Forum - Justinien Trouvé, ou le bâtard de Dieu - Le métier de bourreau
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Forum : Justinien Trouvé, ou le bâtard de Dieu

Sujet : Le métier de bourreau


De Torgnole, le 26 novembre 2008 à 09:41
Note du film : 5/6

Cette adaptation de la première partie du livre de Michel Folco: Dieu et nous seuls pouvons, raconte l'histoire d'un nourrisson au nez arraché, abandonné devant le monastère des Vigilants puis élevé par un couple de sabotier dont l'homme est un ancien navigateur marin. Baptisé Justinien Trouvé, l'enfant va grandir bercé par les récits de son père adoptif et destiné par le Grand Vigilant à devenir moine, Justinien part pour le monastère de Racleterre même s'il aspire pourtant à une vie de marin. Son destin sera ébranlé par de nombreuses (més)aventures…

Seule réalisation de Christian Fechner, à la base producteur de nombreux films français depuis les années 70, Justinien Trouvé, ou le bâtard de Dieu ne trouvera pas le succès en France et malgré une nomination aux césars en 1994 pour la qualité des décors, il se fera doucement oublier (la preuve, il a fallu demander la création de sa fiche sur Dvdtoile). Le film mérite pourtant le détour et Christian Fechner ne lésine pas sur les moyens: Décors, matériel, costumes, nombreux acteurs et figurants plus ou moins convaincants dans l'expression des dialogues argotiquement soutenus. La réalisation est certes, parfois maladroite, et manque un peu d'originalité et de rythme sur ces 2h30, mais certaines séquences sont ingénieusement filmées (la scène ou Galine avoue ses crimes pendu au plafond…), la musique est de bonne facture même si elle est parfois un peu envahissante, et le rendu est loin d'être ennuyeux dans son ensemble.

Ce qui pique ma curiosité dans cette deuxième moitié du XVIIème siècle, paradoxalement, c'est la crasse, la maladie, la cruauté, la barbarie légitimée par la religion, le pouvoir de la noblesse se servant de la violence comme instrument de crainte pour maintenir la loi et maîtriser les foules. Les personnages de cette galerie de trognes singulières sont sales, fourbes, butés, les cheveux de Justinien (Pierre-Olivier Mornas) sont gras du début à la fin, le crâne de Beaulouis (Ticky Holgado) est pelé par on ne sait quelle maladie (syphilis?), le teint du Grand Vigilant (Henri Génès) est verdâtre (foie malade?)… Les détails morbides fourmillent, et certaines scènes violentes (dans l'acte comme dans la pensée) sont effrayantes. Je pense notamment à celle ou le fou Galine (Roland Blanche), se fera rouer de coup sur la place publique, la foule d'excités réclamant justice, frappant leurs sabots en rythme l'un contre l'autre, pour acclamer et encourager le bourreau (scène qui peut s'apparenter à celle des sacrifices humains d'Apocalypto)

Alors que le livre de Michel Folco (que je n'ai pas lu), semble développer sa deuxième partie (sûrement non dénuée d'intérêt) autour de Justinien Pibrac qui fondera une des plus importantes lignées de bourreaux, il est donc dommage que le film rebondisse sur des péripéties servant à justifier une chute un peu niaise, en négligeant tout ce passage qui méritait d'être plus développé, mais bon, 2h30, c'est déjà beaucoup et suffit à passer un moment divertissant car malgré son côté authentiquement lugubre, le film reste léger et ne manque pas d'humour.


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De kfigaro, le 26 novembre 2008 à 11:12
Note du film : 5/6

Excellent long métrage que j'avais vu à l'époque de sa sortie et dont je me souviens encore assez bien (notamment le jeu du jeune acteur principal et la prestation de Ticky Holgado). L'atmosphère était bien rendue, les décors et les costumes extrêmement soignés (j'ai par contre peu de souvenirs de la musique), j'ai également du mal à comprendre pourquoi un film français d'une telle qualité a fait un bide ? En tout cas, je l'ai trouvé bien plus captivant que l'adaptation récente (et ratée) du roman "Le parfum" (dotée également d'une atmosphère bien crasseuse…)


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De Freddie D., le 26 novembre 2008 à 11:17

j'ai également du mal à comprendre pourquoi un film français d'une telle qualité a fait un bide ?

