Comme c'est intéressant… J'aime bien la situation de départ évoquée dans le résumé. Et si je comprends bien, c'est en noir et blanc : avec Bolognini, je préfère. On imagine que si ce film peut passer à la télé, comme ça, un dimanche soir, il pourrait tout aussi bien arriver dans les bacs un lundi matin, sans tambours ni trompettes…
Avec aussi la diva au long cours Isa Miranda.
Quatre opinions très variables au sujet de ce film sur le site film.tv.it. Le site lui-même donne seulement 2 étoiles au film (sur une possibilité de 5), mais ne précise pas pourquoi : sur la fiche, on trouve seulement le résumé. Sur les trois internautes, un lui donne 4 étoiles et les deux autres, 3. Celui qui donne 4 étoiles se dit enthousiasmé par "une Schiaffino réinventée" et "un des meilleurs films de Bolognini". Des deux qui ont mis 3 étoiles sur 5, un formule son opinion en une seule phrase: "Une Schiaffino vraiment intéressante, le reste vraiment peu." Hum.
Ce n'est pas parce que Bolognini est un cinéaste souvent intéressant et parfois inspiré qu'il faut forcément tout rééditer, même si je n'ai rien contre à long terme. On a réédité Le Bel Antonio, un choix qui s'imposait. Même ceux qui n'aiment pas Bolognini en général devraient voir au moins celui-là. Cela dit pour le moment, si seulement trois autres films du même réalisateur devaient sortir sur DVD en France, je dirais d'abord Les Garçons –
la priorité évidente, film très réputé, qu'on peut vendre de surcroît aux exquis cinéphiles comme un scénario du grand Pasolini
– et ensuite Libera, amore mio,
film historique qui représente sa contribution (vraiment réussie) au courant de la tragicomédie populaire à l'italienne (et dont il existe en passant une excellente VF, où la francophone Cardinale
se double elle-même).
Le troisième Bolognini prioritaire serait, bien sûr, La Grande bourgeoise avec Catherine Deneuve
dans le rôle titre. Même Jarriq qui n'aime guère Deneuve
l'a aimée là-dedans : c'est bon signe.
Bon prince, voire bonne pâte, je donne 18 mois aux éditeurs pour nous sortir ces trois-là et pas d'autres. Sinon…
Combat de valeurs et de caractères dans l'Italie du début des années 1960. Mauro Bolognini et ses collaborateurs bâtissent un drame entre un père, industriel et corrupteur, et son fils désireux d'entrer dans les ordres religieux pour mettre en pratique les préceptes issus de l'Evangile. Des décors urbains et de la mer (les iles Pontines, ou furent relégués des chrétiens ou des opposants à Mussolini) servent de décor. La corruption
(1963) est un film absolument remarquable, sans doute un des plus réussis de Bolognini, avec peut-être Le bel Antonio
ou Le mauvais chemin.
Bolognini s'appuie sur la photographie de Leonida Barboni en noir et blanc, la musique de Giovanni Fusco pour créer des tableaux sombres, désespérants (ambiances nocturnes, éclairés par des lumières artificielles, soulignées par des notes sourdes), ou au contraire très lumineux face à la beauté du monde sauvage, libérée de la corruption humaine. Le scénario, les dialogues, les plans, le montage, l'interprétation, notamment de Jacques Perrin participent à la réussite de ce long-métrage, particulièrement abouti.
Il manque parfois des ingrédients dans les films de Bolognini. Ce n'est pas le cas pour celui-ci, assez court (80 minutes), très dense, écrit et filmé de façon impeccable. La progression dramatique est limpide et crédible, la thématique est vaste, ambitieuse et développée via des dialogues élaborés mais pas artificiels. Les acteurs sont sobres et jouent juste. La sensualité de la jeune fille est portée par des plans adaptés (pas d'effusion sentimentale inutile), d'autres séquences plus dramatiques sont portés par des plongées oppressantes. La fin du film, déroulée dans une atmosphère sombre, et quasi-fantastique, est aussi très réussie. C'est un film parfaitement dans la ligne de la modernité des années 1960, avec des emprunts à d'autres cinéastes de l'époque (Zurlini, Antonioni, Petri, Fellini). Il est probable que Bolognini ait en sens inverse influencé ses compatriotes. Au final, La corruption
me parait être un coup de maître !
