Non, ne vous y trompez pas : le titre racoleur du film ne s'applique de fait qu'à la première partie et avec les restrictions de pudicité en usage au milieu des années Cinquante (plus fortes que celles de la fin de l'Entre-deux-guerres). Malheureusement la seconde partie du Port du désir sombre dans la banalité d'un thriller guère inspiré et s'achève même indignement dans des bagarres aussi minables que celles que pratiquait, à la même époque, le singulier Eddie Constantine.
Mais sur la seule première partie, j'aurais mis une meilleure note que ce 4/6… Car l'atmosphère de Marseille, le monde flou des boîtes à matelots, la résignation désinvolte des filles, et même certaines cruautés assez bien venues (la fascination du pire des méchants, Black (Jean-Roger Caussimon) pour les longues, tueuses et esthétiques épingles à chapeau, les cheveux de la jeune femme assassinée flottant dans la mer) sont extrêmement intéressantes, et Gréville, que je ne connaissais que par la mythique et non éditée Princesse Tam-tam
avec la divine Joséphine Baker
se tire remarquablement bien de son ouvrage, multipliant les prises de vue intéressantes et même audacieuses…
Je m'égare et reviens aux bouis-bouis interlopes, où les filles du monde entier se donnent aux matelots du monde entier. Il y a encore, dans Le Port du désir, le souvenir et la nostalgie des maisons qui, somme toute, n'ont fermé leurs volets, à l'instigation de la douteuse
Marthe Richard,
que neuf ans auparavant. Ce qui pourrait presque passer pour une étude ethnologique n'est pas mal du tout filmé, et la direction de l'établissement par Gaby Basset,
première femme de Jean Gabin,
qui insistait toujours pour qu'elle figurât dans les films qu'il tournait, a tous les charmes de la vraisemblance.
Cela passé, Le port du désir est un film assez agréable, où l'on voit un scaphandre semblable à celui qu'utilise Tintin dans Le trésor de Rackham le Rouge, où l'on retrouve, dans des rôles très adjacents, des trognes marseillaises sympathiques (Berval,
Ardisson, Blavette)
et une intrigue intéressante.
Et puis il y a, dans les suppléments du DVD, une intervention de Florence Moncorgé qui parle de son père avec infiniment de sensibilité et d'intelligence…
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