Déjà, un film français de cette période, qui ne compte pas Gérard Depardieu à son générique, c'est suspect…


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De PM Jarriq, le 26 novembre 2008 à 13:30

Etrange, cet échange sur ce film, alors que Christian Fechner vient de mourir…


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De Torgnole, le 26 novembre 2008 à 13:40
Note du film : 5/6

Ben merde alors! Pour une coïncidence! Film oublié qui, de plus, est mystérieusement revenu à ma mémoire à la suite d'un échange bref avec Impétueux sur le fil d'Apocalypto où ont été abordés des sujets comme le sacrifice humain, la religion chrétienne et le chamanisme amérindien… Et dire que j'ai revu ce film de Christian Fechner juste avant (peut-être même pendant) sa mort, ça fait bizarre…


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De PM Jarriq, le 26 novembre 2008 à 14:28

Je me souviens avoir discuté avec quelqu'un de Jean Richard. Nous ne savions pas s'il était mort ou non. Le lendemain, la presse annonçait son décès. C'est effectivement bizarre, ce genre de coïncidence, compte tenu que Jean Richard ou Christian Fechner ne figurent généralement pas au centre de nos préoccupations.


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De DelaNuit, le 5 septembre 2009 à 15:35
Note du film : 6/6

Le XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIV… pourrait aussi bien être le Moyen-Age dans les campagnes reculées, et notamment dans la province du Grand Languedoc, dans le Baillage du Gévaudan, sous la juridiction du baron Raoul de Belrocaille…

Une nuit d'orage, un nourrisson est déposé sous le porche d'un monastère. Pour une mystérieuse raison, l'enfant a eu le nez arraché. Il devra passer sa vie avec sur le visage un nez de bois. On le nomme Justinien Trouvé et on le confie à une "maman téton" en attendant qu'il grandisse et puisse rentrer dans la carrière monacale qui lui est destinée… Mais le jeune homme, qui ne pardonne guère à Dieu de l'avoir ainsi fait défigurer, rêve d'un destin d'aventurier sur les mers plutôt que de moine enfermé dans un monastère. Il se baptise lui même le batard de Dieu !

Le film, inspiré du roman "Dieu et nous sommes pouvons", nous raconte ses pérégrinations dans une superbe reconstitution historique sans complaisance, mais non sans humour. Et c'est tout un monde de brigands, d'aventuriers, de drôlesses, de gitans, de moines pervers, d'ensorceleuses, de marquis poudrés, de loqueteux aux trognes pittoresques, qui s'offre à nous dans un récit toujours inventif, sans temps morts, qui évite les clichés du film de genre ou joue avec eux pour nous amener vers un final inattendu.

Un très bon moment de cinéma, une magnifique évocation des campagnes françaises d'autrefois, portée par une musique poignante, sans besoin de la présence écrasante d'une star au générique. Mais d'excellentes interprétations de chacun y compris les seconds rôles, tels Ticky Holgado en maître des supplices, Zouc en sorcière de village (la "reine-Garou" !), Bernard Haller en juge perruqué et poudré, Bernard-Pierre Donnadieu en ancien pirate… Et le jeune Pierre-Olivier Mornas parfaitement crédible et sympatique à suivre dans le rôle titre.

Un excellent film de Christian Fechner très original, à mon avis représentatif de ce que le cinéma français peut apporter de meilleur au genre "film d'époque", qui aurait mérité un plus grand succès (mais il n'y avait pas de "star" au générique, alors…) L'édition dvd permet heureusement d'y remédier pour qui pourra la dénicher.


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