Une petite perle bien meconnue(et c'est dommage)signée Ted Post avec un Clint Eastwood magnifique…le heros ressemble assez à celui du "bon, la brute et le truand": taciturne et enigmatique…
C'est vrai, c'est un bon western "hard boiled", que Eastwood avait d'ailleurs proposé à Leone. Le film vaut surtout par sa description des débuts de la justice dans l'Ouest : on capture les hors-la-loi vivants pour mieux les pendre ensuite, après un jugement hâtif. Par rapport à la mythologie Eastwood, c'est intéressant parce que tout y est en embryon : il commence le film en garçon-vacher naïf (Rawhide)
, devient un tueur implacable (les westerns italiens) et finit en spectre vengeur (Pale rider,
High plains drifter)
…
Il y a dans Hang'em high, tout un tas de seconds rôles amusants comme Dennis Hopper, descendu après une crise d'hystérie, le fordien Ben Johnson,
le peckinpien L.Q. Jones.
C'est un des pires westerns d'Eastwood.Après un début rude et surprenant (Le lynchage de la star du film dans les premières minutes !), le film ne va nulle part au bout d'une demi-heure : la mise en scène stagne,les événements semblent aléatoires, et le tout est encombré d'une love story hors sujet.De plus le charisme habituel d'Eastwood n'agit pas,car son personnage est flou et mal défini.Quand à la mise en scène de Ted Post(qui avait pourtant réussi "Magnum Force" avec le même Eastwood), elle copie maladroitement les effets mis en place par le western spaghetti.Mieux vaut revoir "Sierra Torride" De Siegel, qui s'inspire du western italien avec beaucoup plus d'humour et d'intelligence.
Mieux vaut revoir Sierra torride ? Pas d'accord… Le film de Post
est assez grossier et ressemble à une série télé des années 60, mais il propose un discours sur la justice et l'arbitraire assez intrigant, et des images marquantes comme cette potence "famille nombreuse" pour lyncher à la chaîne. Revu récemment, le film de Siegel
est par contre une pantalonnade pas bien légère, au scénario faiblard (on comprend une heure avant Clint
la véritable identité de la nonne), et qui s'effondre après son premier quart-d'heure prometteur. Sans être un classique du genre Hang 'em high
est une bonne transition de l'Italie aux U.S.A. pour Eastwood.
Je viens d'apprendre incidemment le décès à l'âge de 84 ans, de l'excellent acteur de composition Pat Hingle, qui jouait le juge implacable dans Pendez-les haut et court,
et tourna plusieurs fois aux côtés de Eastwood
de L'épreuve de force
à Sudden impact.
Hingle était remarquable en père macho dans La fièvre dans le sang
et en commissaire Gordon dans plusieurs Batman.
RIP.
C'est vrai, il était extraordinaire dans The grifters, en caïd nommé Bobo, qui brûlait Anjelica Huston
avec son cigare, et menaçait de lui exploser les organes avec un sac plein d'oranges. Une séquence anthologique du film noir contemporain.
Tout cela ne m'a pas empêché de revoir Pendez-les haut et court avec un grand plaisir. C'est un film important puisque son triomphe a permis à Clint Eastwood
de devenir en 1968 une des grandes stars du cinéma américain et de confirmer dans son pays le vedettariat acquis en Europe grâce à la trilogie des dollars de Sergio Leone.
Pendez-les haut et court
est un étrange mélange entre la série télé des années 60 -comme Rawhide,
déjà réalisée par Ted Post
- et le western italien à la Sergio Leone,
soit les deux genres qui ont révélé Eastwood.
Ce caractère hybride est aussi la limite du film, notamment du point de vue stylistique, notamment l'usage parfois intempestif du zoom. Notons que certaines séquences à la lisière du fantastique, notamment le règlement de comptes final, font penser à certaines futures réalisations "eastwoodiennes" comme L'homme des hautes plaines.
Comme l'ont souligné les commentaires précédents, le film vaut aussi pour sa réflexion plutôt subtile sur la justice car sont renvoyés dos à dos le lynchage pratiqué par des bandits sans foi ni loi, et la justice institutionnalisée mais beaucoup trop expéditive mise en place par l'implacable juge Fenton. On soulignera aussi la qualité du casting, qui mélange les vétérans Ben Johnson, Ed Begley,
Pat Hingle
et les jeunes Bruce Dern
ou Dennis Hopper
dans une apparition brève mais mémorable.
Et puis Pendez-les haut et court est pour moi une madeleine de Proust: je me souviens l'avoir vu un dimanche de juillet 1992 sur TF1.La première séquence où l'on voit le héros se faire pendre, comme celle des exécutions capitales ont marqué mon adolescence télévisuelle. Ce sont d'ailleurs les deux moments les plus réussis de ce film imparfait mais loin d'être anodin, voire indispensable pour les admirateurs de Clint.
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