…à cuver mes pina-colada et à soigner mon bronzage, j'entrouvre une paupière au prix d'un immense effort et j'avise le calendrier (plastifié pour le protéger des éclaboussures).
« Tiens, as-tu remarqué, chérie ? »
« – Mmh ? Quoi ? »
« Eh ben… le jour de gloire est arrivé. »
Bonne fête les cousins !
Aaaaaaaah… ça ira, ça ira, ça ira…
Au fait, quelqu'un a revu cette fameuse Révolution française tant réclamée ?
Moi !… Je l'ai vu, ou du moins revu. En effet, alors que j'étais en pourparler avec l'un des correspondants de DVDTOILE pour envisager une copie-DVD, j'ai trouvé les deux disques (Ière et 2eme partie) réunis dans le même coffret. Il semble qu'il venait de sortir, mais pour ma part je ne l'ai trouvé dans le commerce début septembre 09.
Peut-être en reparlerai-je ultérieurement, mais dores et déjà il est possible de dire que cela m'est apparu comme une œuvre honnête, convenablement conçue, avec des raccourcis inévitables – et pour cause ! – et une facture soignée. Évidemment il faut voir l'ensemble, ce qui peut demander un effort : deux fois deux heures, ou à peu près. Cela reste long, mais on ne s'ennuie pas trop. Les simplifications y étaient inévitables, elles le furent. On est là dans un style à mi-chemin entre le presque-documentaire et une fiction qui ne pouvait pas éviter d'être centrée autour de quelques personnages principaux, ici limités à Mirabeau, Robespierre, Danton, Desmoulins et Lucile, son épouse (sauf erreur sur le prénom). On peut mentionner aussi la très bonne partition musicale de Georges Delerue, qui était aussi à l'aise dans la tendresse (Jules et Jim), la légèreté succulente (« trois petites notes de musique… ») ou des œuvres ambitieuses, dans un style « à la manière de…», racée et somptueuse, écrite pour le Son et Lumière de Chambord, dans la version de 1975, sur un texte de Louis de Vilmorin, inspiré de La Belle au Bois dormant.
Je n'avais pas revu ce film depuis la sortie de 1989, lors des célébrations excessives et déjantées! Le bide fut complet ! Gavé d'extases obligatoires qui devraient ouvrir sur un nirvana républicain, le public lassé s'est abstenu.
Sans référence ici – je suis hors Paris – sur les deux disques, je ne développe guère, mais on peut souligner l'interprétation excellente de Jean-François Balmer (Louis XVI), un Danton étonnant (Brandauer) et un Mirabeau clownesque – mais peut-être était-ce voulu – Peter Ustinov ! Costumes élégants, décors utilisés avec talent, pas de griefs criants sur ces différents plans. La seconde partie, «Les années terribles» qui fait montre sans trop d'ambages des dérives inévitables de la Terreur, les massacres de septembre, le délire névrosé d'un Robespierre qui progresse vers la rage masquée derrière les allures d'aristocrate guindé que pouvaient expliquer ses origines issues d'une petite noblesse d'Arras, jusqu'au fanatisme aveugle, séparé de la réalité, le bain de sang place de la Révolution, a fait grincer des dents les organisateurs de ces réjouissances, qui attendaient autre chose, semble-t-il, d'une commandite officielle. Tels que, les faits sont violents, brutaux, déchirent presque l'écran, remettent les pendules à l'heure, et la force de cette seconde partie, qui cloue le spectateur dans son fauteuil, au bord de la nausée parfois, tient beaucoup de cette évocation sans concessions, ni d'exagération.
Il me faudra revoir l'ensemble, mais si des correspondants de DVDToile ont acheté le coffret de deux disques et l'ont vu, je serais heureux de connaître leur avis.
