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Sujet : J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise


De Arca1943, le 28 janvier 2011 à 01:32

La bonne nouvelle, c'est que les enquêtes d'Aurelio Zen – inspecteur puis commissaire de la Questura de Rome – superbe série de romans policiers signés par l'italianisant britanno-américain Michael Dibdin, viennent d'être portés à l'écran par la BBC. Les trois premiers, en tout cas : Ratking, Cabal et Vendetta. Rufus Sewell incarne Zen et Catherine Spaak (dont l'anglais est excellent, voir Tuesday it must be Belgium et Hotel) joue son encombrante mamma vénitienne qui déteste Rome. Et si l'on doit s'attendre bien sûr à une vision anglaise de l'Italie, elle devrait cependant être supportée – c'est à espérer en tout cas – par l'érudition et la compréhension de l'intérieur qu'en avait l'auteur des romans d'origine, prof d'anglais en Italie, grand lecteur de Sciascia notamment, et qui connaissait son affaire Moro jusque dans les petits papiers.

Cet usage de l'imparfait annonce évidemment la mauvaise nouvelle, qui m'était passée complètement à côté alors que je suis un fan : le 30 mars 2007, il y a plus de trois ans donc, le très talentueux Michael Dibdin est mort à Seattle à l'âge prématuré de 60 ans. Son premier roman fut un brillant pastiche de Sherlock Holmes. Puis il publia Ratking, première enquête de Zen, qui fut un succès immédiat et lui valut le Gold Dagger Award (prix très convoité dans le petit monde des crime writers anglophones).

Ce qui fait tout le charme et le cool d'Aurelio Zen, c'est qu'il n'est vraiment pas un naïf. Il a bien compris que là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie et que la nature humaine n'est guère reluisante. Et bon, certes, il faut résoudre l'énigme très embrouillée – ce qu'il réussit toujours à faire, en fin de compte – mais ça n'a rien à voir avec l'amour de la vérité, qu'alliez-vous chercher là ! Allons, ce serait insulter Zen que de le prendre pour un idéaliste qui "y croit" encore. C'est plutôt que d'avoir le fin mot de l'énigme, eh bien ça lui fournit un levier, ça lui met des cartes en main dont il peut ensuite se servir judicieusement pour obtenir divers avantages et maintenir sa position, supplanter un concurrent – voire manoeuvrer pour devenir commissaire – au sein du complexe et fuyant "système" italien. Car il faut vraiment savoir manoeuvrer, entre les collègues aussi arrivistes que lui, les supérieurs qui se méfient de ses trop bons résultats, les politiciens ex-démochrétiens ou ex-communistes qui font leurs petites pressions sur l'enquête, lesm mystères non résolus de la République qui planent dans les corridors du pouvoir, et tout et tout…

Que du bonheur.

Il y a même un épisode (je ne me souviens plus lequel) où Zen court derrière le coupable – qu'il a brillamment démasqué – en criant : "Je ne veux pas vous arrêter, je veux un pot-de-vin ! Je suis corrompu ! Allez, quoi !" – mais le coupable, qui a sa morale, refuse obstinément. Et voilà, c'est ainsi qu'Aurelio Zen ne devient pas corrompu…

Pour les lecteurs intéressés, il est IMPÉRATIF de lire les onze enquêtes de Zen dans l'ordre, car l'évolution du personnage est un des grands plaisirs du récit ; de plus, ça court sur vingt ans d'histoire italienne.


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