Charles Némès est le réalisateur de La tour Montparnasse infernale, grotesque et minable….Fallait 'il renoncer pour autant à voir ces Les Héros n'ont pas froid aux oreilles ? C'est mal connaître Gilou… Et je ne le regrette pas ! Parce que rarement on a su aussi bien filmer la vie de deux pauvres types, et faire ressortir au plus juste la médiocrité de leurs existence !
Offert à notre gourmandise juste avant l'explosion des Bronzés ( Une apparition très furtive de Clavier et Chazel. Plus rapide encore celle de Lhermitte. Il n'y a que Blanc qui a droit à un petit monologue d'une trentaine de secondes. Oui, les copains étaient près pour partir à Guadasuinda, au club Med…) cette descente dans la bassesse humaine est une reussite. Façon Némès, peut être, mais une reussite. Alors, j'entends déjà les quolibets :
"-Et vous vous êtes emmerdée à voir ça ?-"
"-Trouvez vous un autre fan et fondez un club !-"
"-
Auteuil/Jugnot c'est une plaisanterie ?-"
"- Elle le sait ta mère que tu babilles sur DVD Toile à des heures pareilles ?-" etc, etc….
Et pourtant, la vie pathétique de ce binome, dont on ne sait jamais si ils sont frères ou cousins, mérite le détour.
Imaginez Les misérables en costards cravates. Avec deux Jean Valjean minables pour une seule Cosette. Car ils ne s'agit pas de SDF ! Là, encore, on aurait pu crier au navet navrant. Mais nos héros sont en l'occurrence, des gens très bien. Respectables et respectés comme nombres de tâches qui hantent cette société que d'aucuns prétendent de M….e. Employés de banque zélés, ils vivent ensemble par un pur souci d'économie. Guettant les huissiers ou quêteurs de tous poils, ils mènent une vie fade et triste entre leurs tranches de jambon journalières et leurs envies refoulées. Les petits tracas de tous les jours sont leurs grandes aventures. Et un week-end plus triste que les autres, ils décident de partir à la conquête d'une route départementale qui les menera au moins jusqu'au département voisin. Ah ! l'aventure… Et ce mot, chez eux, prend une tournure digne de Indiana Jones quand il rencontrent sur la route une auto-stoppeuse. Laquelle préférera la R5 Gordini d'un bellâtre à leur Ami6 Citroën, pourtant louée à grands frais avec leurs fonds de poches …
Ils n'auront de cesse que de suivre le petit bolide et la rousse de leurs rêves réfugiée à l'intérieur. Ils se feront semer,bien sur. Mais la chance souriant à la canaille et aux pauvres mecs, ils la repèreront, arrêtée dans une station service ou le béllâtre a invité la belle à dîner. Qu'à cela ne tienne ! Ils attendront la nuit, mettront la R5 en panne et attendront que le couple reparte. Et une R5, toute Gordini soit-elle, ne supportant pas écorces d'oranges, chips, et sucre dans son réservoir, elle refusera de continuer à jouer les carosses….
Navrés, profondément désolés pour l'Amoureux en panne, les deux tristes sires récupéreront la belle…
Elle connaîtra les envies, les phantasmes, les tares, la misère sexuelle et morale de ses nouveaux compagnons qui, de retour à Paris et veules jusqu'au bout, lui proposeront le gîte et le couvert. Et puis la découverte ( dans le journal) de la fugue de leur protégée, mineure, et d'un chèque conséquent si retour aux parents, à la clé, va changer ces aventuriers de l'Amour en businessmans bien dégueulasses….Ils remettront le couvert, nos héros, quatre ans plus tard, dans Pour cent briques t'as plus rien…, mais ce sera beaucoup plus drôle. Pas plus grandiose, loin de là, mais plus drôle…
Plus lâches, plus écœurants, plus bas, on ne peut pas ! Et qu'est ce qu'ils sont bons, la-dedans, nos héros ! Et c'est la course au plus pathétique des deux entre Jugnot et Auteuil ! Ils faut les voir, à la fin, devant ce lave-vaisselle, payé par le chèque du papa…Ils se regardent….Générique.