Quand j'ai tapé, hier, les lignes qui précèdent, un ennui technique de l'ordi à interrompu le texte au milieu d'une phrase. On a mis ce qui était écrit au frais. A ce moment, pour je ne sais quelle raison, seuls figuraient deux messages, datés de Juillet. Je répondais donc ici au premier. Ce jour, en terminant ce qui avait été mis de coté hier, j'ai trouvé une grande quantité de messages, souvent élogieux sur ce film, ou plus sévères (Droudrou et Impétueux) que j'ai lu – et relirai – avec intérêt.
Cela réduit néant la dernière phrase de mon message, en sollicitant l'avis de Correspondants de ce cher forum. D'où le coté doublon, dont on voudra bien m'excuser…
les sans-culotte se payent notre tête mon cher Azurlys ! je n'ai toujours pas vu le film et n'ai pas encore investi à ce sujet !…
Mais dites-moi, Azurlys, pour quelqu'un qui pense, comme moi, que la Révolution française, dès après la Fête de la Fédération de juillet 1790, est une des périodes les plus affreuses de notre histoire, votre commentaire est drôlement alléchant !
Je n'ai jamais vu cette série de Robert Enrico, pensant naïvement que, produite pour les fêtes du sanglant Bicentenaire, emperlouzé par l'Opéra-Bastille et par le grotesque défilé du 14 juillet, où François Mitterrand montrait, en lettré cynique et subtil, qu'il se foutait de nous, pensant donc qu'il s'agissait d'une Légende dorée et d'une hagiographie des génocidaires, j'ai désormais bien envie d'acquérir le coffret !!!
Merci à Droudrou et Impétueux de leur réponse. Il est vrai que l'effondrement de toute une société paralysée par les institutions, emberlificotée de gavotte et de menuets – à Versailles, dans les provinces on avait d'autres préoccupations – réticente aux réformes, que Louis XVI pourtant envisageait, a été traité dans ce film conduit par deux auteurs, avec une honnêteté sinon idéale – on ne peut être confronté qu'à la subjectivité – mais acceptable. Les deux ou trois messages qui précèdent et parlent un chef-d’œuvre, sont sans doute influencés par l'épaisseur affective que contient le film, mais je ne crois pas que l'on puisse aller jusque là. Un bon film, sans grandes trouvailles de construction, ni second degré, de chef-d’œuvre, je ne le pense pas.
La première partie, qu'il me faudrait revoir, après un court générique, débute par une somptueuse image d'un Versailles doré par le couchant – allusion facile mais payante, comme il fut fait dans "La Nuit de Varennes" d'Ettore Scola (si je ne fait pas erreur, que l'on se souvienne que j'écris de mémoire, que l'on me pardonne mes erreurs !) – et l'image vient cadrer sur la façade de l'avant-corps du château, puis à l'intérieur de la Galerie des glaces dans laquelle la cour danse sous le regard inexpressif d'un Louis XVI attiré toutefois, avec une pointe d'inquiétude, par les regards échangés entre sa femme et Fersen. C'est sans grande surprise, un peu attendu et il eut mieux fallu commencer en entrant dans le vif du sujet et développer par des retours en arrière – flash-back, en version franglaise… – au travers de la mémoire des personnages. Mais je ne vais pas refaire le scénario ! L'on traverse la première partie avec intérêt, et les réticences de Danton qui commence à percevoir les glissements dangereux vers ce qui risque de ne plus être contrôlable, capte fortement l'attention. Toutefois, si l'ensemble a de la force, on n'est pas très éloigné de l'illustration à l'usage des élèves que d'une réelle création cinématographique.
