Un film qui a étonnamment bien supporté le poids des années. A part quelques petits problèmes de rythme, "Stepford wives" est dans la droite lignée de "Rosemary's baby", mêlant satire sociale ancrée dans son époque (le women's lib) et suspense paranoïaque. C'est très joliment filmé, l'emploi permanent de la longue focale donne une ambiance irréelle et Katharine Ross trouve le rôle de sa vie, elle est absolument parfaite. A noter que Paula Prentiss évoque irrésistiblement Geena Davis et qu'une des fillettes est jouée par Mary Stuart Masterson ("Comme un chien enragé"). Le remake qui vient d'être tourné donne une vision comique du sujet. Tant mieux : car tel quel, ce film n'avait pas besoin d'être refait.

Il y a bien longtemps que j'ai vu ça. Je le reverrai dès que je pourrai mettre la main dessus : car c'est avec Katharine Ross !

Pour ce qui est du roman, que j'ai ici dans sa vieille édition hardcover, c'est vraiment une petite merveille dans son genre.Au fond, le matériau de base de ce suspense paranoïaque est une anti-utopie. Intrigué par celle nouvelle idéologie (le féminisme), Levin lui imagine une sorte de backlash social cauchemardesque, en jouant aussi sur le thème (courant aussi chez Stephen King) de la banlieue nord-américaine qui à force de banalité et d'uniformité devient angoissante.

Le résultat est son suspense sans doute le plus original, qui fait le pont entre Rosemary's Baby (autre récit où un personnage féminin se trouve au centre d'une machiavélique conspiration) et Un Bonheur insoutenable (jamais porté à l'écran), cauchemar futuriste aseptisé où Ira Levin se mesure à Huxley, Orwell et Zamiatine.