Bergman ? Visconti ? Monicelli ? Non, pas ce coup ci ! Juste Némès. Mais c'est bien vu …Et sans Maccione !
Vraiment pas un grand film ! Vraiment même un tout petit film ! Le genre de film sur lequel on a vraiment pas besoin d'étaler trois pages pour le commenter. Je l'ai vu ce soir, je l'aurai oublié dés demain matin, mais j'ai tout de même passé un moment qui n'avait rien d'un supplice. Auteuil et Jugnot sont rigolos mais on les préférera très clairement dans Pour cent briques t'as plus rien de Molinaro auquel on ne cesse durant tout le long de penser au point qu'il a presque l'air d'être une suite aux Héros n'ont pas froid aux oreilles.
La fin est en effet extrêmement originale et l'effet de surprise fonctionne ; les deux gugusses que l'on a pris pendant une heure vingt pour des gentils garçons sont en réalité des salauds particulièrement lâches. Par contre les photos de Auteuil et Jugnot qui s'étalent au moment ou les deux compères partent en voiture sur une chanson vraiment très très très ringarde sont d'une nullité absolument hilarante !
Tout cela ne casse donc pas trois pattes à un canard.
Tout à fait d'accord, mille fois d'accord avec Gilou40 ! Ce film qui pourrait passer pour un navet est loin d'en être un ! L'introspection méticuleuse de la vie de ces deux pauvres types, ces ratés, est une petite merveille ! Et le titre de ce forum est rudement bien trouvé. On nage dans le nauséabond classieux du début à la fin. Comment ce film pourrait-il être mauvais quand il s'agit de décrire l'existence (si s'en est une) de ces deux larves présentables. Peu importe la mise en scène, le nom du chef opérateur, que les copains du Splendid viennent faire un p'tit clin d'oeil chacun à leur tour. Il suffit de les suivre, ces deux minus en col blanc, façon reportage TF1 bien léché, car ni petit film, ni grand film : La survie des minables en milieu urbain. Et dire qu'aucun mec ne se reconnaîtra dans ce portrait acide, virulent, qui pue la télé-réalité…
Il y des scènes qui foutent le frisson ! La mariée qui sort, ivre, du bistrot où elle vient de célébrer son mariage, en pleine zone industrielle froide et désertifiée de toute humanité. Le mari qui la rejoint, bourré lui aussi, dans ce désert glacé… Sous les yeux de nos deux baltringues attendant, dans leur vieille Ami 6, la bonne fortune, le pilon de poulet mayonnaise à la main. Descendre aussi bas dans le cradingue moral, dans l'abject, ça en devient jouissif ! Et pourtant, qui n'a pas connu ces rebuts de la société, pourtant employés de banque, autant dire fort respectables, mais qui ne voient pas plus loin que leur nez de dégueulasses ? Il en traînent comme ça des légions, propres sur eux …Des salauds particulièrement lâches, bien vu ami Frétyl ! Mais vous finissez en disant Tout cela ne casse donc pas trois pattes à un canard.. Le film nous montre surtout que s'il fallait casser trois pattes à un canard pour mâter juste un bout de sein, dans la misère sexuelle où ils se trouvent, c'est le canard tout entier qu'ils tueraient. Il sont immondes ! Et je crois qu'ils s'en rendent compte, à la toute fin, devant leur machine à laver… J'ai adoré ce film ! Ah ! Ca secoue ! Pas de rires, des hauts-le-coeur !
Ça se traîne, ça patauge, ça patouille, ça s'englue. Si Anne Jousset est une catastrophique comédienne et n'a d'ailleurs pas fait carrière, on ne peut en dire autant des deux compères ; mais ils ne sont là qu'à l'orée de beaux parcours. Le talent est une chose, assurément, mais, hors exception, il n'éclate que par l'expérience et le travail.
Je vous trouve un brin trop sévère. Je regrette personnellement de ne pas avoir pas pu être chez moi Dimanche soir pour revoir ce petit film. Je me souviens que la scène de la roue avec Thierry Lhermitte m'avait bien fait rire.
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