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Sujet : La solitude du coureur de fond..


De Tamatoa, le 20 mai 2013 à 19:15
Note du film : 2/6

Pour qui aime la lecture des œuvres de Paul Morand, véritable écrivain à la plume à la fois redoutable et intelligemment légère, ce film est une trahison . Un bain de félicité absolue de plus de 300 pages réduit à cette concaténation de course poursuite imbécile et de clignement d'yeux intempestifs est assez catastrophique. Et plus Delon, à qui on ne peut nier un charme certain, est présent et plus s'éloigne l'âme de Paul Morand. Toute la philosophie du livre, d'une drôlerie très fine, est ici transformée en un magma de situations assez délirantes et très terre à terre. Or, chez Morand, Pierre Niox est un lunaire, un poète à sa façon. Un poète qui ne se soucie pas de poésie et qui court, court avec fébrilité derrière tout ce qui fait une vie : Le beau. Quelle que soit sa forme, son apparence, ses traits, sa configuration. Et il n'a de cesse que de devancer le temps, d'anticiper les heures à venir pour ne pas en perdre une miette. Il est son propre incendie. Il se consume inexorablement avec un bonheur sans pareil. Pierre Niox est un autiste heureux. Et demander à Delon de jouer un autiste reviendrait à lui demander de jouer les troisième couteaux. Alors il n'a pas su.

Hélas, chez Molinaro, pourtant habile d'habitude, Pierre Niox est devenu un businessman ameuté qui a un agenda surbooké. Et même si les hélicoptères décollent, les portes claquent et le vent souffle, nous nous trouvons devant un film très plat, sans poésie, et où la cocasserie divine de l'auteur se transforme en burlesque clownesque. D'ailleurs, si on n'a pas lu le livre, c'est un "Delon" de plus mais c'est tout. Et chacun, suivant l'attirance qu'il a pour l'acteur, le jugera à sa fantaisie. Mais où est donc passée la profondeur du livre de Paul Morand ? L'ivresse prodigieuse de cet antiquaire merveilleusement fou ? Ce délicieux tourbillon de trublion respectable et hanté par le temps qui reste ? Exit tous ces moments de pure grâce ! Et qu'a fait Mireille Darc de la fragilité d' Hedwige ? Quelques scènes ne sont pas dénuées d'intérêt, peut-être. On peut retrouver des moments qui glissent comme patineurs artistiques mais si fugacement. Or le talent de l'écrivain est justement de faire glisser sa plume dans les méandres de la vie comme volutes de fumée. Pas comme dans Le battant ou Mort d'un pourri.

Édouard Molinaro n'a pas su retrouver, en faisant courir un Delon plus agité que réellement pressé, toute la saveur d'un récit d'une rare beauté. Un livre qui raconte les impatiences d'un homme un peu malade, comme il en existe beaucoup. Un peu malade d'une solitude qu'il fuit en essayant de rattraper l'or du temps. L'amour n'est pas un sentiment. C'est un art (Paul Morand). Pierre Niox le savait. Préférant les arts en général, il n'a pas pris le temps de remonter la rivière de l'amour.

Il en mourra.


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De dolane, le 1er juin 2013 à 12:36
Note du film : 1/6

Malheureusement ce film est raté, on sent que les acteurs font ce qu'il peuvent delon le premier.


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De Impétueux, le 10 septembre 2017 à 19:59
Note du film : 1/6

Cent, mille fois d'accord, avec le message aussi profond que subtil de notre ami disparu Tamatoa ! Quelle idée la télévision a-t-elle eu d'aller exhumer ce mauvais film pour rendre hommage à Mireille Darc ? Un film où malgré sa présence au générique sur le même plan qu'Alain Delon, elle ne tient qu'un rôle secondaire et n'apparaît qu'épisodiquement, sans jamais marquer les séquences de sa présence pourtant d'habitude si éclatante où elle n'est pas plus au devant de la scène que Michel Duchaussoy,, excellent dans le second rôle assumé de Placide Justin, auxiliaire, homme de main, souffre-douleur de Pierre Niox (Alain Delon).

Ah ! Delon est, je le crois bien, le problème exclusif du film, en admettant même que le talent gentil et limité d'Édouard Molinaro n'était sans doute pas le plus approprié pour traduire à l'écran les subtiles sécheresses de Paul Morand. Delon est aussi producteur de L'homme pressé et il s'est réservé la totalité de la surface utile, confondant rythme et frénésie. Le film est fatigant parce qu'il cavalcade continuellement sans raison, espérant faire croire que le héros est une sorte de cyclone ambulant, superman de bande dessinée, souvent ridicule. Contre-sens énorme de faire passer cette scène primordiale des propos de Niox devant la durée de la grossesse de sa femme, qui est une sorte de naïveté un peu ridicule en exaspération presque sadique : Mais tu ne peux pas faire un enfant en 7 mois plutôt qu'en 9 ?.

Niox est un homme qui se perd devant le Temps. Delon a voulu qu'il soit un homme qui tente de prendre le Temps de vitesse. Lourd contre-sens, de fait. Et puis les péripéties sont mal cousues les unes aux autres ; on a quelquefois l'impression qu'il manque des scènes essentielles, qu'on a creusé des ellipses si profondes que le spectateur n'a qu'à approuver la production de tableautins décoratifs ; de fait les maisons sont belles, les vêtements élégants, les objets raffinés mais ce sont là des vitrines, ou presque : rien qui soit vraiment intéressant.

On comprend assez vite que la course à l'abîme ne durera pas longtemps et que les malaises cardiaques de Niox ne sont que des avertissements à peine cruels avant la définitive crise qui achèvera la trépidation inutile d'un personnage dont Molinaro et ses adaptateurs (qui ne sont pas des manchots, apparemment, toutefois : Maurice Rheims et Christopher Frank) ne sont pas allés creuser l'épiderme. Ils se contentent de le montrer, excité et volontaire, injuste, desséché, absurde jusqu'à la caricature pendant les 90 minutes réglementaires.

Mon seul bon point : m'avoir fait profiter de la vue sublime qu'on peut avoir de la pointe Est extrême de l'île de la Cité, là où se rejoignent la rue du Cloître Notre Dame et la Quai aux fleurs et partager l'instant de bonheur que peuvent ressentir les bénis des dieux qui habitent là.


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