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Forum : Mammuth

Sujet : Tendre, drôle....déroutant !


De Gilou40, le 7 mai 2010 à 01:14
Note du film : 4/6

C'est avec une certaine réticence que j'ouvre ce fil. Parce que Mammuth est un film de vrai cinéphile. Et vous re-dirais je que je n'en suis pas une ? Alors souffrez que la spectatrice que je suis vous fasse part de ses impressions au sortir de la projection…

Cette œuvre, qui semble filmée avec un mauvais caméscope, voire un téléphone portable,(est ce voulu ?) est pourtant bigrement attachante ! Le truculent Kervern et le licencieux Delépine nous prouvent ici, qu'ils ne sont pas seulement les débauchés graveleux de Groland. On me dit qu'ils ont commis d'autres films. Je ne savais pas. Mais très franchement, c'eut été dommage de ne pas commettre celui-là. Et le grand vent que Gérard respire sur sa moto, à la recherche de ce qui n'est plus, nous transporte d'aise.

Mammuth ou comment la vie d'un retraité peut se transformer en une espèce de périple genre Route 66, et ou les villes d'Albuquerqe, Amarillo, ou St Louis seraient remplacées par des Jobs éparpillés un peu partout, au gré d'une vie bien remplie. Nous retrouvons notre Depardieu brut(e) de décoffrage, frisant les 140 kilos, et les cheveux très longs, en retraité enfourchant sa moto Mammuth (d'où son surnom) et partant à la quête de ses anciens employeurs, espérant récuperer les "papelards" lui permettant de vivre une retraite, sinon confortable, du moins tranquille. Car même si elle fut presque entièrement consacrée aux salaisons, cette vie de labeur fut peu rémunérée. Car le cochon n'est pas payeur. Fernand Raynaud nous avait prévenu, en son temps.

Les moments drôles alternant avec une réalité crue, accueillie par les spectateurs avec plus ou moins de moues outragées, c'est un film fait avec trois bouts de ficelle ( est ce pour cela que Depardieu n'a pas demandé de cachet ?) genre Le producteur s'est tiré avec la caisse qui nous prend le cœur dès le début, sans jamais le lâcher jusqu'à la fin ou Depardieu referme une porte et nous laisse, pas rêveurs, mais interrogatifs sur nous-même ….

C'est bizarre : Tout le long du film, on attend un grand coup de boule de Gérard. Et il ne vient pas ! Et on n'est pas déçus… Ce mastodonte de talent et d'assurance n'est pas là pour nous rejouer Le choix des armes et encore moins Astérix. Auquel, par ailleurs, il ressemble énormément, le costard et le menhir en moins. Il a la soixantaine (dans le film), il est "arrivé", et ce voyage forcé dans les méandres de sa vie ne l'enchante guère, même si il nous ravit. Le passé est pesant, même si filmé avec une sensation de rêve éveillé… Mammuth ou pourquoi il nous faut éviter de refaire le chemin en sens inverse… Depardieu et sa vie entière sur ses épaules pourtant larges, mais qui semblent ne pas suffire. Et puis qui dit "refaire le chemin" implique aussi se rappeler ce que l'on a mis tant de temps à oublier…

Ce souvenir douloureux et grinçant dans sa mémoire prendra les traits de d'Isabelle Adjani. Discrète pourtant. Discrète mais ensanglantée. Un amour perdu dans un virage, quelques part en ce monde, entre Royan et le reste de l'univers. Un amour de moto. Une Adjani qui revit dans la mémoire de celui qui ne voulait plus se souvenir. Parce que la mémoire a un commencement et une fin. Et ces frontières ont des visages. Je viens d'évoquer celui du début, la dernière, la "ligne d'arrivée", ressemblera à Yolande Moreau, purement, simplement et tendrement géniale…

Pendant son périple administratif, notre pachyderme reprendra à plusieurs reprises le dernier pour la route : jeu masculin que la morale réprouve, jeu non moins interdit pas la société toute entière avec une "nièce" désemparée qui en veut, une belle brune égarée dans son road-movie, et le tout encouragé par son douloureux souvenir, qui, de toutes façons, ne peut plus lui en tenir rigueur… Avant de rentrer et dire son amour à celle qui reste. Mais lui dire, peut être, comme s'il n'avait plus le choix… Immense, énorme acteur qui ne sait plus ou donner de son talent. Gérard Depardieu n'est pas un acteur, c'est l'Acteur qui est Depardieu…

