Forum - Mademoiselle Chambon - Les sanglots longs des violons...
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Forum : Mademoiselle Chambon

Sujet : Les sanglots longs des violons...


De Tamatoa, le 12 novembre 2012 à 19:42
Note du film : 4/6

Il y a chez Stéphane Brizé comme un goût, un souvenir, un flottement d'Eric Rohmer. Une lenteur voulue pour filmer au plus juste les détails les plus anodins de la vie. Déjà, dans le formidable Je ne suis pas là pour être aimé, il prenait tout son temps pour nous raconter, via l'apprentissage du tango, comment un fils peut se tromper sur l'amour que lui porte son père. Ici, c'est par le biais du métier de maçon qu'il nous parle d'un amour qui aurait pu être fou. Le robuste maçon et la gracile violoniste, lui taiseux, elle timide, vont lentement se rencontrer et encore plus lentement se découvrir. Au premier abord, il ne se passe rien de bien passionnant. Le métier de maçon est un noble métier. Loin de la vocation d'artiste. Vincent Lindon, chemise coton à carreaux d'usage, et Sandrine Kiberlain vêtue de musique légère souffleront tendrement leur partition mutuelle comme les premiers vents de Mars. Et si une giboulée pourra nous faire croire que tout peut changer, le calme reviendra très vite. Rejouer ses vingts ans n'est pas chose facile… Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce film n'est pas long et ennuyeux. Il laisse du temps au temps. Les mélopées du violon de la belle sont aussi langoureux que le bruit de la truelle de l'ouvrier claque comme le fouet. La vie n'est pas facile. Et les sentiments le savent qui hésitent à humer le vent… Et si l'amour ne connait pas les classes sociales, les classes sociales ne parlent pas d'amour de la même façon. Le silence et le violon. La main rugueuse et les longs doigts agiles. Comment dire à l'autre ? Surtout quand le violon attend beaucoup d'un rustre, marié et papa. Les regards fuient. Les paroles sont rares. Heureusement, le violon… et le vent.

Mademoiselle Chambon est un film à la sobriété bienfaisante. Avec une Aure Atika qui, pour une fois, lui emboite le pas avec grand talent. Elle est l'obstacle entre le violon et le maçon. Lequel restera raisonnable. Est-ce bien raisonnable ? Mademoiselle Chambon, la pudeur faite femme, en semble convaincue et repartira, toujours aussi lentement. A la recherche d'un autre vent de Mars. Peut-être moins rugueux. Et puis, il fallait bien que ce film, ce grand silence mélodieux se termine..


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