Certes, la façon de filmer de Danny Boyle est au point, mais il verse par moments dans le grandiloquent. On a aussi du mal à comprendre le sens du film : la misère du tiers-monde doit être combattue ? La croissance économique se fait via une corruption galopante ? Et l'histoire d'amour ne vole pas très haut, c'est le moins que l'on puisse dire. On est bien loin de S Ray et Charulata.

Oscar du meilleur film ? Soit les goûts des Anglo-Saxons ne sont pas les mêmes que les nôtres, soit le cinéma traverse une mauvaise passe, n'ayant plus grand chose à dire, arrivant simplement à produire un long-clip très branché, grand-public, avec une belle musique (mais qui pourrait tenir en 60 minutes), avec peu d'idées.

Je serai moins critique que Vincentp, même si je mets la même note. Slumdog millionaire est un conte de fées pour temps de crise, et il y a fort à parier qu'il n'aurait jamais eu le même impact, s'il était sorti un an plus tôt. Ceci dit, Boyle manie bien sa caméra, l'image est joliment étalonnée, le scénario très malin dans sa construction (chaque question du jeu est reliée à un souvenir personnel de Jamal), les décors bien exploités, et les comédiens sympathiques. Je ne suis pas sûr qu'il reste longtemps en mémoire, mais le temps qu'il dure, le film distrait, évite les longueurs et le mélo facile. De là à justifier la pluie d'Oscars, je ne sais pas…

2 ? Pourquoi cette note de 2, alors que j'ai trouvé que cette trop longue histoire assez niaise était bien languissante et méritait moins encore ? Peut-être suis-je là un peu couard et n'osé-je pas dire toute la stupéfaction peinée ressentie devant un film indien…

J'ai regardé ça en espérant, avec un certain humanisme, qui ne m'est pas familier, découvrir un monde attachant et différent du mien ; j'ai été servi ! À la fois les horreurs du Tiers-Monde et les pires conneries de nos civilisations (jamais aussi mal nommées en l'espèce !) ; ces braves gens sont aussi couillons que nous et s'abreuvent à Qui veut gagner des millions ? dont on reconnaît l'habillage et même les musiques ! On pensait que Jean-Pierre Foucault et ses épigones étaient l'abcès d'une civilisation épuisée, on s'aperçoit que cette lèpre a gagné la planète entière ! Beurkkk !

Cela dit, au contraire du point de vue de PMJarriq, avec qui je suis pourtant rarement en désaccord, je trouve que la scansion du film, dont les épisodes sont reliés aux questions du jeu idiot sus-évoqué, est totalement artificielle et fait partie de ces idées de scénariste qui peuvent amuser et enflammer, à l'issue d'une soirée qui tourne en beuverie, mais ne sauraient former la colonne vertébrale d'un film ; si l'on ajoute à ça les ponts-aux-ânes des deux frères liés comme les doigts de la main, qu'un destin contraire sépare, et qui finissent par retrouver leur union dans le sacrifice de l'un d'entre eux, et des amours enfantines contrariées, mais finalement triomphantes, on se trouve devant un récit improbable où la seule première partie, qui me faisait écarquiller les yeux sur la misère indienne m'a vraiment intéressé, les deux tiers suivants étant la gnognotte habituelle des films de bandits maffiosos.

En plus c'est filmé avec les tics du cinéma moderne : abus de gros plans, d'angles invraisemblables et de trémoussements parkinsoniens ; la caméra doit bouger, c'est une affaire entendue, et ce n'est pas un thuriféraire de Max Ophuls qui va écrire le contraire ! mais entre le mouvement harmonieux qui accompagne élégamment les protagonistes et la véritable danse de Saint Guy que fait subir au spectateur Danny Boyle il y a toute la différence entre la maîtrise subtile et le procédé systématique.

Bref, un film profondément ennuyeux, qui ne donne absolument aucune envie d'aller découvrir Bombay, depuis quelques années rebaptisée Mumbay, ce qui ne trompe personne.

C'est pourtant ce pauvre épouvantable pays de merde (au sens fort), de bidonvilles et de bandits tortureurs ? qui nous offre une des plus grande profusion de films ! Alors, comment font-ils ?

Tant qu'à Foucault et sa lèpre, beeerk ! , j'ai envoyé 50 textos, au moins, pour participer, en tant que lépreuse, (besoin de sous) et on ne m'a jamais répondu… Déjà que je tousse dans les cinémas, je vais vous paraitre infréquentable..

J'invite Impétueux à regarder au moins un film de Satyajit Ray : Charulata. L'Inde est bien entendu un pays porteur d'une civilation millénaire, d'une culture d'une très grande richesse et d'artistes de très grands talents, dans les domaines du cinéma, littérature, musique. Ce film de Danny Boyle, présentant les caractéristiques (et les tics) du cinéma contemporain, n'est pas représentatif ni du cinéma indien, ni de sa culture et de son état d'esprit !