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Forum : Dernier amour

Sujet : Charme crépusculaire


De Arca1943, le 23 mai 2004 à 07:34
Note du film : 5/6

À la fin des années soixante-dix, la « comédie à l'italienne » agonise et elle le sait. Ça ne fait qu'ajouter au charme et à l'humour de ce Risi de haute cuvée, qui doit aussi beaucoup à la performance de l'inoubliable Ugo Tognazzi, toujours aussi précis dans ce dosage du grotesque et du pathétique, du corrosif et du tendre qui est la marque de commerce du genre. La scène où il imite Totò est un morceau d'anthologie : hommage à un cinéma disparu par un cinéma sur le point de disparaître…

Et le dénouement prend aux tripes : le « monstre » est désormais sans masque.

Encore un DVD qui devra bien sortir un jour…

Arca1943


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De Gianni, le 30 décembre 2004 à 06:20
Note du film : 6/6

Au grand scandale d'Arca 1943, j'ai vu assez peu de comédies italiennes… moi qui suis Italien! (Enfin, jusqu'à un certain point. Quand je vais en Italie, je suis un touriste comme tout le monde). Mais celle-là, Primo amore, je viens tout juste de la voir, dans une vieille version VHS (v.o. italienne) que j'ai déterrée chez Ital Video Disco, à Montréal, le lieu de rendez-vous des Italiens-Canadiens qui s'ennuient des films de leur premier pays et des Gianni qui cherchent un cadeau de Noël pour leur ami Arca). Et je trouve que ce film est une merveille. Charme crépusculaire, c'est bien ça. Mais alors, un charme assez puissant, quand même. Ugo Tognazzi est un sacré acteur. Ça vaut vraiment la peine de voir cette comédie.


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De Arca1943, le 5 février 2005 à 20:34
Note du film : 5/6

Rien, en effet !

Vrai que les traductions de titres ont souvent l'air d'avoir été soumises au préalables à un sous-comité gouvernemental ! Mais on peut se consoler en se disant que Dernier amour, c'est moins pire que Vedo nudo du même Risi qui devient « Une poule, un train et quelques monstres » ou Italian secret service de Comencini qui devient « Les Russes ne boiront pas de coca-cola » ou encore Parenti serpenti de Monicelli qui devient « Une famille formidable » alors qu'il suffisait d'appeler ça Parents serpents !

Merci pour ton vote!

Arca


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De Arca1943, le 24 décembre 2011 à 18:08
Note du film : 5/6

Note maintenue, après toutes ces années !

J'ai même perdu les vagues préjugés que j'ai pu entretenir au sujet d'Ornella Muti (trop belle, sans doute ?) : elle est ici pleine de conviction en fille terre-à-terre et volage et tient son bout en grande professionnelle face au redoutable Tognazzi. Lequel Tognazzi est à son son meilleuR dans ce rôle de comique vieillissant – avec l'accent sur les deux termes, car on a la vague impression que s'il s'installe dans cet hospice pour vieux artistes, alors qu'en fait il n'est pas si âgé, c'est que son genre de comique burlesque ne fait plus recette dans les salles italiennes…

C'est une comédie vraiment crépusculaire, où le rire n'est plus qu'une ombre fugace et morose. Normal vu que c'est l'histoire d'un type qui ne fait plus rire. La signature du genre est immanquable, mais aussi la signature de l'artisan : à mon grand plaisir (je ne m'en souvenais plus) on y trouve même une scène de plage à la Dino Risi, avec tous ces petits vieux sur la berge…

Amère et dérisoire, c'est une des dernières comédies à l'italienne de la période.


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De vincentp, le 10 février 2015 à 22:48
Note du film : 6/6

Dernier amour est un très beau film, particulièrement sombre. L'alchimie de la comédie italienne type façon Mes chers amis fonctionne parfaitement surtout lors de sa première partie (qui en soit est un chef d'œuvre). Les acteurs mais aussi les spectateurs sont particulièrement bien gérés : le dosage des ingrédients est subtil. Le duo improbable Ornella Muti – Tognazzi génère de l'émotion. Un parfum d'universalité et d'intemporalité, qui produit les grandes œuvres artistiques. Le scénario s'effiloche ensuite au bout de soixante minutes, et minore sans doute un peu l'impression générale… Une œuvre qualitativement située juste en-dessous des plus belles réussites de Dino Risi.

Cette œuvre désespérée semble effectivement marquer l'acte de décès de la comédie italienne. Les auteurs de cette œuvre semblent ne plus croire aux ressorts qui ont fait fonctionner le genre pendant près de vingt ans (comme la sensualité féminine).


