« Ce garçon et cette fille sont étrangers au monde ou nous vivons, voici leur histoire ».
La bande et ses contraintes font de Bowie et de Keechie encore adolescents des ressources partagées entre la résignation de subir une époque complètement bouchée n'offrant que l'opportunité de la rapine et le désir de vivre en parallèle les expériences de leurs âges, une passion amoureuse un peu naïve dont l'un comme l'autre ignore le processus.
Road movie exemplaire "les amants de la nuit" conte merveilleusement les quelques heures de libertés sensuelles que découvrent un couple presque enfantin dans une cavale toujours recadrée sur l'obligation du devoir malhonnête.
Vivre ses vingt ans dans un contexte économique déplorable entraine deux paumés en cavale sur des routes bordées de situations absurdes.
On se marie en cinq minutes pour vingt cinq dollars avec la meute aux trousses après avoir tâtonné dans un car les pleurs d'une progéniture que l'on accepte comme un éventuel avenir.
Rires d'adolescents dans une voiture cabossée filmée de haut font monter en puissance une conclusion tragique éjectant une nouvelle fois une génération montante tourmentée et inexpérimentée d'une normalisation simple et durable faisant d'elle par la force des choses des portes flingues improvisés.
Nicholas Ray pour sa première œuvre adouci le schéma traditionnel du film de gangsters pour ne montrer que le trajet d'un couple culte emblème d'une démolition sociale dont les espérances sont pulvérisées par la rudesse de modèles brutaux.
Dans un tel temps impossible de se construire. Il ne reste plus qu'a jouer les jeux de l'amour jusqu'à l'échéance finale dans une fuite se grisant de situations sentimentales éphémères.
Ce premier film de Nicholas Ray est un coup de maître. Cette oeuvre poétique est une ballade violente oscillant entre la mélancolie et le malaise, accentué ici par des ambiances nocturnes poisseuses. Les sentiers de perdition des deux héros sont mis "en lumière" par une partition parfaite montrant une jeunesse angoissée et perdue qui n'est pas sans rappeler la fureur de vivre du même réalisateur.
Comment souvent chez Ray, ce film lyrique et âpre décrit, sans fard, la quête intérieure d'un homme dévoré par des tourments et des doutes.
Peut-être et tout à mon admiration pour Bonnie and Clyde à l'enthousiasme des vingt ans que j'avais alors, suis-je un peu injuste envers un film qui m'a semblé plutôt superficiel. Disons que j'accepterai volontiers une argumentation en sens inverse, ce qui, chez moi, n'est pas si fréquent.
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