La seconde partie, en revanche, « Les Années terribles », dirigée par Richard Ephron, est plus violente, plus âpre. Elle donne froid dans le dos quand elle montre les ravages d'une idéologie bornée, fermée à toutes réflexions, conduite par l'aveuglement et l'intolérance de Robespierre, dont l'épaisseur névrotique explique sans doute bien des choses. Pour autres informations, on peut consulter le bon docteur Freud. Les conséquences furent tragiques. Le seul plan qui montre le bourreau, sur l'échafaud de la place de la Révolution, balayer rapidement le sang entre deux exécutions, pour que le couteau puisse tomber à nouveau, est terrible ! On comprend mieux les protestations officielles lors de la sortie de ce film en salle. Que les choses aient existé ainsi semblait avoir moins d'importance que d'en faire état… Et il est vrai que depuis deux siècles on est resté prudent sur les exactions commises. Le film lui-même, sauf erreur – mais il faudrait le voir à nouveau -, reste silencieux sur le génocide vendéen. Bien entendu, pas la moindre allusion, aurait-elle été chuchotée, sur les sources réelles de ce raz-de-marée qui devait éteindre l'Ancien régime.
Dans sa forme, le film n'ouvre pas sur le mythe, ne peut – évidemment – faire le tour de la question, puisque celle-ci est diverse, éparse, et la perception que l'on en peut avoir ne peut être que fortement marquée de subjectivité. C'est sans doute la raison du choix de quatre ou cinq personnages principaux pour structurer un scénario complexe et un souci d'honnêteté qui a conduit à cette réalisation correcte – mais je ne suis pas historien – et de conception plus réellement linéaire, pour ne pas dire scolaire, mais ou la création cinématographique n'a pas pu atteindre au lyrisme d'un Gance, comme celui-ci l'avait fait avec son «Napoléon Bonaparte». Ses excès mêmes, un peu encombrants aujourd'hui, atteignent au flamboiement d'un personnage de légende, et lui donnent une épaisseur que n'eussent pas désavouée Berlioz ou Beethoven. Avec « La Révolution Française », on reste dans un registre de réalisation imposante par les moyens mis en œuvre, mais de facture artistique beaucoup plus modeste.
Évidemment, il faut saluer la musique de Georges Delerue, excellente comme à l'accoutumée, mais entendre Jessy Norman, sollicitée pour l'occasion, célébrer les mérites de « …la Liberté !… la Liberté » pousse un peu à sourire quand on connaît les débords, et les démons qui échappèrent à ceux qui avaient été les solliciter, pour aboutir à la dictature sanglante que l'on connaît, on pense à l'apprenti sorcier, incapable de contrôler la machine qu'il a mise en marche ! Et le sourire se fige !
Mais des apprentis sorciers, donc. Des envieux et des aveugles qui ouvrent la boîte de Pandore et, pour le bonheur d'un peuple mythique (ce brave populo qui marche à tout et qui se fera consciencieusement massacrer pendant les guerres sanglantes de l'Empire) inventent, à la fin du siècle le plus civilisé de notre histoire, la loi des suspects et le premier génocide systématique, celui des Vendéens.
|Il semble que La révolution française fasse un peu l'impasse sur ce dernier point et ne l'évoque qu'allusivement, ce qui est bien dommage. Mais comment ne pas se féliciter de voir enfin évoqués les massacres de Septembre (92) leur sauvagerie, les bandes de canailles et de poissardes assassinant des prisonniers et demandant toujours plus de sang, le procès du Roi, ses dernières paroles d'apaisement couvertes par le roulement des tambours ordonné par l'infernal Santerre (Marc de Jonge), encore une de ces canailles dont une rue de Paris porte le nom ; et quelle merveilleuse, lumineuse idée d'avoir confié à Christopher Lee le rôle de Sanson ! Qui d'autre pouvait mieux incarner le bourreau que le plus grand des buveurs de sang du cinéma ?Au fait, comment ne pas s'interroger sur l'esprit de cette Révolution française, financée dans les cadres du bicentenaire de 1789 ? Manifestement, compte tenu de l'éclat et de la qualité de la distribution, les moyens n'ont pas manqué à Robert Enrico et Richard T. Heffron (au fait, pourquoi cet inconnu ?). Et personne, au sommet de l'État, n'a lu le scénario, si manifestement contre-révolutionnaire ?
