C’est avec une grande liberté que Claude Miller adapte La Mouette de Anton Chekhov. S’il respecte le caractère bucolique de la pièce russe, il la déplace de la bourgeoisie au milieu du cinéma. Pauvre et facile déplacement tant le cinéma est effectivement une bourgeoisie diriez vous? Oui. Si ce n’est que ce déplacement permet à l’auteur de pouvoir aller plus loin que la pièce, d’apporter une vision du cinéma et de ses méandres.

Bonne idée donc, seulement, il faut déplorer que les discours sur le cinéma qui parsèment le film sont d’une lourdeur, d’un cliché étonnant. Là où on aurait pu s’attendre à une vraie reflexion sur le cinéma d’aujourd’hui dans la société d’aujourd’hui, on a droit qu’à un pseudo discours d’un papa du cinéma qui projette sur une jeune cinéaste d’aujourd’hui un discours datant de la Nouvelle Vague, c’est-à-dire de la fin des années 50.

De tous ces clichés, il y a une exception. Une fin qui s’ouvre dans un superbe abîme puisque les personnages de l’intrigue se retrouvent pour tourner l’adaptation de leur histoire. Cette fin n’est pas sans émotion, dotée en plus d’une belle mise en scène très aérienne. Malheureusement, elle est un peu trop longue et manque vite de tension. Si bien qu’on a l’impression finalement que le réalisateur se fait plaisir à rester encore un peu plus avec ses personnages avant de leur faire faire la révérence.

La petite Lili est un film maladroit et imparfait, mais possède de bien belles choses, une ambiance agréable, une très belle construction des personnages dans leurs intéractions et surtout des comédiens sublimes (Bernard Giraudeau et Jean-Pierre Mariel et Nicole Garcia en tête). Les dialogues sont également particulièrement aiguisés. Très efficace.

Pas un grand film mais un bon film d’un réalisateur qui est un grand professionnel.

A signaler pour finir une très belle lumière de Gérard de Battista…