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Forum : Marchands d'illusions

Sujet : Avis


De DelaNuit, le 31 octobre 2012 à 12:54
Note du film : 3/6

Grâce à la nouvelle collection des Trésors de la Warner, nous pouvons enfin (re)découvrir des films inaccessibles, on ne peut que s'en réjouir. Le titre de la collection est d'ailleurs trompeur puisque ces « Trésors Warner » comprennent en fait beaucoup de films MGM, dont une partie du catalogue a été racheté par Warner… Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !

On pourra discuter le terme « trésors »… Il faut comprendre par là « films inaccessibles sortis de l'oubli » et pas forcément « chef d'œuvres du cinéma ». En effet, si des films tels que La croisée des destins de Cukor, enfin édité en dvd, peut effectivement être qualifié de chef d'œuvre, ce n'est certes pas le cas de ces Marchands d'illusions…

Voici donc un de ces petits films de studio tels que la MGM en produisait à la pelle dans les années 40, au scénario limité, au rythme poussif, qui fut un succès à l'époque (peut être en partie parce qu'il s'agissait de l'adaptation d'un best seller) mais ne pourra intéresser de nos jours que les cinéphiles, les historiens ou les ethnologues. C'est lent, un peu ennuyeux… Et puis le scénario original tiré du bouquin a été remanié pour rendre les personnages acceptables au regard de la morale de l'américain moyen : l'arriviste forcené s'y découvre une conscience, la femme adultère devient veuve de guerre…

Alors pourquoi regarde-ton avec une indulgence complice un film comme celui-ci ? C'est qu'on retrouve derrière, dans les éclairages, décors, costumes, tout le savoir faire d'un grand studio de l'époque… et puis surtout, on demeure sous le charme de ces acteurs devenus mythiques.

Clark Gable dont l'aisance et le sourire canaille illuminent tout le film, Deborah Kerr, fraîchement débarquée de Grande Bretagne, débutant sa carrière hollywoodienne dans un de ces rôles mi-prude mi-rebelle qui firent sa renommée, Sydney Greenstreet parfait en gros magnat puant… et puis bien sûr Ava Gardner, qui venait tout juste de se faire remarquer l'année précédente (1946) dans Les tueurs, et dont les apparitions donnent au film la pétulance dont il a tant besoin.

Bien qu'elle se trouve souvent sous-employée dans les productions MGM de l'époque, qui se contentent de la filmer comme un cliché de femme fatale, il est intéressant de voir comme même un film sans grand relief tel que celui-ci permet d'annoncer à travers les quelques scènes qui lui sont dévolues un certain nombre des grands thèmes qui seront attachés à son personnage pendant toute sa carrière : on la voit en effet en séductrice roucoulant un jazz langoureux accoudée au piano d'un cabaret, s'avérer en réalité chic fille pleine de ressources et d'ironie recherchant en fait un amour sincère, et finalement blessée par un homme qui la déçoit, noyer son chagrin dans un verre… Tout est déjà là ! Ne manquent que la dimension mythologique du personnage, que les futurs Un caprice de Venus ou Pandora ne manqueront pas de développer…

Ava tourna ces Marchands d'illusions juste avant Singapour, qui vient également d'être édité en dvd cette année chez Universal. Les trésors Warner nous offrent L'étoile du destin, La croisée des destins, et nous annoncent prochainement Ville haute, ville basse… Décidément, 2012 est une bonne année avagardnérienne !


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