4,8/6. Relativement académique par le fond et la forme, mais très bien fait. Les avantages de l'académisme sans les inconvénients liés, sans doute… C'est l'histoire d'une escadrille américaine basée en Grande-Bretagne, confrontée aux problèmes essentiellement psychologiques liés à la guerre (l'action se situe en 1943). C'est aussi et surtout une réflexion fort bien menée sur les différentes façon de diriger un groupe d'hommes. Différents modes de management sont possibles, avec pour chacun d'entre eux des avantages et inconvénients… Réflexion aussi sur le sens du devoir, et le passage du temps… Le cinéma américain carbure en 1949, année de réalisation de Un homme de fer, à plein régime… Une époque bénie !

La réalisation de Henry King est -sans surprise- très solide (avec le parti-pris évident de réaliser des plans en adéquation avec le mode de pensée assez carré du personnage principal), la photographie en noir et blanc de Leon Shamroy de qualité (cadrages, gestion de la lumière,…). Le scénario prend le recul nécessaire pour traiter le sujet de façon intelligente et censée. La façon d'introduire le récit, de montrer la double face de Gregory Peck (général adepte de la méthode musclée, du moins en apparence) est remarquable. Le récit est géré à hauteur d'homme, de façon simple, mais avec la prise de recul et le professionnalisme d'une équipe cinématographique dotée d'un savoir-faire permettant de gérer à la perfection des idées par des sons et des images.

Ceci par le biais, par exemple, de l'utilisation de symboles visuels, ou d'une musique discrète, faisant travailler l'imaginaire du spectateur. Les dix dernières minutes du récit, superbes par ses aspects visuels et sonores, sont magnifiques, puissantes, très émouvantes. Enfin : une grande, très grande interprétation de Peck, sobre et efficace (et moderne). Quel acteur incroyable ! Cette simple prestation dans ce film de King lui vaut une place dans le panthéon du cinéma… Et des prestations de ce type, il les a multipliées tout au long de sa carrière…

Il faut évidemment aujourd'hui profiter de la réédition bienvenue en blu-ray de Un homme de fer…

Revu pour un avis à la hausse. Un homme de fer (1949) ressemble fortement à Le chant de Bernadette réalisé par le même Henry King six ans plus tôt. Il s'agit d'une étude rigoureuse, mais non dénuée d'émotions, des comportements et modes de pensée collectifs et individuels à l'intérieur d'un groupe d'hommes. Le personnage de Bernadette, porteur de valeurs théologiques, est remplacé ici par celui du commandant de l'escadron interprété par Gregory Peck, tout entier dédié à la cause militaire des alliés engagés dans la bataille contre l'ennemi nazi. Ce personnage agit en façade sans états d'âme, mais le spectateur a connaissance de ses moments de doute et de renoncement.

Les prises de vue suivent pas à pas ce personnage, sans le lâcher un instant, et décrivent son combat face à l'adversité. Peck est montré rarement de face, très souvent le regard de biais, filmé en contre-plongée, ou en arrière-plan, ce qui pour le spectateur provoque un léger effet de distanciation vis à vis de ce personnage. Les prises de vue, les dialogues, les ambiances sonores, associent le spectateur à ce combat rapproché. Les arguments et contre-arguments des uns et des autres sur les méthodes de management, les comportements à tenir et les valeurs à assumer en temps de guerre, sont portés méthodiquement à notre connaissance, nous laissant au final libre de nos jugements.

j'adore ! rien d'autre à dire sinon que c'est très très fort ! Gregory Peck retrouvera Millard Mitchell dans ce formidable western qu'est "La cible humaine" toujours de Henry King .