Ce n'est pas, loin de là, l'un des films majeurs de John Carpenter mais on passe un bon moment (en tous cas, ce fut mon cas). Le récit est rythmé, avance à toute vitesse, un climat oppressant et haletant est bâti en peu de temps, grâce à une mise en scène très efficace (à observer de près, tels ces très discrets cut zoom avant, légèrement déstabilisants pour le spectateur), l'emploi de décors bien pensés (formes et couleurs) et d'une musique sourde à base des traditionnels synthétiseurs, chers au réalisateur américain. En vingt minutes (que l'on ne voit pas passer), il semble s'être déroulé un temps considérable. Les personnages ont été bien plantés en particulier (psychologies individuelles, rapports sociaux et "politiques").

A mon avis, un modèle relatif d'efficacité en matière de réalisation, dans la grande tradition du cinéma d'action nord-américain. La vision du futur soumise à notre regard et notre observation de spectateur n'est d'autre part guère réjouissante. Ce futur est truffé de chausse-trappes (dans tous les sens du terme) et de comportements déviants : il incite sans doute à s'interroger sur la meilleur façon d'organiser une société. Laisser celle-ci obéir à la seule loi du profit et d'instincts très primaires ne la mène de toute évidence pas très loin, selon John Carpenter, qui préfère la loi de l'honneur et de la solidarité de corps et d'esprit.