Un ami vient dîner avec ce DVD. "-Tu vas voir, c'est une curiosité !-"

Pour une curiosité, c'est une curiosité ! Pas franchement désagréable, ne serait ce que par un contingent de nanas très souvent à poil, mais on se demande quand même où on se trouve et sutout où veut-on nous emmener. Ce Mexique est une belle contrée surtout habitée par de fort jolies femmes, pourtant pas épargnées par les hommes et presque carrément traitées comme un troupeau de vaches, et un justicier aveugle qui tire plus vite et plus juste que Lucky Luke lui-même. Déjà le ton est donné. Je qualifierai ce western de…bizarre. Assez loufoque tendance mystique. Mais pas inintéréssant ! Curieux… Il n'y a pas de bases habituelles vraiment établies. Après l'effet de surprise passé, on s'habitue très bien à la présence de Ringo Starr qui se révèle un acteur très crédible. Je crois que c'est sa première expérience cinématographique après sa séparation d'avec ses petits camarades. Ou peut-être la seule, je ne sais si il y en a eu d'autres. La virtuosité d' Tony Anthony me rappelle l'exagération de certains films mandarins tournés à la même époque, genre La main de fer. Un curieux fusil à baillonette semblant contenir des milliers de cartouches lui sert de canne . Si on avait eu les mêmes on se serait passé des Américains pour gagner la guerre. Sa volonté d'accomplir sa mission ( escorter une cinquantaine de femmes qui veulent retrouver leurs maris ) tient plus de l' apostolat pieux que de la parole donnée. Mais c'est constamment que l'on se demande ce que l'on regarde vraiment. En tous cas, lui ne voit rien ou fait-il semblant ? On doute… On est sûr que d'une chose : C'est du spaghetti.

Mais quel genre ? Du grave ou du burlesque ? Avec quand même de fort belles scènes. Notre héros aveugle fait preuve d'un humour assez déjanté et passe du je m'en foutisme au très sérieux avec la rapidité de l'éclair. Et très vite l'action reprend ses droits et le côté sexy également. Et dans des décors absolument grandioses. Splendide pays. Tony Anthony s'est donné les moyens et, apparemment, il veut que ça se voit. Ce qui m'a quelque peu dérangé c'est que ce film est plaisament fait car rien ne manque ( fusillades en règle, explosions, duel final prenant) mais change trop souvent et beaucoup trop vite de style. Par instants, si on devait prendre le film en cours, on croirait vraiment voir un film X en Amérique Latine. Pas de chance pour notre Blindman qui ne voit pas ces beautés. Le Sixième sens, ça ne fait pas tout.. C'est un mélange de genres que j'avoue ne pas goûter entièrement. Par exemple, dans Il était une fois dans l'ouest, tout est bien carré, bien net, réglé comme une horloge. On sait d'où on vient et où on va. Ici, on a l'impresson de sauter d'un film à l'autre, en restant certes dans le western, mais un western qui se chercherait un peu trop.

Malgré cette impression de mélange, la mise en scène est de bonne facture ce qui ne m'étonne guère puisque je vois sur ce site que le réalisateur Ferdinando Baldi a plus d'un western dans son sac. Mais ce qui m'inquiète c'est que pas un n'est commenté, pas même par Vincentp. Toutes ces oeuvres seraient-elles de la même "originalité" assez insolite que ce Blindman, d'où mon questionnement ?

C'est curieux, mais peut-être aussi une explication du casting: sur sa photo, Tony Anthony ressemble à Shintaro Katsu, légendaire interprète de Zatoichi, le masseur aveugle, probable source d'inspiration de ce western.