Depuis quelques temps, le cinéma de minuit nous gratifie d'un hommage à William A. Wellman. Je dois à la vérité de dire que je ne connais pas ce cinéaste et que j'ai passé outre. Je m'étais bien installé, au début, devant Frisco Jenny mais très vite, l'intérêt pour ce film s'enfuit aussi vite que vint le sommeil. Pourtant, je me dis que j'aurais du insister . Car hier au soir, je m'étais de nouveau installé devant cet avant dernier film consacré à ce cinéaste Américain et cette fois, je me suis accroché. J'ai laissé faire. Et grand bien m'en a prit.

Au demeurant, Safe in Hell (un paradis en enfer) est un film qui, si il n'avait pas été fait, n'aurait été réclamé par personne. Une intrigue des plus banales, tourné avec très, très peu de moyens, des décors réduits à leur plus simple expression et des dialogues (du moins des sous-titres) qui ne cassent pas trois pattes à un Bernard Pivot. Et pourtant…

Au fur et à mesure que cette bluette avance, on se surprend à s'énamourer de la très jolie frimousse de Dorothy Mackaill, ravissante idiote, adorable et très attendrissante. Mignonne comme tout, elle n'a pas conscience de l'effet qu'elle produit sur les hommes. Son malheur viendra de là. Inutile de vous dire que c'était bien la première fois que je la voyais. Et elle gagne à être connue ! Un amour de fille, pas très fute-fute mais débouillarde quand même et infiniment romantique. Amoureuse de son marin qu'elle passe sa vie à attendre, la voilà qui pense avoir tuer un pas grand chose de passage. Son Sailor chéri arrive à la rescousse et il l'emmène dans une île ou l'extradition n'existe pas et qui donc est peuplée de gangsters en tous genres et de tous poils. Là, tel un revenant, réapparait le mort. Joie ! Elle est donc libre ! Mais non…Par des circonstances à la mord moi dont je vous fais grace, elle le tuera pour de bon. Et si cette île ne connait pas l'extradition, elle est dotée de lois implacables. Notre Gilda partira donc au poteau d'exécution, sa jolie tête haute..

Des gangsters d'opérette, l'impression que certains plans sont filmés dans des placards à balais, deux sous de violettes, très très loin de Autant en emporte le vent, une mise en scène qui laisse vraiment à désirer par son manque de rigueur, rien, vraiment rien qui donne à ce film un intérêt quelconque. Sauf cette bouille dont, je le répète, nous tombons éperduement amoureux tant elle est touchante. Elle arrive à donner à son rôle une consistance que nous étions loin d'imaginer au départ. Et elle fait de ce film, quelque chose d'infiniment sympathique…Je le reverrais avec grand plaisir s'il devait, un jour, repasser à la télévision. Je n'irai pas jusqu'au vote DVD, mais peut-être que là aussi je me trompe…Comme je me suis gourré en pensant que ce film de minuit, avec ses sous-titres et son image foireuse (1931 quand même !), ne m'emmènerait pas bien loin. Ce n'est certes pas un Blockbuster qui déchire, mais l'intimité de cette adorable fofolle, fidèle comme un chien, tellement croyante, démesurément amoureuse, les étoiles plein les mirettes et une confiance si grande en son destin, cette intimité là dis-je, m'a juste délicieusement transporté… Et je me dois de me mettre en quête d'une autre oeuvre de William A. Wellman avec, si possible, la présence de cette si tendre fleur..

Se méfier de nos préjugés. Je ne connais pas le metteur en scène, ni les acteurs, c'est Américain, c'est sous-titré donc ça va me faire chier…

Erreur ! Et j'ai même demandé aux hautes autorités compétentes, la création de cette fiche. Ce qui fut fait prestement et je les en remercie.