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Forum : Le Ruban blanc

Sujet : Palme dort...


De Norman Bates, le 19 février 2012 à 09:58
Note du film : 2/6

Il faut toujours se méfier d'une palme d'or… On tombe sur du très bon (le pianiste, pulp fiction, Elephant…) et du moins bon. Le ruban blanc fait parti de cette dernière catégorie. Certes, on est admiratif devant l'esthétisme du noir et blanc et la prestation des acteurs (mention spéciale aux enfants et à Burghart Klaussner dans le rôle du pasteur).
On apprécie également la reconstitution sociale de ce village allemand ancré dans la tradition luthérienne à la veille du premier conflit mondial mais c'est tout. Bien que l'idée soit bonne sur le papier (la montée de la violence et en filigrane celle du nazisme), on s'ennuie ferme pendant près de 2h20. Les scènes se succèdent sans que le spectateur n'y trouve les réponses attendues, on compte alors sur le narrateur pour nous aiguiller sans plus de succès… Bref, passez votre chemin et si vous êtes admiratif du cinéma allemand, préférez Fritz Lang, le Tambour ou la Chute.


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De Nicoco, le 4 mars 2012 à 14:03
Note du film : 2/6

Ce film a très certainement un sens profond mais il n'a pas d'intrigue. C'est donc long et ennuyant. Dommage.


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De Impétueux, le 12 mars 2012 à 22:03
Note du film : 6/6

Ah il est sûr que si l'on aime les films d'action, les poursuites en voiture dans les rues encombrées des métropoles étasuniennes, les coups de feu et les scènes d'hyper-violence, on n'a pas son content dans Le ruban blanc ! Mais si l'on apprécie le cinéma du malaise, de la culpabilité et de l'étouffement, on est stupéfié par le talent qu'y met Michael Haneke, tout aussi obsessionnel ici qu'il peut l'être dans Funny games.

Le Mal. Vaste problème. Mille raisons, ou aucune d'entre elles ? Dans les suppléments du DVD, on se tortille un peu pour exposer que l'angoisse qui sourd et la malfaisance qui règne sont le résultat logique d'une éducation rigoureuse poussée à l'excès, de la frustration et de l'obstination qui en découlent. Par deux fois, dans ces suppléments – dans le macking off et lors de la conférence de presse donnée lors du festival de Cannes 2009 – Haneke dit que, dans Le ruban blanc le Mal survient parce que les enfants se conforment aveuglément et absolument aux règles inculquées par leurs parents. Selon lui, tout idéal moral se pervertit dès lors qu'on l'érige en absolu, ce qui entraîne les comportements monstrueux – mais alors logiques – qu'il filme…

Seulement, lorsque, interrogé par une journaliste qui n'est pas satisfaite de cette facilité un peu trop politiquement correcte sur la raison du comportement des enfants, il répond, bien plus justement qu'il n'y a rien à expliquer et que c'est précisément son principe de laisser la porte ouverte au questionnement.

Je ne connais pas beaucoup Haneke, sûrement à tort, puisque ses films me bluffent toujours ; dans Funny games, les deux glaçants et courtois tortionnaires ne donnent aucune autre justification à leur violence qu'un calme Pourquoi pas ? qui me semble bien plus satisfaisant, tout en restant incompréhensible, que des justifications rationnelles… Des commentateurs un peu simplistes ont même vu dans l'atmosphère rigide, corsetée, hypocrite du village maléfique une préfiguration et une annonce de ce qu'allait devenir l'Allemagne en proie aux démons du national-socialisme, ce qu'Haneke écarte, à juste titre.

Que la culpabilité (mais pas davantage que la rédemption) soit, dans nos sociétés judéo-chrétiennes au centre de nos préoccupations ne fait certes pas de doute, et que l'austérité du luthéranisme appuie encore un peu davantage sur ce ressort n'est pas non plus contestable. J'ajouterais volontiers aussi que les ciels gris presque éternels des contrées orientées vers la mer Baltique, le morne de ces grandes plaines, le frissonnement des bouleaux n'inclinent pas particulièrement à la bienveillance et la légèreté (même si les soleils éclatants, aveuglants des terres arides de Grèce, de Calabre, de Haute-Provence ou de Castille donnent aussi de bien belles tragédies). Et l'organisation sociale de la Poméranie d'avant la Grande guerre ne simplifie sûrement pas les choses.

Mais la malveillance, l'envie, la bêtise, la brutalité qui font fuir la baronne ne sont précisément pas si rares pour expliquer la collection de saletés et de cruautés qui affligent le village : il y a quelque chose de presque démoniaque dans la violence, comme il y a quelque chose d'affreux dans le dégoût et la haine de soi qui animent le médecin dans la scène profondément choquante, d'une cruauté qu'on a rarement entendue avec tant de force, où il vomit tout son mépris et son dégoût pour sa vieille maîtresse.

