3,5/6. Certains films sont hors-normes, mais Apache drums (1951) semble battre tous les records d'étrangeté. Ceci s'explique sans doute par le fait que le metteur en scène, Hugo Fregonese, soit de nationalité argentine. La vision du monde développée ici n'est pas celle d'un américain. Il me semble que Fregonese s'identifie à l'indien apache présent discrètement parmi les blancs : marginal, mais intègre, courageux, sobre et véritable passerelle entre différentes cultures. Le monde rassemblé ici, dans une petite contrée du sud-ouest américain est cosmopolite (on y trouve des mexicains, des gallois, un noir,..) et le mélange des cultures produit des effets étonnants. Face aux chants chamaniques des mescaleros (tribu apache) est opposé par exemple un chœur gallois. D'autre part, ce western baigne dans un climat presque fantastique par moments (choix des plans et des couleurs).

Ce film est très inégal. L'intrigue frôle par moments le ridicule (les relations triangulaires initiales entre les deux personnages virils et la tenancière du bar), mais l'idée centrale du film selon laquelle il est nécessaire de surmonter les préjugés sociaux, raciaux, théologiques pour construire une société est bien traitée. La mise en scène est globalement de qualité, voire par moments de grande qualité (le générique d'ouverture, et bien d'autres séquences). Certains aspects visuels (intérieurs et extérieurs) et sonores sont marquants, et même modernes (certaines ellipses). Le siège de l'église contient des séquences anthologiques. Apache drums présente également la culture apache de façon très pertinente (très éloignée des modes de représentation des années 1950), et a sans doute eu son influence sur des œuvres ultérieures du western (Fureur apache par exemple). Une influence sur la BD européenne aussi probablement… Il ne manque que le lieutenant Blueberry face à Vittorio et les siens…

Apache drums, sans être un grand film, est très certainement un film à découvrir car il marque les esprits par son style et son propos très original ! Il contient des pièces éparses de ce qui aurait pu peut-être être un chef d'oeuvre ou un simple classique, si plus de moyens, plus de temps, et plus de compétences dans certains domaines (interprétation par exemple) avaient été consacrés à sa construction.

En 1880, les Apaches Mescaleros, à l'instigation de leur chef Vittorio, sont sur le sentier de la guerre aux abords de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Dans cette zone se trouve la petite ville américaine de Spanish Boot, dont le maire Joe Madden (Willard Parker) expulse le joueur professionnel Sam Leeds (Stephen McNally) qui vient d'abattre, en état de légitime défense, un autre joueur.

Film redécouvert à l'occasion de la rétrospective Hugo Fregonese, qui a lieu actuellement à la cinémathèque française.

Quand les tambours s'arrêteront est un petit western de 1951 qui témoigne de l'excellence que pouvait atteindre la série B américaine de l'époque. Le budget est modeste, les stars sont absentes et le scénario est basique. Mais la faiblesse du devis est compensée par l'inventivité de la mise en scène et par un récit qui va droit au but. L'ensemble est d'une concision appréciable (71 minutes).

En effet l'histoire basique d'une invasion indienne est traitée de façon très originale. Les 45 premières minutes ressemblent aux futurs films "catastrophe". On assiste aux conflits quotidiens de personnages d'une petite ville de l'ouest. L'accent est mis sur la rivalité amoureuse entre le maire de la bourgade et un bandit sur le point d'en être banni. Mais ce ne sont là que des peccadilles par rapport à l'inévitable catastrophe sur le point de se produire: une invasion d'Apaches Mescaleros.

Dans la dernière demi-heure, Quand les tambours s'arrêteront prend une dimension inattendue car le spectateur se retrouve devant un film d'horreur du style la nuit des morts-vivants. Les habitants du village sont cloîtrés dans une église dont les fenêtres, aussi hautes soient-elles, sont ouvertes et exposent donc ses occupants à une menace apache invisible mais rendue prégnante par les tambours qui ne cessent de se faire entendre.

Certaines conventions du scénario, comme l'inévitable arrivée de la cavalerie ou la punition du personnage le plus antipathique, empêchent le film d'être un chef-d'oeuvre absolu. Mais Quand les tambours s'arrêteront n'en demeure pas moins un western mémorable dont la réputation n'est pas usurpée.

Quand les tambours s'arrêteront a été diffusé dans La dernière séance d'Eddy Mitchell le 3 octobre 1991.

Pas le souvenir d'un grand film, mais sur grand-écran en copie 35 mm de qualité, le ressenti peut-être différent. Le mesacalero qui envahit l'église est réemployé à plusieurs reprises (peint de façon différente pour donner l'impression d'une horde importante).