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Sujet : Un des meilleurs films de Bolognini


De Arca1943, le 12 février 2010 à 14:36

Comme c'est intéressant… J'aime bien la situation de départ évoquée dans le résumé. Et si je comprends bien, c'est en noir et blanc : avec Bolognini, je préfère. On imagine que si ce film peut passer à la télé, comme ça, un dimanche soir, il pourrait tout aussi bien arriver dans les bacs un lundi matin, sans tambours ni trompettes…

Avec aussi la diva au long cours Isa Miranda.


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De Arca1943, le 13 février 2010 à 02:36

Quatre opinions très variables au sujet de ce film sur le site film.tv.it. Le site lui-même donne seulement 2 étoiles au film (sur une possibilité de 5), mais ne précise pas pourquoi : sur la fiche, on trouve seulement le résumé. Sur les trois internautes, un lui donne 4 étoiles et les deux autres, 3. Celui qui donne 4 étoiles se dit enthousiasmé par "une Schiaffino réinventée" et "un des meilleurs films de Bolognini". Des deux qui ont mis 3 étoiles sur 5, un formule son opinion en une seule phrase: "Une Schiaffino vraiment intéressante, le reste vraiment peu." Hum.

Ce n'est pas parce que Bolognini est un cinéaste souvent intéressant et parfois inspiré qu'il faut forcément tout rééditer, même si je n'ai rien contre à long terme. On a réédité Le Bel Antonio, un choix qui s'imposait. Même ceux qui n'aiment pas Bolognini en général devraient voir au moins celui-là. Cela dit pour le moment, si seulement trois autres films du même réalisateur devaient sortir sur DVD en France, je dirais d'abord Les Garçons – la priorité évidente, film très réputé, qu'on peut vendre de surcroît aux exquis cinéphiles comme un scénario du grand Pasolini – et ensuite Libera, amore mio, film historique qui représente sa contribution (vraiment réussie) au courant de la tragicomédie populaire à l'italienne (et dont il existe en passant une excellente VF, où la francophone Cardinale se double elle-même).

Le troisième Bolognini prioritaire serait, bien sûr, La Grande bourgeoise avec Catherine Deneuve dans le rôle titre. Même Jarriq qui n'aime guère Deneuve l'a aimée là-dedans : c'est bon signe.

Bon prince, voire bonne pâte, je donne 18 mois aux éditeurs pour nous sortir ces trois-là et pas d'autres. Sinon…


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De vincentp, le 30 décembre 2016 à 22:31
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Combat de valeurs et de caractères dans l'Italie du début des années 1960. Mauro Bolognini et ses collaborateurs bâtissent un drame entre un père, industriel et corrupteur, et son fils désireux d'entrer dans les ordres religieux pour mettre en pratique les préceptes issus de l'Evangile. Des décors urbains et de la mer (les iles Pontines, ou furent relégués des chrétiens ou des opposants à Mussolini) servent de décor. La corruption (1963) est un film absolument remarquable, sans doute un des plus réussis de Bolognini, avec peut-être Le bel Antonio ou Le mauvais chemin.

Bolognini s'appuie sur la photographie de Leonida Barboni en noir et blanc, la musique de Giovanni Fusco pour créer des tableaux sombres, désespérants (ambiances nocturnes, éclairés par des lumières artificielles, soulignées par des notes sourdes), ou au contraire très lumineux face à la beauté du monde sauvage, libérée de la corruption humaine. Le scénario, les dialogues, les plans, le montage, l'interprétation, notamment de Jacques Perrin participent à la réussite de ce long-métrage, particulièrement abouti.


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De vincentp, le 31 décembre 2016 à 09:09
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Sur les trois internautes, un lui donne 4 étoiles et les deux autres, 3. Celui qui donne 4 étoiles se dit enthousiasmé par "une Schiaffino réinventée" et "un des meilleurs films de Bolognini". Des deux qui ont mis 3 étoiles sur 5, un formule son opinion en une seule phrase: "Une Schiaffino vraiment intéressante, le reste vraiment peu." Hum.