Haine de soi, pour Haneke, comme pour Elfriede Jelinek, dont il a adapté La pianiste : frustration, violence intime, automutilations – physiques ou mentales -, détestation de l'environnement sociétal, climats malsains, dépérissement de toute chaleur humaine… ce n'est sans doute pas spectaculaire, mais c'est terriblement vrai.

Demeurent nets, impollués, exempts de toute gangrène morale ceux qui ne sont pas du village : la baronne, qui fuit avec ses enfants, l'instituteur-narrateur (Christian Friedel) et sa fiancée Éva (Leonie Benesch), que la survenue de la Guerre, le 3 août 1914, va finalement protéger.

On ne sait pas ce qu'est devenue la terre des maléfices ; il y a lieu de penser qu'elle n'aura pas été trop dépaysée par le national-socialisme.


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De Tamatoa, le 12 mars 2012 à 23:43
Note du film : 3/6

Je vais peut-être vous étonner, pas jusqu'à l'hilarité j'espère, mais ce film que je n'ai pas beaucoup apprécié pour les raisons qu' évoque l'autre contributeur, m'a étrangement ramené à l'admirable Journal d'une femme de chambre…Rouerie des personnages, lieux, atmosphère accablante, grisaille de l'horizon (le frissonnement des bouleaux ..) et des âmes, bourgeoisie mal-odorante. Sans aller jusqu' à la symétrie parfaite, à plusieurs reprises (allant d'ailleurs jusqu'à s'installer de façon insistante) ce ruban blanc m'a renvoyé dans l'univers de Luis Buñuel et plus précisemment à ce film là. Non ?


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De Impétueux, le 13 mars 2012 à 20:26
Note du film : 6/6

Évoquer Le journal d'une femme de chambre me semble singulier, incongru, mais soutenable, bien que la vision de Bunuel me semble plus ricanante, sarcastique, distante que celle de Haneke

Mais pourquoi bourgeoisie mal-odorante – ce qui est exact, et pas populo dégoûtant, ce qui l'est tout autant ? Il n'y a pas plus de patronat de droit divin que de prolétariat d'immaculée conception. Les pauvres ne sont pas meilleurs que les riches. Et en plus, souvent, ils sont moins beaux…


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De Tamatoa, le 13 mars 2012 à 23:32
Note du film : 3/6

Mais pourquoi bourgeoisie mal-odorante – ce qui est exact, et pas populo dégoûtant, ce qui l'est tout autant ?

Parce que le ruban blanc est une histoire d'enfants. Que ces enfants sont déléstés de leur pureté par la pourriture engendrée par des adultes haineux et ne feront que se venger du mal qu'ils ont subi par des institutions oû les pauvres se font rares. Celà étant, et en d'autres lieux, le populo-dégoutant fait également d'Irréversibles ravages.
Les pauvres souvent plus moches que les riches ? Oui . Et le jour oû on me l'a mis sous le pif, ce fut un immense questionnement. Il est toujours présent..


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De Impétueux, le 15 mars 2012 à 22:19
Note du film : 6/6

Des institutions où les pauvres se font rares ? Comme si les pauvres étaient innocents ! Les institutions, si imparfaites qu'elles sont, protègent l'individu de la malfaisance intrinsèque de l'Homme..

Mais c'est un débat lointain. Le ruban blanc est un film admirable et accablant…


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De Viator, le 21 mai 2020 à 21:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

"Haine de soi, pour Haneke, comme pour Elfriede Jelinek, dont il a adapté La pianiste : frustration, violence intime, automutilations – physiques ou mentales -, détestation de l'environnement sociétal, climats malsains, dépérissement de toute chaleur humaine… ce n'est sans doute pas spectaculaire, mais c'est terriblement vrai."

Michael Haneke a écrit son scénario de toute pièce. Pour son film "Das Weiße Band". Celui-ci ne semble pas tiré d’un fait divers allemand.

En visionnant dernièrement et successivement le film "Le Ruban Blanc" puis la série documentaire en cinq épisodes "Gregory, La Malédiction de la Vologne" (1), on ne peut que constater certaines similitudes entre la fiction du long-métrage et la réalité des faits passés dans cette région des Vosges : les silences, les incestes, les suicides, les haines ancestrales, les secrets de famille, les bâtards. Tout y est.

Si le réalisateur autrichien situe son action à la veille de la première guerre mondiale, l’affaire Grégory Villemin reste très proche de nous (début des années 80) et terriblement vraie également.

Il semble que Michael Haneke n'ait point exagéré les choses comme je le pensais de prime abord, à la sortie du film, voila dix ans.

(1) https://www.youtube.com/watch?v=mtJp502_gMY


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