Quelle journée ! C'était il y a deux jours. Après avoir subi la première partie d'un traitement de canal long et délicat, après aussi avoir longuement circulé, pour aller chez le dentiste et en revenir, sous une pluie drue, implacable et glacée qui a eu raison de mon parka (conçu pour la neige, pas la pluie !), j'ai fait un crochet par le club vidéo avant de rentrer chez moi en me disant : « Surtout, rien qui soit prise de tête ! » Au programme : bouillon de poulet, tout plein de couvertures de laine, et le film pop corn le plus léger que nous avons pu trouver, car des antidouleurs puissants m'assomment à moitié. Bref, le moment n'est pas bien choisi pour me taper Offret ou Son nom de Venise dans Calcutta désert !

On m'avait dit que La Momie 3 était moins bon que les deux autres, mais je n'y avais pas accordé de réelle attention sur le moment. Malheur de malheur ! D'abord et d'une, où est passée Rachel Weisz ? Qu'est-ce que c'est que cet fausse jetonne sans charme par laquelle on prétend maladroitement la remplacer ?

Ensuite plus le film avance, plus on comprend pourquoi Rachel Weisz n'est pas là : pas folle, elle a lu le scénario ! Ou alors son agent.

Comparés à ça, les deux premiers opus de la série sont presque des chefs-d'oeuvre. Je ne blague pas. L'humour, dans les deux premières momies, fonctionnait à peu près. Entendons-nous : ça ne volait pas haut, mais dans le genre qui-ne-vole-pas-haut, ça allait. Là, ça ne va pas. La complicité entre Brendan Fraser et son épouse est nulle ! Comme est nul l'acteur qui joue le fils O'Connell. Les échanges père-fils sont d'une pauvreté navrante et pas drôle. Les scénaristes devaient être en moyens de pression pendant le tournage ! Je suis triste pour Michelle Yeoh et Jet Li, qui sans être exactement des acteurs shakespeariens eux non plus, méritaient quand même mieux que ce citron. Leur duel au sabre est à peu près correct, mais ça n'a rien de génial et ça ne sauve rien. De toute façon les péripéties s'empilent de façon mécanique, sans imagination. Par exemple, il faut en passer par le légendaire palais de Shangri-La, dans l'Himalaya, pour retrouver un certain diamant. Lieu mythique s'il en est, parfaitement le genre de matériel pour un film d'aventures archéologiques. Eh bien, ils n'ont même pas à chercher le palais : simplement, quelqu'un crie : « Shangri-La ! Nous sommes arrivés ! » Et voilà. Si c'est pas se moquer du monde, je me demande bien ce que c'est.

Quelques effets numériques amusants (les métamorphoses de Jet Li en divers animaux fantastiques) m'empêchent de mettre zéro. Mais alors, c'est un 1 proche du 0,5…

Ça m'apprendra, aussi, à vouloir "économiser" mes précieuses acquisitions italo-nippones. À force de ne pas les regarder "pour m'en garder pour plus tard", je deviens ridicule. Alors au prochain traitement de canal, c'est décidé : je me soigne au Risi ou au Gosha !

Il est vrai que dans les deux premières Momie, la belle Rachel Weisz aidait à faire avaler Brendan Fraser, et des scénarios anémiques. Sans elle, je vais suivre le conseil d'Arca (ça va mieux ?) et m'épargner une nouvelle déception du style du dernier Indiana Jones, même si avec une énième Momie, on tombe forcément de moins haut.