Il manque parfois des ingrédients dans les films de Bolognini. Ce n'est pas le cas pour celui-ci, assez court (80 minutes), très dense, écrit et filmé de façon impeccable. La progression dramatique est limpide et crédible, la thématique est vaste, ambitieuse et développée via des dialogues élaborés mais pas artificiels. Les acteurs sont sobres et jouent juste. La sensualité de la jeune fille est portée par des plans adaptés (pas d'effusion sentimentale inutile), d'autres séquences plus dramatiques sont portés par des plongées oppressantes. La fin du film, déroulée dans une atmosphère sombre, et quasi-fantastique, est aussi très réussie. C'est un film parfaitement dans la ligne de la modernité des années 1960, avec des emprunts à d'autres cinéastes de l'époque (Zurlini, Antonioni, Petri, Fellini). Il est probable que Bolognini ait en sens inverse influencé ses compatriotes. Au final, La corruption me parait être un coup de maître !


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De vincentp, le 1er janvier 2017 à 10:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La dernière séquence du film (celle des danseurs, occupant de façon géométrique un quadrilatère, dansant face à la caméra) est analysé (par différents intervenants présents sur internet) comme la manifestation d'une société individualiste, ou chaque danseur ne se soucierait pas de son voisin. Selon ces analystes, Stefano (Jacques Perrin), prenant conscience de cela, s'effondrerait alors en sanglots, mesurant l'ampleur de la tâche à accomplir, lui qui veut devenir prêtre.

Mon interprétation de cette séquence est très différente. Je constate tout d'abord que les danseurs sont parfaitement accordés les uns aux autres (et se déplacent en groupe à la perfection, changeant d'orientation physique en même temps) et se regardent d'ailleurs (cf photo). Cette séquence renvoie à mon sens à une séquence située au début du film, ou l'on voit les moines cheminer lentement comme une procession de fourmis (voie montante, voie descendante). Face à cette nouvelle figure géométrique des danseurs, Stefano (qui aspire donc à devenir prêtre) prend conscience qu'il n'est pas en phase avec ses contemporains, et qu'il véhicule des schémas intellectuels, peut-être irréprochables sur un plan théorique ou moral, mais non applicables à la société contemporaine, à laquelle il appartient.

On toucherait alors au sens profond de La corruption : un nouvel engagement moral et intellectuel est à créer, situé en dehors des dogmes catholiques et marxistes de l'Italie des années 1960, modes de pensée uniques selon le propos d'un personnage, énoncé tout au début du film.

La corruption est un film riche en interprétations et en nuances (il m'a fallu deux jours pour le comprendre), à mon avis le meilleur film de Bolognini, et bien sûr à voir et à commenter….


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De Frydman Charles, le 29 septembre 2020 à 09:15
Note du film : 5/6

Je ne pensais pas regarder ce film qui est passé cette nuit (du 28 au 29 septembre 2020) au cinéma de minuit (raretés , curiosités) France 5 , mais par curiosité je l’ai vu . Cette histoire de futur prêtre amoureux partagé entre amour et chasteté me fait penser à "la chartreuse de Parme". Dans le roman de Stendhal un monsignore qui porte les bas violets ne fait pas de voeux, il pouvait quitter les bas violets et se marier. Dans le film Adriana commence son approche de séduction en offrant du Parmesan à Stefano et à son père lors d’une soirée (à 21 mn 14 s) : "Un petit peu de parmesan ?"

. Le film Prima della rivoluzione de Bernardo Bertolucci sorti en 1964 est directement inspiré de "La Chartreuse de Parme" . En commun entre les deux films le prenom "Adriana" : joué par Rosana Schiaffino dans La corruption, et Adriana Asti qui joue le rôle de Gina dans Prima della rivoluzione. En 1981 Mauro Bolognini réalisa la mini série "La Chartreuse de Parme" . Vient s’ajouter dans La Corruption les relations difficiles entre le père et le fils, le pouvoir de l'argent et le voeu de pauvreté. Stefano va-il se laisser séduire, "corrompre" , par l’amour et l’argent ? La question reste posée…


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De verdun, le 20 décembre 2020 à 23:02
Note du film : 5/6

