Ce film, qui tient plus du fantastique que de l'horreur, aurait pu être un très grand film. Et ce pour bien des raisons. D'abord parce que le réalisateur,John Brahm démontre une habileté incroyable pour filmer ses acteurs dans des décors intérieurs et surtout extérieurs de toute beauté, soignés, raffinés à l'extrême. Il avait d'ailleurs montré la même dextérité dans son très célèbre Jack l'éventreur
tourné l'année précedente. On serait amené à croire que le metteur en scène disposait de moyens techniques formidablement efficaces et très en avance pour l'époque, tant la maestria déployée est impressionnante.
De plus, les deux acteurs principaux, la force de la nature Laird Cregar et le très charismatique George Sanders
sont irréprochables, comme ils l'étaient également tous deux dans….Jack l'éventreur,
puisqu'il est bien connu qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Laird Cregar,
qui n'aura pas eu le temps de nous montrer l'éventail de ses talents car il mourut très jeune (28 ans), après le tournage de ce film. En effet, l'exploit (!) de perdre pas moins de 40 kilos pour l'obtention du rôle lui fut fatal. Son visage torturé et fât était le faciès rêvé pour jouer tous les maux du monde. Un mélange de Peter Lorre
et de Richard Kiel,
sans les dents de Jaws quand même. Son rôle de concertiste est en complète contradiction avec son physique de brute ce qui, par contre, est un atout pour le film.
Et George Sanders dont on se demande bien pourquoi il ne joua jamais (à ma connaissance) un Sherlock Holmes
tant il en avait la prestance. La seule approche qu'il eut avec le héros de Arthur Conan Doyle,
c'est quand il fut choisi par Billy Wilder,
en 1970, pour jouer le frère de Sherlock Holmes
dans La vie privée de Sherlock Holmes.
Hélas, il fut remplacé au dernier moment par Christopher Lee.
Comment se fait' il que personne n'est pensé à lui pour ce rôle légendaire ?
Bref : Acteurs, décors, metteur en scène, nous avions donc tout pour que se réalise un excellent film. Mais hélas, si deux ou trois scènes sont très prenantes, comme celle de la célébration du Guy Fawkes day, jour anniversaire sacré pour les Britanniques qui fêtent l'attentat manqué contre le parlement de Westminster, il faut bien reconnaitre que nous nous ennuyons ferme…Et le décolleté plongeant de la très belle et talentueuse Linda Darnell n'y changera rien. Parce que pas de suspense. Parce que des scènes trop prévisibles et trainant en longueur. Aucune originalité dans cette histoire trop convenue. Même un certain parallèle avec La bête humaine
de Renoir,
la loco en moins, et par le côté étouffant et pondéreux du personnage central, George Harvey Bone et ses crises merdiques, même ce rapprochement ne nous évite pas l'ennui. Un scénario tellement probable, attendu, ne laisse aucune chance à une quelconque surprise. Patrick Hamilton, pourtant célèbre auteur de La corde
qu' Alfred Hitchcock
porta au cinéma avec le succès que l'on sait, aurait' il été trahi ? Ou est ce son livre qui était par trop atone ? En tous cas, la belle leçon de cinéma de John Brahm
tourne à vide.
Alors nous nous contentons de nous ballader agréablement, en bonne compagnie quand même, dans cet Hangover Square formidablement éclairé d'ombres, de frissons et de mystères, attendant une intrigue majeure qui ne viendra pas…
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