Forum - Katyn - Nuit et brouillard
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Sujet : Nuit et brouillard


De droudrou, le 22 mars 2010 à 13:09
Note du film : 6/6

A la différence de notre ami Impétueux ce dimanche soir j'avais envie de me plonger dans la vision d'un sujet sérieux n'ayant pas de temps à perdre avec des élucubrations qui depuis quelques temps font (hélas) le bonheur de dvd-toile provoquant un peu plus cette désaffection que certains contributeurs regrettent soudainement pour des raisons vraisemblablement très subjectives ! Alors que le fil de la rafle sombre dans et vers je ne saurai trop quoi j'ai regardé Katyn le film de Wajda qui traite d'un autre massacre historique où la guerre du mensonge et de la désinformation ont été caractéristiques de deux « civilisations » totalitaires de cette première moitié du 20ème siècle.

Je cite le texte qui figure sur la jaquette du dvd sorti récemment aux Editions Montparnasse :

Après l'invasion de la Pologne au printemps 1940, la police soviétique massacre des milliers de prisonniers de guerre polonais, officiers et officiers supérieurs. Les plus grands charniers sont découverts en 1943, dans la forêt de Katyn. Afin de camoufler ce crime de guerre, Staline engage alors une vaste campagne de désinformation. Alors que la guerre suit son cours sur d'autres fronts, dans une Pologne occupée, des milliers de familles cherchent à comprendre ce que sont devenus leurs proches. Pour certains, il faudra attendre plus d'un demi siècle pour que le mensonge tombe.

Le massacre de Katyn a fait l'objet d'une première campagne d'information à l'encontre du régime totalitaire soviétique quand les troupes allemandes ont découvert les premiers charniers puis avec la progression de la guerre et la reconquête de l'espace perdu par les troupes soviétiques l'occasion devenait trop belle pour camoufler un massacre idéologique et l'attribuer aux nazis. Face au totalitarisme soviétique ces intellectuels polonais (militaires ou civils) de confession catholique pour la plupart représentaient un danger hégémonique qu'il fallait éradiquer par la déportation ou l'assassinat.

Le film s'ouvre sur un pont et d'un côté sur la vision d'une foule qui fuit l'invasion allemande tandis que de l'autre côté d'autres gens fuient devant l'invasion soviétique et qu'un épais nuage de fumée vient masquer l'ensemble qui va sombrer dans l'opacité de la désinformation.

Film très bien fait qui s'enrichit des suppléments du dvd

« Entre propagande et désinformation » les archives nazie et soviétique consacrées à Katyn.

« Post Mortem » entretien avec Andrzej Wajda

« Le martyrologue Polonais »

« Un grand témoin » ou Joseph Czapski raconte Katyn dont je retiens les éléments suivants comme pour l'holocauste les alliés ont disposé rapidement de l'information mais dans la mesure où le jeu des alliances marquait et infléchissait la politique le mur du silence a masqué un peu plus une horreur qui, évolution des temps, ressortirait bien plus tard !

Récemment j'invitais Frétyl à lire « Mila 18 » de Léon Uris roman sur l'occupation de la Pologne qui aboutit au soulèvement du ghetto de Varsovie et qui permet de faire référence à un autre film de Wadja « Kanal ».

Note personnelle à propos de « Entre propagande et désinformation » dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale de nombreux comités faits d'anciens combattants de la première guerre mondiale à tendance communiste ont organisé des réunions publiques avec projection de bandes cinématographiques allègrement puisées dans les archives nazies pour mieux idéaliser le nouvel ordre mondial dont ils se voulaient être les représentants en disant « plus jamais cela » alors que la conspiration du silence demeure toujours d'actualité face aux grands faits caractéristiques de notre civilisation !

Si les faits se sont délités avec le temps de la mémoire publique « j'avais 6 ans à l'époque » en revanche les images sont demeurées gravées dans ma mémoire de ces charniers dont on extrayait des cadavres assassinés à bout portant d'une balle ou simplement enterrés vivants et qu'il me semble avoir évoqué déjà à l'occasion de la publication du « roman » Les bienveillantes de Jonathan Littel ! Livre dans lequel je vais devoir me replonger afin de vérifier s'il fait allusion ou non à Katyn et de quelle manière !


