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Sujet : Le western le plus américain de Corbucci


De Arca1943, le 29 novembre 2008 à 07:33
Note du film : 4/6

Malgré le McGuffin "grand format" du cercueil, Les Cruels est un western tout à fait différent du spectral Django, le précédent de Corbucci. C'est qu'ici on s'efforce de donner au film une facture nettement plus "à l'américaine" (malgré le beau thème de Morricone à la trompette qui, lui, fait très italien; mais curieusement le compositeur, déjà célèbre, signe ici Leo Nichols). Donc, pas de longs duels dans la boue, moins de dialogues sarcastiques, pas de ponchos ou de cache-poussière en vue. Une histoire simple, qui peut se résumer à l'attaque réussie d'un convoi et aux pérégrinations des hors-la-loi qui acheminent leur butin d'un point à l'autre. Mais eux, ou en tout cas leur chef, ne se voient pas comme des hors-la-loi. On est au lendemain de la Guerre de Sécession, le Sud s'est rendu, mais le vieux colonel sudiste joué par Joseph Cotten refuse d'entendre raison. Avec l'aide de ses trois fils et de deux acolytes qui seront abattus sur place "car ils n'étaient là que pour l'argent", il s'empare d'un million de dollars (des billets destinés à être brûlés) en attaquant à la dynamite et massacrant jusqu'au dernier les soldats nordistes qui escortaient le convoi. Cette somme, il la destine à reconstituer une armée pour poursuivre la guerre. L'alerte est donnée dans toute la région, mais notre homme a une bonne couverture. L'argent est dissimulé dans un cercueil et c'est le corps d'un capitaine mort au combat qu'on ramène ainsi vers le Sud, avec permis et laisser-passer en règle. Toutefois le permis est au nom de la veuve, il faut donc une veuve pour aller avec…

C'est un récit tout à fait linéaire, mais qui ne manque pas de retournements et de chausse-trapes. Le scénario est très bien conçu et instaure un vrai suspense. Certes, ça reste plus sombre et plus violent qu'un western américain de la même époque, pourtant on s'y croirait car Corbucci a substantiellement modifié son style. Il ne fait pas dans le baroque, ne cherche pas l'angle de caméra biscornu et tente le coup d'un traitement plus classique tout en restant lui-même. En avançant dans le film, on tombe c'est vrai sur des éléments qui font plus "spaghetti western" – comme ce clochard joué par l'acteur de second rôle… canadien Al Mulock, qui se suicida l'année suivante sur le tournage de Il était une fois dans l'Ouest – mais la facture d'ensemble reste plus dans le ton d'un western made in USA. Et c'est très bien ainsi, c'est bien réussi dans l'ensemble. Si des fans de Corbucci ont pu être déçus de cette orientation aux antipodes de Django, c'est leur problème. Même la fin, si elle est tragique et dérisoire comme on s'y attend, reste quand même plus dans le genre du Trésor de la Sierra Madre que du Grand silence. D'ailleurs, les deux personnages les moins "cruels", les plus humains, survivent.

Joseph Cotten surprend d'abord puis convainc dans ce rôle de fanatique qui massacre en famille. Face à lui, l'Espagnole Norma Bengell (déjà vue en épouse de Sordi dans Mafioso) se débrouille fort bien pour le genre, dans un vrai personnage qui gagne en importance avec le déroulement du récit. Le valeureux second rôle Claudio Gora a une ou deux scènes en révérend.

Un très bon Corbucci, à la fois efficace et atypique.


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De Arca1943, le 29 novembre 2008 à 20:02
Note du film : 4/6

Oups ! Pan sur le bec. Norma Bengell n'est pas espagnole, mais bien brésilienne. Elle a fait sa marque dans le cinema nuovo (Les Dieux et les morts, par exemple).


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De Steve Mcqueen, le 29 novembre 2008 à 21:50

Je m'adresse à Arca, qui me semble être un très bon connaisseur du cinéma italien en général et du western spaghetti en particulier : pourriez-vous m'éclairer sur la carrière d'Antonio Margheriti ? J'ai vu récemment "Avec Django la mort est là" et il me semble manifester un certain talent dans l'art de nimber d'une aura fantastique une histoire conventionnelle. Bref, peut-être a t-il réalisé d'autres films qui valent le coup, voire une oeuvre marquante ?


