Ah, bon ! Alors, Théâtre de sang est disponible en DVD ! Excellente nouvelle. Il se trouve justement que mon amie G… est actrice et qu'elle vient de voir sa pièce démolie par bon nombre de critiques tous plus jaunes et acariâtres les uns que les autres . Acteurs qui lisez ce message, si vous êtes dans la même situation que G…, cette réjouissante farce macabre est pour vous !

C'est l'histoire d'Edward Lionheart, le plus grand acteur shakespearien vivant, du moins à son avis, qui se fait souffler par un bataillon d'éminents critiques le grand prix annuel remis au meilleur interprète des rôles de Shakespeare. Et il le prend très mal, il faut le dire; très, très, très mal…

Les critiques de théâtre du Tout-Londres passent à la moulinette les uns après les autres et leur agonie – avec un crescendo au plan des méthodes qui demande des nerfs bien accrochés – est chaque fois inspirée d'un passage de Shakespeare. Mais alors, me direz-vous, la livre de chair dans Le Marchand de Venise…? Eeeeh ben oui, que voulez-vous. Et encore, ça ce n'est que le premier meurtre !

Dans le rôle d'un cabotin amoureux de lui-même au point de disjoncter vraiment grave, Vincent Price ne pouvait qu'être parfait ! Car si vous adressez le moindre reproche à son jeu, je répondrai à chaque fois mais non voyons, c'est son personnage, c'est Lionheart qui est un acteur ayant tendance à en faire trop, ce pourquoi d'ailleurs il se fait souffler le prix Shakespeare… Diana Rigg est perverse à souhait dans le rôle de sa fille et âme damnée, prête à tout pour prouver à la face du monde le génie incompris de son papa, certes un peu serial killer sur les bords mais combien génial en Roi Lear ! Du côté des victimes, une mention spéciale pour l'excellent Robert Morley… ainsi qu'à ses excellents caniches.

Theatre of Blood est un suspense horrifique qui donne volontiers dans le flamboyant, voire le tape-à-l'oeil, mais sans jamais se prendre au sérieux. C'est une manière de concentré du style Hammerhouse, mâtiné par la satire et l'humour noir. On reconnaît l'imaginaire inimitable de cette honorable maison, par exemple dans les scènes où le comédien devenu génie du mal et sa fille toute dévouée se sont inféodés les clochards des bas-fonds de Londres comme exécuteurs des basses oeuvres.

Bref, c'est un film d'horreur où on se marre comme une baleine !

Mon amie G… va être contente d'avoir ce DVD. Pour plus de sûreté, toutefois, je lui spécifierai : Attention, G… : j'ai dit « petit remontant », pas « petit mode d'emploi » !