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Forum : La Proie du mort

Sujet : Folie douce..


De Tamatoa, le 3 mai 2012 à 03:16
Note du film : 4/6

Présenté dans la série des films noir au cinéma de minuit, il y avait toute sa place. Un "Noir" sans grandes surprises pour autant puisque dès le départ, nous savons qui est qui, et qui ourdit quoi. Une intrigue malgré tout finement distillée dans le suspense. Hitchcock n'est pas loin. Hitchcock veillerait' il en coulisses ? Hitchcock est palpaple. W.S. Van Dyke a prit et retenu des leçons du maitre du genre. Un film sur la folie la plus redoutable. Celle qui s'exprime à travers les sourires pervers et une douceur de façade. Le décryptage très appliqué d'une paranoïa paroxystique, redoutable maladie pour bien des êtres surtout quand ils sont amoureux.

Robert Montgomery est fou. Formidablement et talentueusement fou. Loin du docteur jekyll beaucoup plus abrupt, à mille lieues du Docteur Frankenstein déconnecté des réalités, Robert Montgomery est un fou de salon. Un fou présentable, sortable et très fréquentable. Les plus terribles. Les plus dangereux. Il a dans ses mains, dans son coeur, un ange. Ingrid Bergman. Autant dire qu'il ne lui montre pas ses roses mais qu'il la montre à ses roses. Ingrid Bergman radieuse. Une habitude qu'elle prit dans l'intermezzo de Gustaf Molander et qu'elle gardera jusqu'à la fin de sa vie. Elle est la proie du fou qu'elle ignore encore. George Sanders, qui restera pour moi et à jamais Sir Brian de Bois-Guilbert dans le Ivanhoe de Richard Thorpe, sera, lui, ce grain de sable, pourtant bien innocent, qui va enrayer la raison déjà abondamment chancelante de son ami retrouvé, Robert Montgomery. Et si cet ami de retour n'était revenu que pour lui prendre son ange ? La maladie n'a plus qu'à faire ses ravages. Elle a de quoi se nourrir. Et elle a faim… Insidieuse, elle va faire son chemin dans le coeur de son maitre torturé. W.S. Van Dyke d'abord puis Richard Thorpe ensuite vont travailler ce tourment sur Robert Montgomery comme des sculpteurs sur leur Tour. Ils vont en faire un être ravagé, détruit par une jalousie sans fondement aucun. Un monstre social, souriant, qui va ourdir les complots les plus fous pour se débarrasser se son adversaire imaginaire…

Organiser sa propre mort pour que les soupçons retombent sur son rival. Ne faut'il pas voir là la maturité monstrueuse d'une maladie terrible. Et ce film nous amène doucement, frissonnant, à cette solution finale, au sommet de l'impensable. Formidable film qui, (même si et je le redis n'apporte pas de réelles surprises puisque nous savons dès le départ), ne nous laisse jamais en paix. Nous souffrons pour cet homme désespérément souriant et rongé. Nous sommes amoureux, avec lui, de cette Suèdoise diaphane au regard perdu devant la folie qui finit par de dévoiler. Et nous compatissons devant le sort réservé à l'ami qui ne demandait rien…que de l'amitié.

Un film qui coule comme une source malgré, dit' on, un tournage des plus houleux. Une source qui cacherait ses mystères, pleine de méandres, de bruits imperceptibles et fuyants , créant le malaise quand on se penche au-dessus et que l'on vient à y boire…Un beau film. De très beaux acteurs. Juste à leur place, même à contre-emploi. Embrassant au millimètre cette oeuvre lourde de sens. Au service d'un mal souvent exploité au cinéma. Jamais avec autant de maitrise et de talent..


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