Jamais il n'avait joué autant le jeu du détachement, offrant à son film une radicalité de mise en scène à la fois étonnante et juste.
Ces histoires de cœur sont racontées lors de promenades d'amoureux dans les paysages de cartes postales de Paris. Comme Paris est la ville de l'amour, le parti pris est cohérent.Au résultat, une fraîcheur qui n'est pas désagréable, sauf pour les allergiques au style de Rohmer qui risquent une poussée terrible d'urticaire.
C'est léger, c'est agréable, c'est plaisant. Un bon moment qu'on n'a pas envie forcément de disséquer plus que ça.
Mon 4/6 est assez bienveillant, au regard des plus réussis des Rohmer qui vont évidemment chercher beaucoup plus loin, lorsque,ça va de soi, on apprécie ce style si particulier, à la limite de l'artifice, mais tellement intelligent et raffiné.
Ce film là, ces Rendez-vous-là, c'est vraiment un exercice de style, une jolie digression, afin de ne pas perdre la main, après la série des Contes des quatre saisons, et avant d'aller voir un peu dans un cinéma plus engagé, celui de L'Anglaise et le duc.
Trois histoires qui n'ont pas toutes le même intérêt ; malheureusement, pour le souvenir qu'on va garder du film, la meilleure est la première et, si on espère que le film va continuer sur le ton à la fois léger et grave du premier segment, on est malheureusement conduit à constater que ce n'est pas le cas.Le deuxième segment, qui s'appelle Les bancs de Paris me semble d'assez loin le plus faible et réunit tous les tics et défauts que l'on peut imputer à Rohmer, des ratiocinations sans fin sur les égarements du cœur et de l'esprit, des raffinements de pensée poussés jusqu'à l'extrême, de petits jeunes gens crispants, à la limite du tête-à-claques, des jeunes gens qui ne parviennent pas à se décider, à bousculer l'évidence des choses.
Le troisième, Mère et enfant 1907 qui relate la rencontre d'un jeune homme peintre avec une jeune femme dans les rues du Marais, et dans le musée du funambule Picasso, rue de Thorigny vaut essentiellement par le discours sur l'art (lorsqu'on s'intéresse à la peinture) et surtout par cette délicieuse animosité presque charnelle qui s'instaure d'emblée entre le jeune peintre (Michael Kraft) et la Suédoise (Veronika Johansson) qui est venue à Paris pour bien peu de choses. Drôles de gens, ces Scandinaves écartelés entre Andersen, Éva Joly et Andres Breikink. Comment peut-on ne pas apprécier les infinies variations des crépis (et des décrépis) des murs de Paris ?Donc, le délicieux premier sketch (Le rendez-vous de 7 heures), tout de finesse, d'intelligence, de subtilité. Là, c'est Rohmer dans ce qu'il peut y avoir de meilleur : c'est léger, profond, drôle et triste. Les héros portent des prénoms de tragédies classiques ((Horace, Hermione, Esther, Aricie), parlent comme chez Marivaux et souffrent comme chez Alfred de Musset.
Élégance rose et grise dans un Paris magnifique. Jeunes filles de haut lignage. Rohmer, à 75 ans, démontrait, s'il en était besoin, qu'un vieux monsieur sait toujours comprendre les jeunes filles…
Oeuvre de cinéma hors-norme… reposant sur des dialogues dont on ne sait s'ils sont naturels (et spontanés) ou artificiels (écrits par un scénariste). Les rendez-vous de Paris est un Rohmer sans doute mineur, parfois agaçant, mais qui fait réfléchir pendant et après sa vision. Sur la façon dont les Parisiens nouent des relations sentimentales. La société y est tellement stratifiée (les ouvriers construisent un immeuble sous la fenêtre de la jeune fille) qu'il est difficile de rencontrer des personnes possédant les mêmes affinités.
Les rencontres se font au gré des circonstances, de façon inattendue, sur un marché ou à la terrasse d'un café… La psychologie des jeunes parisiens, leurs pensées et émotions, sont portées par l'écriture cinématographique, tel ce plan-séquence suivant la démarche sensuelle de la jeune fille en fleur. Derrière une légèreté de façade, un propos emprunt de gravité suggérant que les relations humaines, faites de malentendus et d'incompréhension, peuvent partir en vrille à tout instant. Le cadre verdoyant et paisible de la cité constitue toutefois un berceau favorable à ces relations.
Le cinéaste réussit à mon sens à travers des péripéties très ordinaires de la vie de tous les jours à aborder des sujets essentiels qui concernent chacun (les choix à faire engageant des individus, partagés entre leur activité professionnelle et personnelle, conduits par la raison et des aspects liés à l'émotion).
C'est aussi un des rares cinéastes (avec Robert Bresson ?), à mon avis, dont on se demande ce que sont devenus ses acteurs. Le film a été tourné en 1994, à une époque ou les téléphones avaient encore un fil à la patte. Du temps s'est depuis écoulé. Les trois acteurs de ce dernier volet (Benedicte Loyen, Michael Kraft, Veronika Johansson) ont connu des sorts professionnels divers. L'incarnation de leur personnage dans ce volet de Rohmer est marquante à mon sens. Il y a un côté démiurge, créateur d'univers, et de personnages emblématiques, chez ce cinéaste.
5/6 pour ce film mais l'oeuvre complète de Rohmer est en soit un chef d'oeuvre…
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