Stefano (Jacques Perrin) est un adolescent timide et sensible qui vient de terminer ses études en Suisse et qui envisage de devenir moine. Mais son père (Alain Cuny), riche éditeur milanais, qui nourrissait l’ambition de voir son fils lui succéder, refuse et l'emmène en croisière avec une jeune femme (Rosanna Schiaffino) pour lui ôter cette idée de la tête…

Malgré le soutien de cinéphiles éminents tels que Jacques Lourcelles, Jean Gili, et Patrick Brion, l'édition d'une partie de son oeuvre en DVD et une grande rétrospective à la cinémathèque fin 2019, Mauro Bolognini conserve de nos jours l'image d'un Visconti du pauvre, tout juste bon à transposer en images académiques et excessivement léchées des œuvres littéraires françaises et italiennes du XIXe siècle.

Bolognini vaut mieux que ce préjugé tenace. D'une part, les films à costumes ne constituent qu'une partie de son œuvre. D'autre part, le visionnage de plusieurs de ses long-métrages, qu'ils soient d'époque ou contemporains, démontre que ce cinéaste est non seulement un styliste mais également un véritable auteur dont les obsessions reviennent d'un titre à l'autre. Ainsi, La corruption , assurément l'une des réalisations les plus personnelles de Bolognini, montre une vision tout à fait particulière de la société des années 1960.

Comme dans une grande partie des films de Bolognini , le personnage principal est animé d'une intention très forte, ici celle de devenir prêtre. Mais cette ambition est contrariée par la société dans laquelle il vit et par son entourage : ici son père, un riche éditeur qui veut absolument que son fils prenne sa succession. Que l'intrigue se passe au XIXe ou au XXe, le regard que le réalisateur porte sur la société est toujours d'une extrême sévérité : la corruption est omniprésente, les relations économiques entre les individus sont plus puissantes que les relations humaines et les histoires d'amour finissent mal en général, écrasées par les barrières sociales qui emprisonnent les individus.

L'univers de Bolognini baigne le plus souvent dans un désespoir assez éloigné de l'académisme que d'aucuns lui ont reproché. A ce titre, La corruption est sans doute l'un de ses films les plus radicaux. Le pessimisme y est d'autant plus fort que les auteurs ont choisi un personnage très pur de séminariste qui ne peut que perdre ses illusions face à la laideur de la société matérialiste dans lequel il évolue. Ni la maladie de la mère du personnage principal, ni la mort ne sont épargnés au spectateur. Par ailleurs, et contrairement à ses films les plus célèbres tels que L'héritage ou Metello, l'esthétique, si elle est travaillée, s'avère tout de même très « crue ». La photo est en noir et blanc. La musique de Giovanni Fusco, compositeur fétiche de Antonioni est austère. Ici il n'y a pas de beaux décors et de beaux costumes pour charmer l'oeil. Il n'y a pas de musique de Morricone pour régaler les oreilles. La corruption va au bout de la démarche du réalisateur mais n'est-ce pas aussi l'un des points faibles du film ? L'ensemble n'est-il pas un peu trop poussé au noir, au point d'en être inconfortable, déplaisant et oppressant ? L'autre défaut de La corruption est, de mon point de vue, un dialogue parfois trop abondant alors que le réalisateur montre une aisance suprême lorsqu'il s'agit de diriger des scènes muettes.

La corruption reste un grand film, réalisé avec ce souci de la forme cher au cinéaste. L'interprétation est excellente grâce à deux acteurs français très à l'aise dans le cinéma italien : Alain Cuny, bussinessman impitoyable, et Jacques Perrin , dont on l'oublie de nos jours le talent d'acteur, était sans doute l'un des meilleurs jeunes premiers du cinéma européen des années 1960. Mais Bolognini était aussi un grand directeur d'actrices, qui a dirigé et magnifié les plus belles comédiennes des années 1960-1970. Ainsi le premier rôle féminin de La corruption est tenu par Rosanna Schiaffino qui n'a sans doute jamais été aussi belle, aussi juste et aussi bien employée.

Dans la filmographie de Bolognini, Le bel Antonio ou L'héritage me semblent plus accessibles. Pour autant, les amateurs du cinéma italien de la grande époque doivent absolument voir La corruption.