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De verdun, le 7 mars 2015 à 01:53
Note du film : 5/6

Superbe forme: décors, mise en scène, photo de Tonino Delli Colli. Superbe interprétation de Tognazzi

Le ton est mélancolique et dur: c'est le Risi que l'on aime. La reflexion sur la vieillesse est puissante. Elle se poursuivra dans Valse d'amour.

On est effectivement proche des meilleurs Risi.


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De Impétueux, le 11 mai 2015 à 17:54
Note du film : 5/6

Évoquant la comédie à l'italienne dans le supplément du DVD, Dino Risi dit substantiellement, que, devant des réalités identiques, les Français ont tendance à se prendre au sérieux, les Italiens à se moquer d'eux-mêmes. Partant de prémisses analogues, Dernier amour, tout au moins dans sa première moitié, et La fin du jour aboutissent, de fait, à des dénouements différents, tragiques ici, sarcastiques là. Et, pour autant portent un même regard sur cette abomination qu'est la vieillesse.

Toute comparaison a ses limites : Ugo Cremonesi, dit Picchio, (Ugo Tognazzi) n'a rien du cynisme et de la cruauté de Sinclair (Louis Jouvet) et Renata (Ornella Muti) a beaucoup plus de substance et beaucoup moins de naïveté que Jeannette (Madeleine Ozeray) ; n'empêche que la plongée dans l'affreux monde des hospices de saltimbanques donne à la fois le même froid dans le dos et le même ricanement devant la prétention, la jactance et le délire prétentieux des comédiens dans la dèche. Cette sorte de carnaval perpétuel qu'ils jouent à eux-mêmes et aux autres, ce besoin de paraître, de se montrer, de recueillir les applaudissements, même convenus et de complaisance de leurs frères de misère.

Il y a une très riche collection de vieillards pathétiques, au premier rang de qui, Lucy (Caterina Boratto), ancienne star déchue, toujours affublée de son caniche, mais aussi tout un cortège bosselé de vieux gamins (mention spéciale au gentil couple homosexuel qui ne cesse de se chamailler et de se réconcilier) qui se font des farces, se racontent leurs triomphes passés et marchent à la baguette. Parce qu'ils sont dirigés d'une main rugueuse par un ancien colonel (Mario del Monaco), sale type arrogant et prétentieux qui couche avec les servantes. Et qui a donc couché avec Renata, jolie plante au milieu de l'arboretum cacochyme, qui rêve de sortir de sa mouise et de sa condition. Picchio qu'un heureux revirement du sort vient de doter d'un petit magot, lui donne l'occasion d'aller voir ailleurs…

La seconde partie du film où Renata est captée par les lumières de Rome et où Picchio revient seul et lessivé à la maison de retraite est moins vive que la première, plus convenue, aussi, mais elle vibre pourtant bien fort, parce que Dino Risi ne se refuse pas à son sujet, qui est pathétique et désespérant et qu'il tourne, donc, comme on doit tourner, sans laisser la moindre place à la moindre éclaircie.

C'est noir, mais c'est évidemment drôle, émaillé de dialogues brillants : Picchio arrivant à la pension, demandant à un serviteur : " – On est bien dans cette maison ? – C'est comme chez soi ! – J'espérais que ce serait mieux !" ou Renata répondant à ses premières avances : "J'ai passé la journée avec grand-mère, j'ai pas envie de passer la nuit avec grand-père !". Il y a des trucs qu'on n'oserait pas raconter, mais qui font éclater de rire (le sexe coupé chez le coiffeur), des numéros d'acteur éblouissants (Tognazzi mimant des joueurs de billard, ou imitant Toto) et un sens inné du pathétique (le visage défait du pauvre vieux qui a accepté de conclure un mariage blanc avec une blonde Polonaise et qui est triste, si triste et si seul lors de la fête, la virée sur une plage déserte de tous les vieux comédiens expédiés là par le Directeur qui pendant ce temps, se tape la serveuse du restaurant où le déjeuner a eu lieu…).

Tognazzi est magnifique, comme on le connaît et on l'aime, immense acteur à cent visages. Mais si j'avais déjà beaucoup apprécié le jeu d'Ornella Muti dans la trilogie (Un couple épatant/Cavale/Après la vie) de Lucas Belvaux, qui date de 2002, je ne connaissais pas bien sa beauté et ses qualités de 1978 : elle est vraiment au niveau de son partenaire. Et ce Risi est au niveau de ses acteurs. À moins que ce ne soit le contraire. Ou les deux.


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