C'est donc un mélodrame de la plus belle eau : femme perdue, pesant secret, chantage, quiproquos tragiques, lourd contraste entre l'élévation des sentiments des amoureux et la vilénie, ou même la simple crapoterie du monde qui les entoure. Recettes éprouvées, larmes à l'œil devant la fatalité, beauté des personnages positifs, laideur (le proxénète Paul Mazuraud – Georges Lannes) ou mesquinerie des salauds (Mario – l'affreux Gabriello,
tenancier du cabaret où danse l'héroïne) ; ciel clair de l'ami fidèle, prêt à tout pour aider Évelyne (et sûrement amoureux d'elle), Henri (Paul Azaïs).
D'abord parce qu'aux manettes de la réalisation, il y a le grand Max Ophuls, son sens enchanté des mouvements de caméra, la virtuosité et l'élégance de ses plans, son sens du rythme et du montage : il n'y a pas de films d'Ophuls
qui puissent être regardés avec indifférence, sans qu'on admire son brio et la sûreté de son regard. Que cela s'applique à une histoire à effets faciles, comme ce Sans lendemain,
ou aux grands films (La ronde,
Le plaisir,
Madame de).
L'édition Gaumont à la demande n'est pas bonne, mais demeure lisible ; la présence d'un sous-titrage (pour sourd, je sais !) permet, aux rares moments où le son est difficilement audible de retrouver les propos échangés. Et puis elle a la grande qualité (comme pour De Mayerling à Sarajevo) de mentionner le réalisateur comme il voulait qu'on l'appelât : Ophuls et non Ophüls : naturalisé français, il jugeait le tréma – l'Umlaut germanique, superflu, et avait tout à fait raison. Quand donc DVDToile se conformera-t-elle à cette évidence ?
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