Une fois la cruelle idée de départ lancée : (un forain découvre une jeune fille dont le corps est recouvert de poils et décide l'exhiber en la faisant passer pour le croisement entre une femme blanche et une guenon), le film a du mal à choisir sa direction.

Annie Girardot inspire plutôt la pitié, tandis que Tognazzi en ignoble exploiteur est plutôt comique. Lorsqu'on le regarde aujourd'hui Le mari de la femme à barbe est un espèce de prédécesseur de Elephant Man.

Dans les deux cas, on y a filmé le voyeurisme, dans ce qu'il a de plus inhumain, on y a filmé l'insensibilité, l'humiliation… A l'évidence, les différences sont grandes, David Lynch a su donner à son film une figure bouleversante, tandis que Ferreri navigue entre le sujet de société (presque anti-raciste) et la comédie.

Ce n'est certainement pas le meilleur film de Ferreri, trop de longueurs, la méchanceté du sujet ne suffit pas, à remplir toutes les pages du scénario, mais Annie Girardot continuellement humilié est magnifique. Et rien que pour sa prestation, le film mérite vraiment le coup d'œil. Hésitant entre la comédie et le drame, Le mari de la femme à barbe a deux fins : une comique ; Maria perd ses poils et Focaccia ne pouvant plus s'en servir est obligé d'aller travailler ; et une dramatique : Maria meurt en mettant au monde un enfant. De ces deux fins, la version comique est généralement la plus connue, même si elle a surtout été réalisée pour ne pas choquer les plus sensibles, lors de la présentation du film au festival de Cannes.