Admirable film de Don Siegel, tiré de faits réels, qui démontre que le choix du réalisme au cinéma, s'il est en apparence moins spectaculaire, en revanche peut se révéler un étonnant générateur de suspense. Quand j'avais vu ça en salle, je m'en rongeais les ongles. Sobre, rigoureux et tendu. C'est aussi un des meilleurs rôles de Clint Eastwood, qui doit ici laisser tomber plusieurs attributs coutumiers de son personnage pour avoir l'air moins invincible que d'habitude. Ses partenaires moins connus sont aussi excellents et il fait plaisir de retrouver le trop rare Patrick McGoohan en directeur de prison.

Totalement d'accord avec Arca : c'est avec "Les Proies", "Dirty Harry", "L'enfer est pour les héros " le nectar de Donald "Don" Siegel.

Comédien "atone" par exception (c'est un compliment !) Clint se fond admirablement dans l'univers froid et déshumanisé de son réalisateur favori, avec Leone. Quelques séquences qui me restent en mémoire : le prisonnier privé de peinture qui se coupe les doigts à la hache… les mannequins fabriqués par les évadés.. McGoohan qui découvre une fleur laissée par les évadés, preuve de leur fuite réussie…

Anecdote amusante : à McGoohan qui lui demande pourquoi il n'utilise pas une doublure pour filmer sa main en gros plan, Siegel lui rétorque : "car il n'y a personne à Hollywood qui tremble autant que toi !", McGoohan étant accro à l'alcool… avant d'envoyer l'homme sans nom soigner les sensibilités blessées !

C'est un très bon film, remarquablement prenant, bien meilleur que le très adoré Les évadés.

L'action ne perd pas de temps: dès le générique Clint, remarquable de sobriété du début à la fin, rentre dans la prison sous un temps abominable et n'a dès lors de cesse de vouloir s'évader de la citadelle d'où personne ne s'est jamais échappé.

A l'image du jeu de Patrick Mc Goohan, à qui il ne faut pas beaucoup de scènes pour marquer durablement les esprits, l'économie de moyens déployée est assez remarquable. Visiblement Don Siegel s'est réellement inspiré du Robert Bresson de Un condamné à mort s'est échappé. Ce dernier film s'inspirait d'ailleurs d'une oeuvre plus ancienne de …Siegel, Les révoltés de la cellule 11.

Seul bémol: les vrais prisonniers étaient vraisemblablement moins sympas que la plupart de ceux qui sont décrits ici.

Comme le fait remarquer Arca, certaines images restent durablement en tête.

Un grand Siegel, peut-être moins original cependant que Les proies ou Charley Varrick.