Dans le droit fil de Mystic River, qui après une série de très bons romans noirs (C.F. Gone Baby Gone), marquait le passage de l'écrivain Dennis Lehane à un genre de thriller plus ambitieux, ce Shutter Island est un magnifique roman noir, évocateur et tourmenté, avec une intrigue complexe comme toujours, mais situé cette fois dans le contexte historique de l'après-guerre et jouant à l'occasion d'une savante confusion entre le réel et l'imaginaire. Un livre prenant, que je viens de refermer à regret. Clint Eastwood a tiré de Mystic River son meilleur film, et j'ai bon espoir que Martin Scorsese ne soit pas en reste avec Shutter Island. Voilà un film que j'attends avec impatience. (Par contre j'ai de gros doutes sur Silence, et je parie que je vais préférer le Chinmoku de monsieur Shinoda à cette adaptation "occidentale" également prévue au programme du maestro).
…et j'ai eu bien raison ! C'était un sacré défi de porter ce roman à l'écran. Il faut une maîtrise vraiment bien particulière de tous les éléments pour faire avancer le récit dans la direction souhaitée. Ça n'aurait pas pu être un premier film, il faut un vétéran pour tourner ça. J'essaie d'être discret pour ne rien révéler à ceux qui n'ont ni lu le roman ni vu le film. Les spectateurs qui ne connaîtront pas à l'avance les développements de l'histoire se sentiront sans doute déroutés par certains choix narratifs, se demanderont dans quoi ils se sont embarqués, seront perplexes devant la symbolique de certaines scènes, mais en fait, rassurez-vous, tout est cohérent. C'est une réussite, et pas une facile. Les acteurs des premiers comme des secondes rôles sont mémorables et la scénographie de Dante Ferretti vraiment impressionnante.
Bof, pas terrible comme film. La fin est décevante.
Je m'attendais à mieux.
Non, ce n'est pas un grand film. Désolé Arca. C'est un film ennuyeux, indigeste entre la 30° minute et la 105° minute, et j'ai activé la télécommande pour avancer. Excellent roman, je n'en doute pas, mais l'adaptation à l'écran ne passe pas. Une mise en scène grand-guignolesque (on se demande par moments si le patient n'est pas Scorsese lui-même, qui se regarde dans une glace en train de filmer). Ce mélange fantastique-thriller détraqué est très difficile à supporter. Le metteur en scène veut trop en faire, trop en montrer. Il aurait fallu une mise en scène beaucoup plus sobre. On est ici dans le domaine de la mise en scène ronflante, mégalo. Et puis le scénario brasse trop de thèmes sans réellement les creuser. Et entre nous, il faut être un bleu pour ne pas deviner que le personnage joué par Di Caprio souffre de névroses et de schizophrénie (il a des visions dès la dixième minute, sa femme décédée venant le conseiller !).
A part ses documentaires, Scorsese a perdu le fil depuis un moment. Je ne me souviens plus de quand date son dernier film de fiction réussi. Je dirais Casino, il y a une quinzaine d'années. L'alchimie du succès artistique de Scorsese a tenu, c'est une évidence aujourd'hui, à son alliance avec de Niro, qui le complétait parfaitement, et lui apportait spontanéité et dimension terre-à-terre.
Bref, une grosse déception pour ce Shutter island. Encore que je ne m'attendais pas à beaucoup mieux, échaudé par toute une série de mauvais films de la part de Scorsese. Triste seconde partie de carrière, vraiment. Un peu à la Woody Allen ou Steven Spielberg, qui ont décliné à peu près en même temps (début des années 1990). D'autres ont pris alors la relève…
le commentaire de Vincentp résume parfaitement ma pensée: un film emphatique et alambiqué tourné par un cinéaste en perte de vitesse depuis Casino. On peut sauver à la rigueur Les infiltrés. Je me souviens que lors de ma découverte de ce film en salle, j'ai failli m'endormir, c'est dire..
Une constatation: des retrouvailles Scorsese -De Niro sauveraient le réalisateur comme l'acteur de la médiocrité dans laquelle ils se sont enfoncés l'un comme l'autre.
Parmi les autres cinéastes ayant décliné: Tim burton qui ne s'est jamais vraiment remis de son inepte planète des singes.
Tim Burton est un réalisateur ayant réalisé des histoires intéressantes, un créateur d'ambiances, mais il n'a jamais été un grand maître. Ses histoires sont souvent confuses… Je le rapprocherais de David Fincher.
Shutter island : les trente premières minutes sont pourtant réussies. Mais ensuite, difficile de ne pas décrocher : on navigue dans le n'importe quoi.
Film tres confus. Pourtant certaines scènes font aller au bout de ce n'importe quoi . Dommage …
Note :2/6
Ici parvenu, je me régale : tout ce qui explore les méandres affreux du cerveau humain et les petites boutiques d'horreurs dont ils sont capables m'intéresse. Encore faut-il qu'on n'entasse pas inconsidérément Pélion sur Ossa et qu'on n'ajoute pas strate sur strate dans la complexité structurelle. À force de multiplier les niveaux de faux-semblants, voilà que le film perd de sa nervosité initiale et commence à lourdement peser. Les bizarreries qui se multiplient ne font pas oublier les invraisemblances, même si elles sont à peu près élégamment dissimulées par la qualité des décors et de la façon de filmer de Martin Scorsese.
On perçoit pourtant assez vite que le héros Teddy Daniels/DiCaprio n'est pas mentalement bien net, qu'il porte de bien lourds secrets et de bien grands drames. Et de ce fait on n'est pas tellement surpris par les révélations qui surviennent (et même s'accumulent) à la fin du film où la vérité est révélée au pauvre garçon avec une grande brutalité. Mais trop c'est trop, et à ce moment là, nous avons pour la plupart cessé de ressentir la moindre empathie pour ce pauvre garçon torturé. Les camps de la mort, vécus réellement ou même fantasmés, le mariage avec une femme maniaco-dépressive, une profession accapareuse de vie, affreusement stressante et un goût affirmé pour l'alcool, voilà un joli cocktail pour faire perdre les pédales. Beaucoup plus qu'à Vol au-dessus d'un nid de coucou, qui présente finalement d'assez braves fous classiques, Shutter island m'a fait songer à un grand film démoniaque, Angel heart d'Alan Parker, où l'équilibre bascule et où le personnage principal, Harry Angel (Mickey Rourke) voit aussi sa raison bouleversée ; il est d'ailleurs amusant de voir que l'antagoniste d'Harry, Louis Cypher, est interprété – et avec quel talent ! – par Robert De Niro, acteur scorsésien s'il en est… Mais Angel heart, malgré une intrigue assez complexe, n'était pas chargé de scories et de retournements invraisemblables.Bref, voilà un film qui ne manque pas de qualités esthétiques et dont l'acteur principal, DiCaprio est assez crédible, mais qui ne parvient pas à accrocher l'attention. En tout cas à la retenir aussi longtemps qu'il dure.
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