Forum - Quatre aventures de Reinette et Mirabelle - L'amour des jeunes femmes...
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Forum : Quatre aventures de Reinette et Mirabelle

Sujet : L'amour des jeunes femmes...


De dumbledore, le 23 mai 2004 à 22:13
Note du film : 4/6

Eric Rohmer aime bien les jeunes femmes. C'est un secret pour personne. Il aime bien également les faire parler de tout et souvent de rien. C'est même généralement lorsque ces personnages parlent de rien qu'ils sont le plus truculent. Dans 4 aventures de Reinette et Mirabelle, le réalisateur laisse la parole à deux spécimens plutôt truculents. La première, Reinette est une fille de la campagne, très bavarde, très directe, très douce. Mirabelle, c'est la jeune femme de la ville, plus réflechie, plus intellectuelle et moins bavarde. Quand elle ouvre la bouche, c'est souvent pour sortir des répliques cinglantes. Elles se rencontrent "par hasard comme tout le monde," suite à un pneu de vélo crevé lors d'un séjour à la campagne de Mirabelle. Elles passent quelques jours ensemble et Mirabelle invite Reinette désireuse de suivre des études de peinture à Paris de partager son appartement.
Les deux amies sont liées et vont vivre quatre "aventures" tournant autour d'un même thème : la parole et le silence.
1. L'heure bleue rappelle un peu Le Rayon Vert. C'est le seul épisode campagnard du lot et correspond à la minute pendant laquelle les animaux de la nuit s'endorment avant que les animaux du jour ne se réveille. Pendant cette seconde, le silence absolu règne sur la nature. Cette minute de silence est la quête de l'épisode et constitue un véritable miracle tant Reinette bavarde, bavarde, bavarde… Très bavard, souvent ennuyeux et sans grand intérêt cette aventure est la moins réussie des quatre (4). Elle fait toutefois un écho direct avec la dernière aventure :
4. La vente du tableau Reinette fait le pari à Mirabelle de ne pas parler pendant une journée entière. Seulement, durant cette journée, elle doit vendre un tableau
Fabrice Luchini pour pouvoir payer le loyer)
. L'épisode est très réussi et prouve qu'on peut avoir une conversation avec certaines personnes sans dire un mot! et sans qu'ils s'en rendent compte !! Surtout quand on à affaire à des critiques d'art et qu'on est artiste !!!
Les deux autres aventures sont des variantes non plus sur le silence, mais sur la parole qui doit combler le silence, sans pour autant signifier la chose qu'elle dit.
2. Le garçon de café est une histoire simple : Mirabelle s'assoit à une terrasse de café et rencontre un garçon de café très parisien, c'est-à-dire agressif et insupportable. Il refuse de faire de la monnaie, accuse sa cliente de le voler et de lui faire perdre son temps. Petit sketch ludique, bien écrit et rigolo.
3. Le mendiant, la kleptomane et l'arnaqueuse Faut-il croire la parole entendue? Trois figures de délinquance et trois modes de séduction pour obtenir de l'argent ou des biens de consommation. Où mettre la frontière entre le fait de répondre à la demande et de ne pas réponde. Un peu laborieux.


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De tedsifflera3fois, le 8 juillet 2011 à 03:34

Eric Rohmer propose en un seul film 4 « aventures », autant de court-métrages et de courts contes moraux qui étudient la puissance et l'impuissance des mots, la puissance et l'impuissance du silence. Et la difficulté de comprendre l'autre tout autant que de s'en faire comprendre. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2011/07/07/4-aventures-de-reinette-et-mirabelle-critique/


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De Impétueux, le 19 novembre 2013 à 17:29
Note du film : 3/6

Quatre aventures de Reinette et Mirabelle est vraiment un Rohmer mineur, exclusivement destiné à ses amateurs inconditionnels (parmi qui je me range) mais qui désarçonnerait ou décevrait sans retour ceux qui auraient la mauvaise idée de commencer par ce film un parcours rohmerien. On sent bien que ces saynètes, intelligemment contées comme toujours, s'appuient sur bien peu : des situations vécues par l'auteur ou survenues à des proches et contées à lui, liées un peu artificiellement dans une dialectique parole/silence qui n'est pas très convaincante…

Et des anecdotes si ténues qu'elles ne pouvaient pas pendre place dans la série Comédies et proverbes. Le cinquième film de la série, Le rayon vert, était sorti en 1986, et le sixième et dernier, L'ami de mon amie allait sortir quelques mois après Quatre aventures dans la même année 1987 : on voit bien les rapports entre les trois films : Heure bleue (l'aube) à quoi Reinette convie Mirabelle/Rayon vert (le coucher du soleil) que guette Delphine (Marie Rivière) et amitiés féminines), mais ces rapports ne sont pas ce qu'il y a de plus dense.

Il faut donc prendre Reinette et Mirabelle comme un gentil exercice de style, quatre sketches d'intérêt bien inégal où le verbe de Rohmer ne fonctionne pas toujours parfaitement et peut tomber dans la plus agaçante verbosité ; c'est particulièrement criant dans le premier segment, qui se passe à la campagne et qui relate la rencontre des deux filles (Joëlle Miquel et Jessica Forde) et presque autant dans le dernier, La vente du tableau, où Fabrice Luchini tourne à vide. En revanche on se régale avec Le garçon de café qui présente une sorte de délire nonsensique extrêmement bien interprété par Philippe Laudenbach et on ne s'ennuie pas avec la kleptomane (Yasmina Aury) et l'arnaqueuse (Marie Rivière) qui joue avec talent un personnage que nous connaissons bien à Paris : la dame bien élevée (ou le monsieur fort urbain) qui prétend qu'on lui a volé son sac (ou son portefeuille) et qui a besoin d'une petite somme pour acheter un billet de train.

Cela étant, la modestie des moyens techniques employés par Rohmer lui permet souvent de montrer de Paris un visage très vivant, très frais et – si le mot n'était pas galvaudé – très authentique. Et de la même façon, son équipe d'acteurs, souvent inexpérimentés, mais non gâtés par les tics de métier donne un son inimitable, quelquefois crispant, mais d'ordinaire bien venu.

En tout cas pour ceux qui aiment cette forme rare de cinéma.


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