À moins que le président François Mitterrand, dont la jeunesse fut proche de L'Action française et qui avait pour la monarchie l'inclination de tous ceux qui connaissent un peu notre Histoire, n'ait voulu, en pied-de-nez qui lui ressemblerait assez, montrer le peu de goût qu'il avait pour l'affreuse période de la Terreur…
Je ne pouvais évidemment pas demeurer sur ma frustration et me contenter de n'avoir vu que les deux tiers de La révolution française pour une sotte question d'enregistrement ! D'autant que le coffret DVD est d'un prix abordable et qu'il vaut la peine de le posséder, de le diffuser, de le recommander, de le prêter pour que chacun puisse voir les affreuses origines de notre bel aujourd'hui, les crimes sur quoi il s'est constitué et les impostures sanglantes qui le fondent.
Dès la mise à sac des Tuileries, en août 1792 et le carnage de la garde suisse, on voit bien qu'il y a de la part des Révolutionnaires une course effrénée vers l'effusion de la plus grande quantité de sang : Faites tomber 100.000 têtes, et la Révolution sera sauvée comme dit plaisamment Marat (Vittorio Mezzogiorno). Le deuxième segment du film, réalisé par Richard T. Heffron, montre de façon très convaincante l'engloutissement, la course à l'abîme de tous ces fous furieux qui ont déchaîné les enfers et qui seront tous, ou presque, avalés par leur folie. Si la terreur cesse, tout ce que nous avons construit s'écroulera ! assène Robespierre (Andrzej Seweryn) à Camille Desmoulins (François Cluzet) qui commence – bien tard ! – à s'inquiéter des flots de sang versés. Et Desmoulins, brusquement conscient, éveillé du cauchemar Peut-être n'avons-nous rien construit : c'est juste un rêve…. Un rêve d'épouvante : horreur des Massacres de septembre, des prisonniers égorgés, éventrés, poignardés, saignés dans les cellules qui en portent encore aujourd'hui la marque comme à la prison des Carmes, rue de Vaugirard à Paris ; horreur des exécutions publiques place de la Concorde, de l'échafaud en perpétuel fonctionnement devant la foule avide, béate d'admiration devant le spectacle (ne noircissons pas trop le tableau : je gage qu'elle le serait à nouveau, ravie et complaisante, si ces holocaustes étaient à nouveau pratiqués ; et peut-être même serais-je aux premières loges !). Horreur du sang, horreur de la haine : le chef des Enragés, Hébert (Georges Corraface) tentant d'accuser la reine Marie-Antoinette (Jane Seymour) d'avoir perverti et pollué le Dauphin Louis-Charles (Sean Flynn)… Abomination de ces gens… (Au fait je lis sur Wikipédia que Dans les années 1980, la municipalité (alors socialiste) d'Alençon (…) a discrètement nommé en l'honneur de Hébert une cour piétonnière donnant accès à un groupe de maisons anciennes rénovées au centre du vieil Alençon, entre la Grande-Rue, la rue des Granges et la rue de Sarthe. Cette cour Jacques-René Hébert n'est signalée sur aucun plan de la ville. Il y a des canailles qui n'ont pas le courage de leurs immondes fiertés).Je renouvelle mon étonnement que cette Révolution française, qui présente clairement la France de 90 à 94 comme un enfer où les pires fantoches sanguinolents pérorent hautement à la tribune avant d'être rituellement coupés en deux par le bourreau Sanson (Christopher Lee) ait pu être financée sur les crédits de la Mission de Commémoration mise en place par le gouvernement. Souvent le Diable porte pierre ; et les pires nuits finissent par laisser la place à l'aurore.
(ne noircissons pas trop le tableau : je gage qu'elle le serait à nouveau, ravie et complaisante, si ces holocaustes étaient à nouveau pratiqués ; et peut-être même serais-je aux premières loges !)
Oh oui !! Dieu qu'il serait réjouissant de voir BHL monter sur l’escabeau !!
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