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De Impétueux, le 3 novembre 2022 à 20:04
Note du film : 4/6

Première fois que je regardais un film de Mauro Bolognini, cinéaste dont j'avais à peine entendu parler et qui me semble être intéressant sans qu'il atteigne les sommets de Rossellini, De Sica, Risi, Monicelli, Comencini, les grands réalisateurs italiens, mais qui me semble avoir eu, jadis, une certaine notoriété. Ce n'est pas mal du tout, de la belle ouvrage bien interprétée, bien mise en musique, assez brève pour ne pas trop se distendre dans la banalité. Scénario un peu simpliste, un peu manichéen, surtout un peu trop prévisible. Un film pour grandes consciences heurtées (ou faisant mine de l'être) par le choc abyssal entre les beaux idéaux et la vilaine réalité.

Mais c'est tout de même un peu trop sérieusement présenté, sans la distance et sans l'ironie que les grands metteurs en scène que j'ai cités plus haut n'auraient pas manqué de faire advenir. La corruption, dès son titre, montre son roublard visage : on comprend d'emblée que la pureté un peu naïve et guère ancrée dans une véritable vocation du jeune Stefano (Jacques Perrin) va sacrément être attaquée sur tous les fronts possibles. Et ceci jusqu'à ce que son idéalisme soit écrasé et qu'il finisse, dépité par la méchanceté intrinsèque du monde à sangloter tout seul dans le cabriolet élégant d'Adriana (Rosanna Schiaffino). Adriana maîtresse de Leonardo (Alain Cuny), père de Stéfano et grand éditeur richissime et difficile à supporter, dur, intransigeant, brutal, sans indulgence ni douceur, Adriana que l'on va fourrer dans les pattes du pubescent Stefano pour lui donner une tentation de belle mesure.

Stefano, meurtri par la sécheresse de cœur, l'ambition forcenée, la cruauté presque sadique de son père Léo, effaré par la descente aux enfers de sa mère (Isa Miranda) qui porte sa neurasthénie et son mal de vivre dans une clinique chic où elle enchaîne cure sur cure de sommeil – mais surtout porte la médiocrité de son mariage et de sa propre vie -, Stefano croit ressentir une vocation religieuse. Bolognini semble incliner le spectateur vers une sorte de désir de fuite, d'ensevelissement de Stefano, qui ne paraît pas avoir de véritable spiritualité et a surtout envie de se cacher dans la vie régulière (celle qui est régie par la règle, en l'espèce, semble-t-il, celle des Frères prêcheurs, les Dominicains).

Cet idéalisme plutôt niais ne convient pas du tout au dur homme d'affaires, qui a songé pour son fils à un destin brillant, plus intense encore que celui qui l'a porté au sommet de l'édition milanaise. Leonardo, chef d'entreprise sans états d'âme, ne voit en son fils que son clone plus encore développé. Beaucoup de pères sont ainsi qui ne voient en leurs rejetons qu'eux-mêmes en mieux, plus forts, plus prospères, plus éclatants. La vocation annoncée de Stéfano fait chuter les espérances. Et suscite une rage et une manipulation à la fois désolantes et évidentes : la belle fille Adriana/Schiaffino, qui vit de tout et de rien, un peu modèle de photographies légères, un peu escort girl, un peu (on n'ose pas trop en dire davantage : on n'est jamais qu'en 1963).

Ben voilà, tout est dans la norme. Le chaste Stefano, largement provoqué, séduit, émerveillé par la superbe Adriana, fait tout ce qu'il peut pour résister, mais cède à la fatalité des corps ; il n'y a rien là qui soit épouvantable : le futur religieux est dépucelé : quelle affaire ! Mais l'agaçant est que tous ces gens-là sont d'une extrême fragilité et que tout cela finira pas pas grand chose, sur une sorte de crasseuse petite tristesse sans clarté et sans espérance. Superbe scène finale, musicale, mécanique, accablante, au fait.

Cela étant, le film est plutôt agréable, sans déchet. Simplement trop évident, trop prévisible pour être totalement convaincant.


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