Ce n'est pas le grand film qu'il aurait (peut-être) pu être, mais je le prends tel quel car je ne me suis pas ennuyé une seconde. Le duo d'acteurs François Cluzet / Guillaume Canet est très bon, même si le premier éclipse un peu le second par sa prestation saisissante. Dans son ensemble, le scénario tient bien la route, malgré des facilités se font jour ici et là (ainsi l'ex-mari taulard de la nouvelle flamme du policier Canet bénéficie juste à point nommé d'un non-lieu pour vice de procédure). Mais bon, ce qu'il y avait de plus difficile à faire passer, à rendre crédible – la situation de départ : deux frères, l'un criminel et l'autre flic – passe très bien grâce à une mise en contexte socio-familiale intelligente et, je crois, plausible. (Un regret toutefois : le personnage de la soeur des deux protagonistes aurait pu être plus étoffé. Puisqu'elle aussi sort du même contexte familial difficile que les deux frérots, comment a-t-elle tourné ? On ne sait pas trop).

Mais je suis toujours là à chercher la petite bête ! Soulignons plutôt la reconstitution vivante et convaincante de la fin des seventies, la magnifique trame sonore qui n'a pas peur du jazz, le jeu au diapason d'excellents interprètes dans les rôles secondaires, les dialogues toujours naturels et sans mots d'auteur intempestifs; c'est un film qui malgré ses limites nous ramène aux belles heures du drame policier à la française ; ou disons à mi chemin entre le drame policier et le drame de moeurs (je dis ça pour ceux qui attendraient que les scènes d'action s'empilent). Est-ce que l'idée de situer cette histoire dans les années 70 correspond à l'idée de retrouver un certain cinéma français de l'époque ? Eh bien heureusement, on ne le saura pas, car on ne tombe jamais dans le piège de la nostalgie ou du clin d'oeil stylistique (sauf pour ce qui est de la trame sonore, mais ça, c'est très bien !). Certaines scènes sont criantes de vérité, comme ce repas familial gâché par l'engueulade des deux frères sur… Jacques Mesrine, dont il vient d'être question au téléjournal.