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De droudrou, le 22 mars 2010 à 14:11
Note du film : 6/6

tout à fait cher ami mais l'humour n'est jamais compris que je sache par l'expérience du temps ! y compris quand on veut être sympa ça tombe dans l'apathie ! J'en ai fait la douloureuse expérience !


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De droudrou, le 22 mars 2010 à 14:49
Note du film : 6/6

hélas non ! Je sais quand même noter vos interventions ami AlHolg !


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De stronibein, le 22 mars 2010 à 18:27
Note du film : 5/6

"Katyn" est un réquisitoire sans appel contre le communisme en général et le stalinisme en particulier.

Film dur, film choc, mais film utile…

Le 17 septembre 1939, l'Armée rouge envahit l'Est de la Pologne pour se partager le pays à l'amiable avec l'Allemagne.

Le 17 septembre 2007 est la date qu'a choisi Andrzej Wajda pour la première de son film Katyn, film dédié à ses parents. Son père, Jakub Wajda, était capitaine dans l'armée polonaise. Il a été assassiné,comme des milliers d'autres Polonais, par le NKVD, la police politique de Staline.

Entre le 3 avril et le 13 mai 1940, plus de 4 400 prisonniers furent transportés de Kozielsk, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, située à environ 50 kilomètres de la frontière biélorusse où ils furent abattus d'une balle dans la nuque et ensevelis dans des fosses communes.

Les 3 896 prisonniers de Starobielsk furent assassinés dans les locaux du NKVD à Kharkov et les 6 287 hommes détenus à Ostaszków tués à Kalinine. Les massacres ont donc concerné au cours de ces seuls trois mois plus de 14 400 Polonais. Il faut ajouter à cela près de 7 800 membres de réseaux de résistance et fonctionnaires divers, non mobilisés dans l'armée, qui, au titre de la décision du 5 mars 1940, furent fusillés par les OSO (Conseil spécial de la Police) .

Le film d'Andrzej Wajda commence donc le 17 septembre 1939, sur un pont où deux foules se pressent en sens inverse: l'une pour fuir l'Armée rouge, l'autre la Wehrmacht.

Ce film est une fiction, mais il est basé sur des histoires et des épisodes authentiques. Des images d'archives tournées par les Allemands lors de l'exhumation des corps en 1941 ont même été utilisées par Wajda qui tient à ce que son film colle au plus près avec la réalité connue du moment.

Les principaux personnages du film ne sont pas les officiers polonais, mais leurs épouses, mères, soeurs, toutes ces femmes qui sont restées dans l'ignorance, le doute et le mensonge pendant de nombreuses années. Un hommage à sa mère, qui comme des centaines d'autres femmes a refusé d'accepter l'inacceptable. Une bonne partie du film se déroule à Cracovie et raconte l'attente des femmes entre 1939 et 1950

Au printemps 1943, les militaires allemands mettaient à jour plus de 4 500 corps d'officiers polonais empilés dans plusieurs fosses. Radio-Berlin rendit la découverte publique le 13 avril 1943 en accusant les Soviétiques du forfait. Deux jours après, ceux-ci nièrent leur responsabilité sur les ondes en répliquant que les Nazis avaient commis ces atrocités lors de leur avance au cours de l'année 1941.

Les dirigeants du Reich convoquèrent une commission internationale d'enquête médicale, composée d'experts venant pour la plupart de pays sous contrôle allemand.

La Commission internationale publia ses conclusions fin mai : toutes les données recueillies, aussi bien les traces physiques que les témoignages, concouraient à placer le massacre au printemps 1940

À la fin des hostilités, les Soviétiques déclarèrent zone interdite la région de Katyn, refusèrent toute enquête par des organisations internationales. Ils organisèrent, à l'aide des partis communistes locaux, selon la technique éprouvée de l'amalgame (ceux qui mettent en doute la thèse soviétique sont des pro-nazis), une campagne internationale pour discréditer les personnes connaissant le dossier et chasser de leur poste d'enseignant les membres de la Commission internationale de 1943. Le gouvernement communiste polonais quant à lui censura la question en accord avec la position soviétique.

