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Forum : Ma vie de chien

Sujet : critique


De dumbledore, le 24 mai 2004 à 19:28
Note du film : 6/6

Ma vie de chien est tout simplement est un des plus beaux films sur l'enfance, se situant dans la filiation avec les autres grands cinéastes de l'enfance, que ce soit la tradition italienne (Luigi Comencini, De Sica), que Les 400 coups de François Truffaut ou bien encore le film ovni de Ingmar Bergman, Fanny et Alexandre.

Le film commence, pourrait-on dire, comme tout bon film suédois (comprenez, bergmanien): par des rapports violents entre une mère et son fils, Ingemar/Ingmar (tiens, tiens). La mère est malade, très malade, trop pour pouvoir encore offrir à son fils une image de mère douce, aimante. Alors le fils est envoyé à la campagne, chez son oncle et sa tante qui n'ont jamais pu avoir d'enfants.

Lasse Hallström partage visiblement cette idée de Jacques Brel (1) que "l'enfance est un pays". Au monde inadéquat de la ville va s'opposer, dans le film, le monde de la campagne, quasi-irréaliste, poétique en tout cas, mythique sans doute, comme l'est finalement l'enfance, sans cesse rebâtit à mesure que l'adulte grandit. L'oncle et la tante sont deux êtres qui s'adorent, même dans leurs disputes. Ce sont deux être eux-même adorables chez qui les défauts sont même des qualités. Ils se comportent, ils ressent comme des enfants qu'ils n'ont jamais cessés d'être. Le village est joueur, toujours prêt à faire la fête et à s'amuser. Et puis, il y a les autres enfants et surtout Saga, un garçon manqué qui refuse d'être une fille et qui joue comme un garçon, adorant notamment la boxe et les sports de garçons.

Il ne manque que le chien Laïka que Ingemar a laissé chez lui, comme pour tenir compagnie à sa mère malade.

Comme tout grand film sur l'enfance, Ma vie de chien est un film sur la fin de l'enfance, la chute originelle pour le monde adulte. Cette fin d'enfance prend ici un double aspect brillamment entrelacé. Le premier aspect est très classique mais toujours efficace : la découverte du mensonge adulte qui cache la mort. La mort du chien d'abord, double narcissique de l'enfant, symbolisant l'enfance en elle-même (on connaît dans le même registre le faucon de Kes, l'extra-terrestre de E.T., le rat de The Wall, etc). Derrière la mort du chien s'en cache une autre bien plus terrible, celle de la mère.

L'autre aspect est la sexualité que l'enfant découvre progressivement tout au long du film. Les rapports entre Ingemar et Saga ne traitent que de ça : du changement du regard qui se pose sur les choses, le regard change, devient un regard chargé, sexualisé. Tous deux d'ailleurs refusent autant faire ce peu ce changement qui pourtant ne peut pas ne pas avoir lieu. Ils agissent comme s'ils voulaient tous deux suspendre le temps mythique de l'enfance, faire durer encore un moment cette parenthèse enchantée qui préserve l'un et l'autre d'une réalité toujours trop dure à assumer.

Il n'y a pas que ce village irréaliste, ce Brigadoon de l'enfance, qui fait de Ma vie de chien ce bijou, il y a aussi Anton Glanzelius le comédien qui joue le rôle de Ingemar. Il a une tronche unique qui correspond merveilleusement bien au rôle, à la fois toujours passif, tantôt perdu, avec des réactions totalement paradoxals et maladroites de pulsions qu'il n'arrive pas maîtriser.

Il y a aussi la musique sublime qui accompagne le film. Il y a également la mise en scène très sobre et dédiée de Lasse Hallström, il y a, il y a…

Bref un tout qui fait de ce film une petite merveille.

(1) Il me semble, mais je ne puis l'assurer.


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De alexag, le 21 février 2005 à 00:34

Ma vie de chien est le film le plus touchant qu'il m'a été donné de voir!


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