…il pouvait vraiment être un grand acteur. Mais ça n'arrivait pas à tous les tournages. Par exemple, je n'ai pas cru très fort à son Bonaparte dans Waterloo de Bondartchouk.
Dans Il était une fois la Révolution, je le trouvais très bon… jusqu'à ce que j'entende son faux accent mexicain dans la version "originale" (aussi pour ce film je recommande chaudement la VF !). Mais au cours de sa carrière italienne, il a aussi été excellent, renversant même dans le rôle du conseiller Nottola de Main basse sur la ville. Par son jeu dynamique, par la vraisemblance de sa caractérisation, il contribue beaucoup à l'impact de ce puissant thriller politique.
Pas de juste milieu avec Rod Steiger : ça passe ou ça casse. Ou bien il est génial, ou bien il est mauvais. Parmi ses derniers bons rôles, rappelons l'hilarant général va-t-en-guerre de Mars Attacks!
Et dans The Pawnbroker? Bonne nouvelle, il était dans un bon jour. Un très, très bon jour, même. Et dans un rôle difficile, puisque c'est l'histoire de Saul Nazerman, un type qui ne s'exprime pas, qui s'est fermé au monde extérieur. Faut dire qu'il a de bonnes raisons pour ça : des raisons qui s'appellent Dachau, Auschwitz… Ca lui a fait quelque chose. C'est comme s'il avait laissé une part de son humanité là-bas. Alors, c'est un homme dur, qui exerce avec dureté son métier de prêteur sur gages. Qui considère sa famille avec une sorte d'indifférence. Les petites souffrances de son entourage, que sont-elles comparées aux souffrances indicibles que lui a connues? Mais comme la vie est pleine de surprises, la carapace de monsieur Nazerman commence pourtant à se lézarder, à cause d'une histoire qui arrive à son nouvel employé (excellent Jaime Sanchez), un truc moche, enrageant, qui va le faire craquer.
Rod Steiger dans ce rôle est vraiment à son top. Il faut dire qu'en est ici dans l'univers new-yorkais du grand Sidney Lumet, qui signe là un de ses chefs-d'oeuvre. La scène où le métro de New York devient un tout autre train… Brr. C'est fort, sobre et mené sans faille.
Chose incroyable, ce film n'est pas disponible en DVD ! Il faut arranger ça tout de suite.
Arca1943
Si, si. Il est récemment sorti en zone 1 U.S. Et effectivement, Steiger y est génial. Il était intéressant aussi dans "Le jugement des flèches" de Fuller.
Connais-tu l'anecdote survenue pendant le tournage de "Waterloo" ? Après deux semaines de scènes de bataille épiques, Steiger est arrivé un matin avec le haut de son costume et en slip kangourou. L'assistant lui signale qu'il a oublié d'enfiler son pantalon et Steiger à répondu : "Je n'ai rien oublié. De cette façon, le réalisateur sera bien obligé de me filmer en gros-plan".
Précisément, bien que le dvd ne soit pas disponible (je viens de le vérifier sur un site commercial dont je taierais le nom, lequel évoque cependant de farouches guerrières antiques),…on vient de parler de ce film sur Arte – en janvier 2005 donc – dans le cadre d'une émission dédiée à la représentation des camps de la mort dans l'imagerie Hollywoodienne. Le film de Lumet y était présenté comme l'un des premiers traitements cinamétographiques sérieux de la Shoah, près de vingt ans avant "Holaucauste".
Du reste, le même reportage – dont j'ai malhereusement oublié le titre – insistait beaucoup sur la prestation de Steiger, notamment en ce qui concerne une scène fameuse, celle du "cri silencieux"… L'expression de l'acteur y est formidable, et atteint une intensité quasiment indicible; du moins était-ce mon impression !
Mais effectivement, il est plus qu'urgent de diffuser une version française de ce film, à l'heure où on "célèbre" la libératioin des camps. Je m'étonne que ce film ne soit pas disponible alors que d'autres films de Lumet, plus récents mais aussi beaucoup moins consistants, se retrouvent à tous les coins de rues…
Je constate, vaguement scandalisé (comme à chaque fois qu'il manque un bon film, quoi) qu'il n'existe aucun DVD zone 2 de ce grand film du regretté Sidney Lumet, qui nous montre avec éclat quel grand acteur Rod Steiger aurait pu être… car il y est vraiment magistral – ce qui en étonnera plus d'un, sans doute.
Film dur sur un sujet dur, film jazz aussi, en raison d'une splendide BO de Quincy Jones.
Qu'on nous l'amène !
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