Par ordre secret n° 0011365 du 25 octobre 1940, fut dressée une liste des primes signée par Lavrenti Beria en personne, qui accordait à 44 fonctionnaires du NKVD une prime mensuelle de 800 roubles chacun " pour avoir exécuté de manière efficace des devoirs spéciaux ". Katyn était ainsi devenu un sujet tabou en Pologne et la vérité sur les crimes communistes ne fut connue que beaucoup plus tard.

Wajda déclare lui-même que ce film n'aurait pas pu voir le jour avant, ni dans la Pologne communiste, ni en exil, en dehors de la Pologne, où il n'y avait pas d'intérêt pour le sujet.

Ce n'est qu'en 1990, que Mikhail Gorbatchev, désirant assainir les relations avec la Pologne, reconnaissait que le NKVD était responsable du massacre et présenta des excuses officielles au peuple polonais.

En 1992, Boris Eltsine, ouvrant au public les archives des dirigeants de l'URSS, remit à Lech Walesa, plusieurs documents émanant du comité central, dont l'ordre d'exécution des officiers polonais.

Cependant, la transparence sur Katyn est encore loin d'être complète. En effet, la Russie refuse toujours de transmettre des documents sur le sujet, encore classés secrets.

Pour Wajda, ce film n'est que le premier sur le sujet. Un film que toute la Pologne attendait. Il espère que d'autres films suivront.

Par exemple, un film sur les antinazis allemands réfugiés en URSS, que le NKVD livra à la Gestapo sur ordre de Staline, comme Margarete Buber Neumann. Son témoignage lors du procès Kravtchenko, à Paris, en 1949, fit l'effet d'une bombe et lui attira la haine des communistes français. C'était la première fois qu'un témoin digne de foi venait attester l'existence de camps de déportés politiques en Sibérie et souligner la collaboration politique et militaire entre l'Allemagne nazie et l'URSS communiste durant les 21 premiers mois de la seconde guerre mondiale..


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De droudrou, le 22 mars 2010 à 22:55
Note du film : 6/6

Parfaite cette intervention qui restitue le cadre du film et ses compléments – je pense que cette vision s'accompagne très bien de revoir La vie des autresqui nous plonge au coeur d'un ancien régime totalitaire où l'état se veut omni présent pour diriger la pensée de chacun par le biais de la culture (travail – famille – disponibilité totale envers le parti – la patrie – oubli de la personnalité – perte des repères confessionnels).


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De vincentp, le 22 mars 2010 à 23:18

Ces massacres et leurs auteurs étaient connus des paysans polonais du secteur, mais la peur des représailles les a empêché de parler pendant des années (j'ai vu un documentaire sur ce sujet sans m'en rappeler tous les détails). Sur la seconde guerre mondiale en Europe, je citerais Rome, ville ouverte, Païsa, L'enfance d'Ivan,… comme parmi les plus intéressants à la fois sur un plan historique et cinématographique. Et Aventures en Birmanie, Les maraudeurs attaquent, Le pont de la rivière Kwaï pour la maestria de la mise en scène.

Nb : pour la petite histoire, un oncle de mon beau-frère, engagé dans l'armée britannique en Birmanie, s'est fait décapiter par l'armée japonaise. Il y aurait eu 50 000 soldats alliés (essentiellement britanniques) décédés uniquement en Birmanie. On n'en parle plus beaucoup.


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De fretyl, le 23 mars 2010 à 00:12

Parfaite cette intervention qui restitue le cadre du film et ses compléments – je pense que cette vision s'accompagne très bien de revoir La vie des autres.

Il faudra aussi que je vois La vie des autres.

Un homme politique (très connu) que je nommerais pas ici, mais dont les plus déductifs devineront le nom, m'a récemment dans une conversation conseillé La vie des autres en m'assurant qu'il s'agissait d'un très beau film.


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De vincentp, le 23 mars 2010 à 00:26

Pas vraiment ! Lourdingue et totalement surfait. Ton homme politique-mystère n'y connait rien !


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De droudrou, le 23 mars 2010 à 06:45
Note du film : 6/6

http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Katy%C5%84 – un lien utile pour ceux que le sujet peut intéresser ! à noter que c'est l'existence de plusieurs charniers qui a permis aux nazis comme aux soviétiques de les utiliser comme instruments de propagande et de reprendre chacun à leur manière un argument à propos de l'autre ! L'existence d'un seul charnier aurait de beaucoup modifié la donne !


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