Forum - Le Cabinet du docteur Caligari - Baroque et paranoïaque
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Forum : Le Cabinet du docteur Caligari

Sujet : Baroque et paranoïaque


De florianep, le 13 décembre 2008 à 09:38
Note du film : 6/6

Un des film les plus étrange qui soit, très baroque et paranoïaque. Film manifeste de l'expressionnisme, je note que ce film tourné en 1919 (le montage à cette date devenait très sophistiqué), fait un retour en arrière dans sa mise scène et assume volontairement une réalisation et un montage primitifs (que l'on pourrait situer à l'époque d'avant "David w Griffith", vers 1907-1908), à l’exception de quelques gros plans, le film a donc un découpage très peu développé. C'est un choix du réalisateur Robert Wiene, afin que le décors puissent s'exprimer à eux tout seuls ; je pense que c'est justement grâce à ce choix de mise en scène que le film a cette force de fascination et que contrairement à d'autres films de ce mouvement (pourtant plus dans leur temps comme: Le cabinet des figures de cires ou Le golem, etc.), il n'a pas vieilli. Ce côté primitif le rend paradoxalement très moderne. J'ajoute (car à propos de ce film on en parle peu) qu'il y a un grand soin apporté à la qualité du scénario.(qui fini sur un coup de théâtre très justifié). J'ajoute que les décors tentes en fait d'exprimer une "atmosphère" (un peu trop artificielle ; piège dont Murnau réussira a échapper avec son "Nosferatu") plutôt que les émotions des personnages. J'aime se film, il à quelque chose qui persiste.


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De vincentp, le 14 décembre 2008 à 10:27
Note du film : 6/6

La Cinémathèque française dispose dans ses collections (sauf erreur de ma part) des éléments du décor du film. Le décor des rues représentées sous une perspective dérangeante tient en quelques bouts de cartons de faible dimension. Simple, mais ingénieux et efficace quant à l'ambiance suggérée.


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De kfigaro, le 15 décembre 2008 à 10:15
Note du film : 6/6

Ce film fait partie des influences revendiquées de certains dessinateurs de BD comme Edgar P. Jacobs qui s'est énormément inspiré du personnage de Conrad Veidt pour le "Guinea-Pig" lobotomisé et téléguidé dans sa célèbre "Marque jaune" : et je confirme que l'expo des décors à la Cinémathèque française est réellement passionnante à visiter…


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De Impétueux, le 9 mai 2020 à 16:16
Note du film : 3/6

S'il ne s'agissait que de noter la restauration d'un film qui affiche désormais son siècle, on ne pourrait que donner la note maximale. Magnifique, intelligent travail qui permet au spectateur de voir une image à la pureté parfaite, de bénéficier des colorisations voulues par le réalisateur Robert Wiene pour marquer les différents niveaux de son discours et d'une musique parfaitement appropriée, composée par Rainer Viertelboeck sur des harmoniques originales qui suivent bien et enluminent même l'action décrite. Si l'on n'est ni spécialiste, ni même amateur de cinéma muet, de cet embryon nécessaire mais incomplet du cinéma que nous apprécions, on s'aperçoit vite que Le cabinet du Docteur Caligari est un jalon important.

Le cinéma avait à l'époque de grandes ambitions et s'intitulait 7ème Art avec un certain orgueil. Et de fait, le parti pris par le réalisateur de présenter la folle histoire du Docteur Caligari de façon volontairement agressive est tout à fait séduisant. Une des plus grandes qualités du film repose dans ses décors, anguleux, agressifs, décentrés et toujours étouffants. Par cette seule orientation, le réalisateur nous montre le chemin, nous guide rudement vers ce qui est le discours du film : la folie. Il se peut que l'on ne remarque pas d'emblée que la première et la dernière séquence, seules, présentent un monde conforme à notre habituel ressenti ; mais dès que l'on s'enfonce dans le récit que fait le jeune Franz (Friedrich Fehér) à son interlocuteur surgissent des images qui tiennent bien davantage au cauchemar qu'à la représentation d'une petite ville allemande du début du 19ème siècle.

Sensation évidente de malaise, d'étouffement, de décalage. Un peu ce que parviendra à installer, bien plus tard, Roman Polanski avec Le locataire en employant des focales bizarres : une réalité qui nous laisse inquiets. Décors stylisés sans aucune ouverture, sans un arbre, sans un brin d'herbe.

On devrait donc bien réaliser, dès ce moment-là, que le récit est celui que fait un esprit dérangé à un autre esprit dérangé et que tout le film est le résultat de la fantasmagorie de Franz, interné dans un asile et qui, à l'aide des silhouettes et des physionomies d'autres fous qu'il croise dans la cour des promenades invente une histoire effroyable. D'une certaine façon j'ai songé, de façon un peu acrobatique il est vrai, à Usual suspects où l'histoire se bâtit au fur et à mesure de son déroulement.

Hors cette intelligente idée de placer l'action entre parenthèses, c'est-à-dire de l'abstraire de la réalité, et de la faire se dérouler dans une ville de cauchemar, il ne faut pas attendre de grandes émotions du Cabinet du docteur Caligari, marqué évidemment par l'expressionnisme tonitruant qui est de mise à l'époque. Comme de coutume les acteurs tendent les poings, s'arrachent les cheveux, roulent les yeux de façon furibarde, grimacent et accentuent tous leurs mouvements. Évident héritage du théâtre dont il faudra d'ailleurs plusieurs années à beaucoup d'acteurs pour se débarrasser après l'arrivée du cinéma parlant.

Paraît-il premier film qui ouvre le riche rayon de l'horreur au cinéma, Caligari peut intéresser ceux qui aiment remonter aux sources et mesurer de visu tout ce qui nous sépare de ces origines. Il ne faudra pas quinze ans pour que les cinéastes s'emparent du cinéma.


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