C'est un très beau film sur les mineurs. Un réalisateur comme Martin Ritt, largement oublié, renaît vraiment de ses cendres grâce au DVD : "Hud", "The front" ou "Hombre" et même le sous-estimé "Brotherhood" ont tous été réédités et sont tous, à des degrés variables, des oeuvres passionnantes.

Il semble clair que le phénomène DVD va remettre des pans entiers de l'histoire du cinéma dans de nouvelles perspectives, permettre de réévaluer des cinéastes (en bien ou en mal), d'avoir une vue d'ensemble bien plus claire de certaines oeuvres, dans le contexte d'une carrière.

Je partage complètement l'avis de PM Jarriq. Le film raconte l'infiltration d'un détective privé (Richard Harris) dans une organisation secrète , les "Molly Maguires", une société secrète qui regroupe plusieurs mineurs d'une mine de charbon en Pennsylvanie en 1876.

La première séquence donne le ton : on voit la lente sortie des mineurs qui se dispersent en silence. La mine explose brusquement, sabotée par les mineurs. Le film regorge de séquences similaires, froides, sèches, évitant tout pathos : l'assassinat d'une famille de mineurs en pleine nuit, le sabotage d'un train…

Sean Connery est remarquable quand il se laisse aller à son chagrin : la séquence de la mort du vieil homme, auquel il repproche d'avoir mené une vie soumise et morne. Harris est également parfait en homme du peuple qui cherche à échapper à sa condition en pratiquant la délation. SPOILER Le film se clôt sur la belle séquence où Harris vient voir Connery en prison, pour trouver l'absolution et s'auto-convaincre qu'il a choisi la bonne voie; jamais il ne commente son personnage, jamais il ne cherche à justifier son comportement.

Sinon la photo de James Wong Howe est magnifique : le film est baigné dans une lumière crépusculaire les couleurs sont chaudes, leur aspect rassurant contraste avec la noirceur du sujet abordé.

C'est vrai que Martin Ritt est un peu oublié aujourd'hui, et c'est vraiment dommage : "L'espion qui venait du froid " est un bon film d'espionnage, échappant à tous les clichés du genres et dominé par l'impérial Richard Burton, et "Hombre" échappe à tous les clichés du western "psychologique", grâce à un nombre réduit de personnages, une violence sèche et la remarquable utilisation des extérieurs ( toujours filmés par James Wong Howe).

4,5/6 Autres qualités : la musique signée Henry Mancini avec ces traits sourds pour marquer des instants forts (que l'on retrouvera dans Delivrance) ou ces envolées lyriques ; le souci de reconstitution historique, poussé jusqu'à de petits détails (par exemple, les enfants et les vieillards chargés de trier le charbon, ou bien la partie de rugby) ;

Mais un petit quelque chose empêche The molly maguires d'atteindre le statut de classique : un souffle plutôt absent ou un manque de fantaisie au niveau de la mise en scène. Un très bon film, bien fait, intéressant à suivre, mais pas plus.