Que reste-t-il de nous, après une vie de labeur ? Quand on ne peut plus mentir avec les ans et les kilos, la fatigue ou l'amertume ? Avec ce qu'il nous reste de temps ? Mammuth vous répondra… Et je vous encourage tous à aller voir ce film surprenant de poésie inattendue…


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De Gilou40, le 3 août 2010 à 16:29
Note du film : 4/6

Pas un d'entre(s) vous n'a été voir ce film ? Curieux…


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De Gilou40, le 16 mai 2011 à 21:51
Note du film : 4/6

Le Gérard de la contributrice de DVDTOILE qui insiste lourdement, très, trop lourdement comme si c'était elle qui avait réalisé la nouillerie qu'elle veut nous imposer sans comprendre qu'on s'en fout complètement tellement elle est nase, est attribué à : Gilou40 !

D'accord, mais demain 17 mai, Mammuth passe sur Canal + à 20h30 . Jetez y un coup d'oeil…


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De Arca1943, le 16 mai 2011 à 22:11

Ça a vraiment l'air très bon. Si seulement le film sortait ici, je pourrais vous en parler, mais on l'attend toujours… J'aimerais bien retrouver Depardieu en pleine forme, pour changer.


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De Impétueux, le 19 mai 2011 à 23:09
Note du film : 3/6

J'ai vu, et je ne suis pas très convaincu ; j'ai regardé Mammuth avec sympathie, sans agacement, hors quelques séquences sur quoi je reviendrai, avec beaucoup d'admiration pour le jeu de Gérard Depardieu, qui n'est pas si souvent que ça, les dernières années, canalisé et maîtrisé, et surtout pour Yolande Moreau, la meilleure actrice française contemporaine avec Sandrine Bonnaire.

Je m'attendais naïvement à ce que Mammuth soit un peu l'équivalent charentais des films de Robert Guédiguian à Marseille ou de Karnaval et Quand la mer monte pour le Nord de la France : voilà des films sensibles et intelligents qui, sans trop appuyer sur les cordes hypersensibles du mélodrame, sans trop jouer à la guerre sociale (bien que certains engagements soient clairs) montrent une réalité en voie de disparition dans le cinéma d'aujourd'hui : le prolo, l'ouvrier, le col bleu, espèce qui n'a absolument, mais vraiment absolument rien à voir avec l'habitant des cités de banlieue (qui n'est pas sans intérêt, hâtons-nous de le préciser avant d'être accusé de je ne sais quoi !) qui est, lui, scruté et disséqué à l'envi.

Ce monde-là est un gisement extraordinaire de situations, d'attitudes et de visages, qui était le quotidien des films de jadis et naguère et qui ne l'est plus, sinon marginalement de nos jours : on peut en tirer infiniment de choses qui résonnent presque immédiatement au cœur de chacun, alors même que tout ce qui est aventure de police, d'espionnage ou de fantasmagorie est perçu, à juste titre, comme largement extérieur à la réalité ;

Mammuth commence ainsi, dans une sorte d'hyperréalisme qui fait songer aux merveilleuses enquêtes du magazine Strip Tease mais dérape trop vite dans un onirisme un peu enquiquinant.

Comment expliquer la présence et les apparitions fantomatiques d'Isabelle Adjani qui est plutôt cheveu sur la soupe que cerise sur le gâteau ? On imagine assez bien que les auteurs de Mammuth, Gustave de Kervern et Benoît Delépine dans une spirale de copinage mutuel ont demandé à la star de figurer dans leur film, ne serait-ce que pour mieux convaincre les producteurs de financer leur travail ; et qu'ils se sont ensuite préoccupés de lui trouver une raison d'être : et ça donne ces apparitions oniriques et inutiles où, telle une blanche Ophélia flottant comme un grand lys (mort ; calmons-nous : c'est de Rimbaud) elle apparaît, hiératique et ennuyeuse, comme à son habitude. Comment ne pas voir les maladresses et les balourdises (Serge – Depardieu faisant les cent pas chez lui) et les curieuses naïvetés qui n'auraient pas eu lieu d'être si les auteurs avaient pris le parti de conter, simplement, la quête d'un brave type à la recherche de bulletins de paye dont il a besoin, et non pas le pseudo itinéraire mental d'un type qui a des comptes à régler avec son passé ?

En bref, à mes yeux, tout ce qui est du côté du réalisme et de la véracité est excellent, tout ce qui prétend s'en dégager est prétentieux. Et ça peut donc se regarder. Mais ça ne vaut pas autant que ça prétendrait aller.


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