À mon goût, Remontons les Champs-Elysées est ce que Guitry
a fait de mieux dans ce qu'il appelle lui-même, en préalable, une fantaisie filmée. Je crois bien qu'il est l'inventeur et l'illustrateur le plus fameux de ce genre, qui a mêlé, pour le bonheur de millions de spectateurs éblouis la grande Histoire et l'anecdote.
Il se peut que Si Versailles m'était conté ait eu plus de spectateurs, et ait davantage marqué la mémoire immédiate ; mais c'est, à mes yeux en tout cas, un joyau un peu moins pur du genre, du fait des numéros d'acteurs célèbres, qui en sont certes un des charmes, mais qui détournent légèrement l'attention en la focalisant, à plusieurs reprises, sur le jeu de l'un ou la transformation étonnante de l'autre.
Mais si l'on aime, le festival est superbe et étonnant ! Après la Guerre, il me semble, et du fait des injustes mésaventures connues à la Libération, Guitry deviendra plus acide, plus grinçant, même, et ne retrouvera pas – ou ne cherchera plus – la désinvolture, la légèreté, l'insouciance qu'on perçoit ici.
Et aussi merveilles des mots, jonglerie étourdissante de chaque instant, traits d'esprit exquis (Louis XV commençant à se lasser de la Marquise de Pompadour, mais ne pouvant se résoudre à la délaisser : Il y était très attaché ; mais sentir qu'on est très attaché, c'est en somme s'apercevoir qu'on n'est pas libre.).
Amour profond de la France, enfin, amour de tous les siècles, au delà des régimes, qui sont passagers, qui correspondent à certains états d'âme du moment, et qui ne dissimulent en aucun cas la permanence du pays ; et c'est ainsi, d'ailleurs que se termine le film qui, je le rappelle, est de 1938, à un moment où l'on ne peut plus ignorer les nuages qui s'amoncellent : Il est trois mots qui nous mettront toujours d'accord, et ces trois mots, disons-le bien haut, ces trois mots sont Vive la France !
On nous dit que nos Rois dépensaient sans compter
Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ?
L'ami Azurlys, grand spécialiste de Si Versailles, s'il en est, se rappelait-il cette première source ?
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