Excellente évocation de la vie de Camille Claudel. Le film n'est pas traversé par le génie d'un cinéaste comme peut l'être le Van Gogh de Pialat. Néanmoins, le traitement du sujet est ambitieux et réussi. De la mise en scène (rythme parfait, plans très soignés) aux décors ou costumes, tout est excellent. Typique de la qualité qu'a pu produire le cinéma français des années quatre-vingt. On pense à Cyrano de Bergerac de Rappeneau, ou à Le dernier métro de Truffaut, aux deux extrémités de cette décennie. On retrouve dans ce Camille Claudel ce souci de précision quant à l'évocation du cadre historique, ou la caractérisation des personnages, y compris les plus secondaires. Un cinéma de la précision, presque chirugical, mais pas du tout grandiloquent, et distillant avec efficacité de l'émotion, des idées, et procurant un plaisir certain au spectateur.
Il me semble que ce coktail très français s'est un peu perdu dans les limbes de la création, depuis…
Adjani habité par Claudel,Isabelle vit avec Camille, Depardieu en Rodin, un rôle sculpté sur mesure, excellente performance d'acteurs qui camoufle les quelques maladresses du films, particulièrement son petit côté académique et consensuel, pas suffisamment de prise de risque du réalisateur. Film agréable à regarder.
C'est tellement bien composé, tellement bien léché, tellement bien ordonnancé qu'on s'y laisserait presque prendre. Si du moins l'excessive durée du film ne finissait par lasser, si chaque scène ne portait en elle sa suite, si l'on ne sentait pas l'évidence et l'imminence des développements.
Il me semble que lorsque le film est apparu, en 1988 donc, personne, sauf les véritables et spécialistes amateurs de sculpture, n'avait jamais entendu parler de l'œuvre de Camille Claudel. De toute façon la sculpture a toujours été le parent pauvre de la peinture et si on demandait à quiconque de citer les grands artistes des deux derniers siècles, ce même quiconque aurait bien du mal à énoncer quatre ou cinq noms. Rodin, évidemment, Carpeaux, Rude, Bourdelle; les hideurs de Giacometti et voilà. On pouvait donc placer au premier plan le triste destin de la malheureuse sœur de Paul Claudel, vouée de toute éternité à la malfaisance des contraintes bourgeoises, à l'arrogance hideuse du machisme patriarcal et à toute cette sorte de choses. Bruno Nuytten retrace consciencieusement – et, donc, avec beaucoup de moyens – l'itinéraire désolant de cette jeune femme pleine de talent, obsédée de sculpture, follement amoureuse du grand vorace génie Rodin mais frappée d'emblée par des bouffées de folies qui expliquent ? justifient ? permettent ? l'originalité de sa sculpture, d'un art difficile pour qui elle a exclusivement passé sa vie. Triste histoire, pauvre histoire désarticulée d'une artiste fêlée.L'adaptation est très consciencieuse, presque scolaire : il ne manque ni un regard documentaire sur la glaise, le marbre ou le bronze, ni sur une des péripéties de la triste vie de Camille ; c'est très bien filmé, avec de belles images, qui sont le fonds de sauce d'un chef opérateur de qualité. Chacun dans son rôle Gérard Depardieu et Isabelle Adjani sont efficacement parfaits.
Tout est parfait, d'ailleurs. C'est bien là qu'est le problème. Pourquoi, au fait ?
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