sujet : Ecrire les maux ...


De Tamatoa, le 8 septembre 2013 à 19:44
Note du film : 6/6

Adapter Maupassant de cette miraculeuse façon ne souffre aucune critique. Et déjà, dire tout le bien que j'en pense revient à rompre un silence pourtant de mise devant le côté sacré de la chose. Le parfait n'est pas de ce monde mais la vision de ces adaptations de multiples nouvelles fait ressurgir cet adjectif, ce mot à la connotation divine que notre époque a égaré dans le renoncement définitif de la beauté des choses. En parlant de l'auteur de La Maison Tellier, Zola disait de lui qu'il était une fontaine de grâce où il aimerait voir toutes les générations se désaltérer...

Et voilà que Olivier Schatzky, qui porta avec bonheur à l'écran plusieurs nouvelles de l'enfant de Tourville-sur-Arques, ouvre cette fontaine à une heure décente, invitant ainsi la jeunesse de France à s'abreuver de merveilleuses images dans lesquelles flottent souvent un patois autrement plus doux à l'oreille que le fiel et La haine devenus la langue officielle d'un pays qui s'éteint doucement. Un tragique discours bien loin de l'éternel chant d'amour que Maupassant chanta à la vie ! Reprendre par des images sublimes, avec brio et vérité, un style d'écriture unique en son genre n'est pas chose aisée. Et pourtant Olivier Schatzky dompte le texte pour mieux le restituer en nuances de brouillards et en couleurs que même les plus beaux champs de blé n'attendaient pas…

Alors rendons grâce à Manuel Le Lièvre, ce petit bonhomme si talentueux et si peu employé, pour la rage qu'il met à porter si haut l'amour et le chagrin que lui inspire son père Amable. Disons et redisons merci à Céline Sallette, la céleste, tiraillée entre le devoir et les joies de la chair, pour sa prestation irréprochable. Saluons la sobriété et le talent de Hervé Laudière, qui, à l'instar d' Armand Mestral dans Gervaise sera l'amant qui ne renonce pas et, tel le coucou, revient dormir dans le nid des autres. Fred Ulysse incarne un père Amable bien plus viscéral, sanguin et cul-terreux que Fernand Ledoux dans la réalisation de Claude Santelli en 1975. Et enfin, un salut à mon voisin et ami Olivier Claverie donnant toute sa foi de théâtreux à ce rôle de curé dépassant pour une fois, la poignée de secondes..

La sagesse emmène forcément les hommes à Maupassant. Et pour les moins sages, la télévision répare de façon prodigieuse cet oubli. Rendons grâce à la télévision. Une fois n'est pas coutume.


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