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De Arca1943, le 30 novembre 2008 à 02:51
Note du film : 4/6

Pour le cinéma italien en général, je peux me débrouiller, pour le western italien (et le western en général) je crois que Jarriq s'y connaît mieux que moi. De plus, tous les films italiens qui sortaient en France à l'époque, dont les westerns, ne se rendaient pas forcément au Canada (et c'est devenu bien pire depuis). De Margheriti, je crois avoir vu un seul film, toujours à cette époque : La Brute, le colt et le karaté avec le mythique Lee Van Cleef, qui m'a laissé un mauvais mais surtout un très vague souvenir. Désolé de ne pouvoir vous aider davantage.

Affaire de réputation, mais je ne l'ai jamais vu, il semblerait que Et le vent apporta la violence, avec Klaus Kinski, soit son meilleur western.


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De PM Jarriq, le 30 novembre 2008 à 09:32

Je n'ai pas vu ce "Django" là, mais effectivement, Et le vent apporta la violence (ressorti sous le titre "Un homme, un cheval, un fusil") est un film très intéressant, quasi fantastique, qui possède une bonne partie de la thématique de L'homme des hautes plaines de Eastwood. Et c'est surtout un des rarissimes rôles de héros positif de Kinski.


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De Arca1943, le 10 avril 2009 à 04:23
Note du film : 4/6

Le sudiste fanatique Joseph Cotten et ses fils réussissent à franchir sans encombres les patrouilles nordistes grâce à un subterfuge : ils transportent officiellement le corps d'un officier sudiste mort à la bataille de Nashville. Alors qu'un officier des chemises bleues vérifie le chariot et les papiers de la fausse veuve éplorée, Cotten lui précise : « C'est le colonel Ambrose Allan. »

Tiens, tiens, les petits facétieux. Des Allan, je vous l'accorde, ce n'est pas ça qui manque. Mais le prénom Ambrose, voilà qui est beaucoup plus rare. Et un Ambrose dans la Guerre de Sécession, je n'en vois qu'un…

Voici donc le colonel Ambrose Allan !


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De Arca1943, le 17 avril 2009 à 19:38
Note du film : 4/6

Tiens, je mets un petit lien pour les oreilles musclées de tout un chacun. Cette ligne de trompette, c'est tellement ça !

[http://www.youtube.com/watch?v=3atoEZQMl(..)]


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De verdun, le 19 décembre 2020 à 18:59
Note du film : 4/6

La guerre de Sécession s'est soldée par la victoire des Nordistes. Pourtant, Jonas (Joseph Cotten), un ex-soldat Sudiste, ne peut se résoudre à cette fin. Il établit un plan pour reformer l'armée Sudiste : voler une importante somme d'argent à leurs ennemis. Une fois l'embuscade réussie, en compagnie de son fils (Julian Mateos) et de sa prétendue femme (Norma Bengell), ils essayent de traverser le pays en dissimulant l'argent dans un cercueil. La route sera semée d'embûches…

Un Corbucci longtemps inédit en France, comme en atteste le doublage récent. Les cruels a la réputation d'être un opus mineur dans la filmographie de l'auteur de Django et Le grand silence. Pourtant, comme l'a souligné Arca dans les messages précédents, il s'agit d'un western italien qui s'élève au-dessus de la moyenne du genre.

Le scénario mélange de façon habile le road-movie et la tragédie grecque. Les cruels ressemblent aux Atrides. Les séquences à suspense ne manquent pas.

La photo, signée Enzo Barboni, est très belle. Le rythme est soutenu. Les acteurs sont bons malgré un casting hétérogène typique du western italien: on est content de revoir l'expérimenté Joseph Cotten, la charismatique brésilienne Norma Bengell et l'espagnol Julian Mateos.

La réalisation est peut-être un peu trop sage par rapport à ce qu'on attend de Corbucci. Or, d'une part le cinéaste se montre à l'aise dans le classicisme à l'américaine. D'autre part quelques séquences violentes et un certain pessimisme portent clairement la marque de l'auteur.

La musique de Morricone est assez marquante, notamment le thème principal à la trompette, à tel point que ce dernier a été repris dans un autre western italien, Le jour du jugement.

En somme, Les cruels est un film plus solide que des Corbucci plus connus comme Le spécialiste ou Far-West story.


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