Mon interprétation de cette séquence est très différente. Je constate tout d'abord que les danseurs sont parfaitement accordés les uns aux autres (et se déplacent en groupe à la perfection, changeant d'orientation physique en même temps) et se regardent d'ailleurs (cf photo). Cette séquence renvoie à mon sens à une séquence située au début du film, ou l'on voit les moines cheminer lentement comme une procession de fourmis (voie montante, voie descendante). Face à cette nouvelle figure géométrique des danseurs, Stefano (qui aspire donc à devenir prêtre) prend conscience qu'il n'est pas en phase avec ses contemporains, et qu'il véhicule des schémas intellectuels, peut-être irréprochables sur un plan théorique ou moral, mais non applicables à la société contemporaine, à laquelle il appartient.
On toucherait alors au sens profond de La corruption : un nouvel engagement moral et intellectuel est à créer, situé en dehors des dogmes catholiques et marxistes de l'Italie des années 1960, modes de pensée uniques selon le propos d'un personnage, énoncé tout au début du film.
La corruption est un film riche en interprétations et en nuances (il m'a fallu deux jours pour le comprendre), à mon avis le meilleur film de Bolognini, et bien sûr à voir et à commenter….
Je ne pensais pas regarder ce film qui est passé cette nuit (du 28 au 29 septembre 2020) au cinéma de minuit (raretés , curiosités) France 5 , mais par curiosité je l’ai vu . Cette histoire de futur prêtre amoureux partagé entre amour et chasteté me fait penser à "la chartreuse de Parme". Dans le roman de Stendhal un monsignore qui porte les bas violets ne fait pas de voeux, il pouvait quitter les bas violets et se marier. Dans le film Adriana commence son approche de séduction en offrant du Parmesan à Stefano et à son père lors d’une soirée (à 21 mn 14 s) : "Un petit peu de parmesan ?"
. Le film Prima della rivoluzione de Bernardo Bertolucci sorti en 1964 est directement inspiré de "La Chartreuse de Parme" . En commun entre les deux films le prenom "Adriana" : joué par Rosana Schiaffino dans La corruption, et Adriana Asti qui joue le rôle de Gina dans Prima della rivoluzione. En 1981 Mauro Bolognini réalisa la mini série "La Chartreuse de Parme" . Vient s’ajouter dans La Corruption les relations difficiles entre le père et le fils, le pouvoir de l'argent et le voeu de pauvreté. Stefano va-il se laisser séduire, "corrompre" , par l’amour et l’argent ? La question reste posée…Stefano (Jacques Perrin) est un adolescent timide et sensible qui vient de terminer ses études en Suisse et qui envisage de devenir moine. Mais son père (Alain Cuny)
, riche éditeur milanais, qui nourrissait l’ambition de voir son fils lui succéder, refuse et l'emmène en croisière avec une jeune femme (Rosanna Schiaffino)
pour lui ôter cette idée de la tête…
Bolognini vaut mieux que ce préjugé tenace. D'une part, les films à costumes ne constituent qu'une partie de son œuvre. D'autre part, le visionnage de plusieurs de ses long-métrages, qu'ils soient d'époque ou contemporains, démontre que ce cinéaste est non seulement un styliste mais également un véritable auteur dont les obsessions reviennent d'un titre à l'autre. Ainsi, La corruption
, assurément l'une des réalisations les plus personnelles de Bolognini,
montre une vision tout à fait particulière de la société des années 1960.
Dans la filmographie de Bolognini, Le bel Antonio
ou L'héritage me semblent plus accessibles. Pour autant, les amateurs du cinéma italien de la grande époque doivent absolument voir La corruption.
Cela étant, le film est plutôt agréable, sans déchet. Simplement trop évident, trop prévisible pour être totalement convaincant.
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