Jamaïque, 1668. Morgan Adams (Geena Davis), jeune et ravissante pirate, a hérité du bateau de son père Harry le Noir (Harris Yulin), ainsi que du tiers d'une carte au trésor, les deux autres étant détenus par ses oncles, dont le terrible Dawg (Frank Langella), l'assassin de Harry. Morgan se lance à la recherche du trésor, aidée du séduisant voleur et menteur William Shaw (Matthew Modine).

En vogue dans les années 1940 et 1950, le film d'aventures maritimes disparaît du paysage hollywoodien après l'échec commercial des boucaniers en 1958. L'Italie prend la relève durant la première moitié des années 1960 mais le triomphe du « western spaghetti » détourne vite les spectateurs des films d'aventures à l'ancienne. Dans les années 1970-80-90, quelques long-métrages tentent de retrouver le souffle des films de pirates de la grande époque. Mais Le pirate des Caraïbes (1976), Pirate Movie (1982), Barbe d'or et les pirates (1983), Les pirates de l'île sauvage (1983), Pirates (1986) et L'île aux pirates (1995) sont tous des échecs commerciaux.

Avec des pertes estimées à 89 millions de dollars, L'île aux pirates constitue rien de moins que l'un des plus gros bides de l'histoire du cinéma. Cet échec engendrera la faillite de Carolco Pictures, société ayant produit certains des films américains les plus importants des années 1980-1990 tels que Rambo, Angel Heart, Total Recall, Terminator 2 ou encore Basic Instinct.

Une réévaluation de ce film très mal accueilli à sa sortie s'impose t-elle ? Oui et non.

L'idée sur laquelle repose L'île aux pirates est astucieuse : il s'agit de remettre ce genre démodé voire disparu qu'est le film de pirates au goût de jour des années 1990. A cet effet, la mise en scène est confiée au Suédois Renny Harlin, grand spécialiste du film d'action survitaminé comme en témoignent 58 minutes pour vivre ou Cliffhanger.

Au final, L'île aux pirates est une œuvre clivante qui a ses admirateurs et ses détracteurs. Constat logique car elle possède, à mon humble avis , de réelles qualités et d'incontestables défauts.

L'île aux pirates est indéniablement un sympathique film de pirates dans la meilleure tradition du genre où nous retrouvons tous les éléments que nous attendons : scènes d'abordages, duels au pistolet ou à l'épée, beaux bateaux voguant sur la mer pour atteindre une île au trésor… tout en s'adaptant au spectateur de 1995. L'action est omniprésente du début à la fin, et les fanatiques de ce type de spectacle sont susceptibles de ne pas s'ennuyer une seconde. Quelques cascades s'avèrent même impressionnantes. Les paysages thaïlandais et maltais apportent le dépaysement que l'on attend du genre. Les acteurs font très bien leur travail, notamment Geena Davis, boucanière énergique et séduisante à la fois, et Frank Langella qui campe un méchant parfaitement charismatique et élégant dans ses tenues noires. L'humour est omniprésent, à la manière de Pirates, mais avec davantage de panache que dans le film de Polanski.

Néanmoins, il faut reconnaître que L'île aux pirates en fait sans doute beaucoup trop pour s'avérer totalement convaincant. Renny Harlin n'a pas lésiné sur les effets pyrotechniques, les explosions dévastatrices, les situations invraisemblables, les plans d'une seconde dignes dignes d'un vidéoclip, les ralentis et les cadrages insolites, sur une musique tonitruante, que certains ont toutefois comparé aux partitions de Korngold. Jusqu'à en saouler le spectateur. Trois caméras, six scénaristes et des moyens colossaux ont été mis au service d'un scénario aussi mince que celui de Pirates. L'humour est très présent mais pas très fin, les répliques tombant trop souvent à plat. La plupart des personnages manquent eux aussi de finesse tandis que Matthew Modine est loin d'avoir le charisme d'un Errol Flynn malgré un physique idoine.

En somme, L'île aux pirates est loin d'être aussi catastrophique que ne l'indique son échec total au box-office.

Ce n'est pas le Indiana Jones du film de pirates, contrairement à Les pirates de l'île sauvage.

Ceci dit, le film de Renny Harlin est-il vraiment plus mauvais que Pirates des Caraïbes ? Cela reste à démontrer.

Je ne l'ai pas revu depuis un moment. A sa sortie en salle, j'avais bien aimé. J'avais même acheté le disque de la bande-originale.

Le temps passant, en le revoyant en DVD, j'avais fini par trouver tout ça un peu "bruyant". Mais bah…

… les plans d'une seconde dignes dignes d'un vidéoclip, les ralentis et les cadrages insolites, sur une musique tonitruante, que certains ont toutefois comparé aux partitions de Korngold. Jusqu'à en saouler le spectateur.

D'accord pour le bruit… et pour l'abus de ralenti (notamment sur la dégringolade – un peu ratée – dans l'échafaudage).