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Forum : En haut des marches

Sujet : Choisir ses actes...


De Impétueux, le 24 octobre 2012 à 21:37
Note du film : 3/6

J'ai le sentiment que Paul Vecchiali pose un peu trop haut ses ambitions et ne parvient pas toujours à placer son travail au niveau de ce qu'il souhaite. C'est dommage, parce qu'un cinéaste ambitieux et intelligent, ça ne court pas les rues, et que ça peut donner, au moins une fois, un film prenant et sensible, Corps à cœur.

Mais de toute façon, ça n'est pas insignifiant, et ma note moyenne de 3 sur 6 est pleine de contraste : c'est une note de moyenne et non pas de tiédeur. Une moyenne entre des séquences vraiment ratées (le vernissage de l'exposition de Françoise (Danielle Darrieux), par exemple), des balourdises de réalisation, des maladresses dans le récit. Et de la verbosité, aussi, de l'emphatisme dans certains dialogues.

Mais, parallèlement, aussi, dans d'autres dialogues, des touches intelligentes, sensibles, vraies, des formules bien frappées, une grande facilité à faire interagir les acteurs. Et une complexité bienvenue du récit. Et une photographie réussie.

En haut des marches se passe à Toulon, une des grandes villes les moins filmées de France, les plus méconnues, les plus ignorées. Une ville qui, détruite pendant la Guerre, n'a pas bénéficié, comme l'a fait Le Havre de l'inspiration, rigoriste mais aujourd'hui mieux évaluée, d'un Auguste Perret, architecte visionnaire. Et pourtant Toulon bénéficie d'une des plus belles rades du monde, d'un site paré d'un amphithéâtre de collines, d'un climat et d'une atmosphère bénis des dieux. Mais elle semble porter comme une malédiction son passé de ville régalienne : bagne, arsenal, préfecture maritime… et le sabordage de la flotte en novembre 1942 et les bombardements américains en novembre 1943, qui l'ont détruite…

Cette pesanteur de la Guerre et l'histoire personnelle de Paul Vecchiali, dont le père a été embêté, à la Libération, pour pétainisme, font la trame de En haut des marches. Il entrelace des histoires rancies de haines familiales et des interrogations sur les ambiguïtés des périodes malades de l'Histoire, où le Devoir n'est pas si net que ça. De nombreuses interventions parlées du maréchal Pétain, du général de Gaulle, des amiraux Darlan et Auboyneau ponctuent le récit sans que, pour autant, Vecchiali tombe dans le relativisme historique et l'aquoibonisme sceptique : Si justes que soient les idées, il ne suffit pas de choisir son camp, il faut aussi choisir ses actes dit un carton d'épigraphe.

L'éternelle Danielle Darrieux domine la distribution, la sublime de tout son immense talent. À 67 ans, elle est d'une beauté grave absolument magnifique qui justifierait à elle toute seule la vision du film. On ne peut malheureusement pas en dire autant des autres protagonistes, habituels complices de Vecchiali, Hélène Surgère ou Nicolas Silberg, bien mieux utilisés, moins théâtreux dans Corps à cœur, ou de Danielle Lebrun, qui a fait mieux.

Film estimable, mais dont on peut tout de même largement faire l'économie, sous la réserve Darrieurienne énoncée ci-dessus.


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